Le P30 qui arrive sur le marché luxembourgeois est équipé d’un zoom X5 né du partenariat avec Leica. Disponible seulement dans la version Pro. (Photo: Huawei)

Le P30 qui arrive sur le marché luxembourgeois est équipé d’un zoom X5 né du partenariat avec Leica. Disponible seulement dans la version Pro. (Photo: Huawei)

Une semaine après l’avoir présenté à Paris, Huawei a annoncé ce mardi 2 avril lancer son P30 sur le marché luxembourgeois. Avec un objectif: voir ses parts de marché doubler en un an à 20%.

Ne dites pas à M. Yao que son objectif de prendre 20% des parts de marché au Luxembourg est trop ambitieux. Le directeur de Huawei pour la Belgique et le Luxembourg commencera par sourire poliment avant d’égrener les statistiques: à l’échelle mondiale, la marque chinoise a doublé Apple et lorgne sur le leader mondial, Samsung, pour 2020. Soit un objectif de vente de 250 millions de smartphones cette année, contre 206 millions l’an dernier.

Pour la première fois, le groupe a passé la barre des 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en croissance de 19,5% sur un an, pour 10,7 milliards de bénéfice.

Dans un marché saturé qui plafonne à 1,4 milliard de nouveaux appareils vendus chaque année, rêver de 20% est... moins ambitieux que l’an dernier, où Huawei était passé de 153,1 millions en 2017 à 206 millions l’an dernier, dans un cycle où le bouche-à-oreille vend mieux les progrès technologiques que le marketing. Pour réussir le pari, il faudra séduire de nouveaux clients et convaincre ceux des rivaux...

«Nous investissons 15% de notre chiffre d’affaires dans la recherche et le développement», dit-il, les mains posées sur les quatre smartphones qu’il a amenés pour la tournée de promotion du P30. Sur les 16 centres de recherche du groupe qui emploie 188.000 personnes, seuls quatre sont en Chine. 70% du business est réalisé à l’étranger, ce qui se traduit en Europe par 5.400 brevets, avec des pôles, comme Louvain spécialisé dans la puce électronique, tandis que Londres travaille davantage sur les réseaux.

Zoom X5, photos de nuit, couleurs

Et le P30, présenté à Paris la semaine dernière, a des arguments à faire valoir:

- à côté de son grand-angle (16mm, 20Mpx, f/2.2) et de son capteur principal (27mm, 40Mpx, f/1.6), le P30 Pro profite de son partenariat avec Leica pour intégrer un téléobjectif (125mm, 8Mpx, f/3.4);

- la technologie Super Sensing combine un capteur stabilisé Sony CMOS de 40 mégapixels avec un filtre de Bayer sur lequel la couleur verte est remplacée par du jaune, ce qui permet avec l’intelligence artificielle de faire des photos de nuit; 

- les couleurs «Nacre» et «Aurora» doivent répondre aux fashionistas de tout poil;

- la batterie se recharge à 70% en 30 minutes.

«Nous allons réécrire les règles de la photographie», assure M. Yao, déclinant la baseline du groupe. Son embarqué derrière l’écran, mais capable de bouger sur trois points pour assurer une écoute optimale, stabilisateur d’image pour ceux qui préfèrent la vidéo avec un système de reconnaissance des meilleures images, la version P30 Pro n’a pas à rougir.

Annoncé à 999 euros pour des clients déjà dotés de moyens significatifs, le P30 sera proposé en version normale à 749 euros et en lite à 369 euros pour les plus jeunes... mais sans le zoom X5 aux résultats étonnants.

5G, gestion des données, sujets qui fâchent

Une fois la promotion assurée, loin des keynotes du géant américain déjà derrière, il faut revenir sur les sujets qui fâchent une partie de la communauté internationale.

Comme la 5G. Le groupe, soupçonné d’espionnage au profit du gouvernement central chinois, est banni aux États-Unis ou en Australie, par exemple. «Alors, il faudrait aussi parler des 33 contrats privilégiés que nous avons signés pour le déploiement de la 5G, en Chine, bien sûr, mais aussi au Royaume-Uni ou dans d’autres pays européens... De quoi télécharger un film en une seconde. Nous vendons nos téléphones dans 170 pays et nous sommes à 100% compliant avec toutes les règles nationales ou géographiques. Notre volonté est de faire du business avec les mêmes règles que les autres.»

Et la gestion des données? «Les données européennes vont dans le cloud basé à Dublin. Pour l’instant. Parce que l’accroissement des données va probablement nous amener à de nouveaux centres de données en Europe, en Allemagne ou ailleurs», explique le directeur de Huawei. 

Et l’avenir, pas extensible à l’infini sur un smartphone? Comme son concurrent, Huawei sortira sa version pliable, probablement cet été. «Nous travaillons aussi à intégrer la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Mais surtout à favoriser le développement d’un écosystème avec nos ordinateurs, des systèmes liés à la voiture ou des bases de réseaux de wifi.»

L’ambition chinoise sera portée par la technologie. Encore et encore.