La compétition fiscale n’est plus un sujet, ont répondu presque à l’unisson les représentants des partis, dont trois ministres, réunis pour notre table ronde sur la fiscalité, les finances publiques et la place financière, le mardi 27 juin.
C’est «heureux» parce que si notre question avait été posée du point de vue d’une entreprise lambda, les chiffres de éclairent la situation du Luxembourg d’un autre constat: en 2022, les Luxembourgeois ont payé huit jours de prélèvements obligatoires en plus par rapport à 2021, une dégradation qui est de très loin un record européen. Dix pays ont connu une baisse de ces prélèvements — en Allemagne, Danemark, Portugal, et Suède (+1 jour), en Autriche et Grèce (+3 jours), en Pologne (+4 jours), aux Pays-Bas (+5 jours), en Finlande (+9 jours) et Croatie (+10 jours) —; six pays sont stables (la Belgique, la Bulgarie, la France, la Hongrie, la Lituanie et la Roumanie) et huit pays ont connu un recul d’un jour (Chypre, Espagne, Irlande, Lettonie, Malte, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie).
Le jour de la libération sociale et fiscale des Luxembourgeois — des salariés au Luxembourg — tombait cette année le 10 juin… soit le même jour que la moyenne européenne. Cela signifie qu’à cette date, le célibataire sans enfant aura payé sa facture annuelle d’impôts. Plus la date est tôt dans l’année, moins ce salarié paie d’impôts. Autrement dit, un célibataire sans enfant n’a aucun intérêt particulier à venir travailler au Luxembourg pour des raisons fiscales, sinon de payer moins cher qu’en France (17 juillet), en Belgique (15 juillet) ou en Allemagne (5 juillet).
«En 2023, le taux réel d’imposition du salarié est de 44,1% dans l’UE à 27, en baisse de 0,1% par rapport à 2022 et de 1,5% par rapport au pic de 2014», explique l’Institut Molinari. «Concrètement, un salarié moyen générant 100 euros de revenus avant charges et impôts supporte 44,10 euros de prélèvements obligatoires en 2023. Il peut, in fine, disposer à sa guise de 55,90 euros de pouvoir d’achat réel. Ce qui représente 0,10 euro de plus qu’en 2022 et 1,50 euro de plus qu’en 2014.»
Salaires complets et disponibles nets de charges, d’impôt sur le revenu et de TVA (2023)
Contrairement à une idée répandue, le problème ne vient pas partout de l’impôt sur le revenu, mais des cotisations patronales et sociales, assure l’Institut. Par exemple, il faut à l’employeur français débourser 217 euros, dont 101 euros de cotisations patronales et salariales, pour que le salarié puisse toucher 100 euros de revenus.
Au Luxembourg, un employeur doit débourser 178 euros, dont 43 euros de cotisations patronales et salariales pour parvenir au même résultat. C’est quatre euros de moins que la moyenne européenne. Le Luxembourg est le cinquième pays à réclamer le plus d’impôts sur le revenu (30 des 178 euros pour que le salarié puisse toucher 100 euros).
La seule bonne nouvelle est qu’avec un salaire moyen annuel de ce célibataire sans enfant au Luxembourg de 77.555 euros — record européen —, le Luxembourg est aussi celui qui laisse la plus grosse part du gâteau à ce salarié, à 43.486 euros, soit 3.623 euros par mois si on calcule sur douze mois… Mais il faut déjà commencer par se loger…