Soupçonné par les Américains de renseigner le gouvernement chinois, Huawei fait face à la méfiance des Européens au moment où ils lancent la 5G. (Photo: Shutterstock)

Soupçonné par les Américains de renseigner le gouvernement chinois, Huawei fait face à la méfiance des Européens au moment où ils lancent la 5G. (Photo: Shutterstock)

Le gouvernement n’a pas encore tranché sur le cas Huawei: le géant chinois est-il un fournisseur comme les autres à l’heure où le Luxembourg s’apprête à lancer la 5G?

«La concertation est actuellement en cours. À ce jour, aucune décision n’a été prise.» En charge des communications, le Premier ministre  (DP) n’a non seulement pas décidé mais n’a montré aucune orientation quant à la place que Huawei pourra occuper dans le déploiement de la 5G au Luxembourg.

À l’inverse, ses grands voisins européens – français, allemand ou britannique –, se dirigent vers une ouverture prudente. Une semaine après l’annonce par Huawei de l’ouverture d’un centre de recherche à 200 millions d’euros pour 500 emplois en France (en Alsace?), le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a déclaré mercredi que «personne, et certainement pas moi, ne cède à quelque chantage que ce soit. Il y a une position très claire qui a été prise sur la 5G: nous ne faisons pas de discrimination vis-à-vis d’une entreprise en particulier, qu’elle soit chinoise ou américaine. Mais nous veillons simplement à nos intérêts de sécurité et à nos intérêts stratégiques.»

Bouygues et SFR, qui utilisaient déjà du matériel Huawei pour la 4G, ont annoncé qu’ils iraient devant la justice en cas de bannissement du Chinois. Ils ont déposé des demandes auprès de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), qui a commencé à délivrer ses autorisations pour huit ans. À l’inverse, Orange a annoncé fin janvier qu’elle avait signé des contrats avec Ericsson et Free avec Nokia.

Le 20 février, dans une crise de testostérone, Ericsson a annoncé 81 contrats et Huawei aussitôt 97… dont 47 en Europe.

«Indépendamment» du premier point, «il faut noter que le choix du fournisseur relève en premier lieu de l’opérateur du réseau. Au niveau de la 4G, Huawei fait partie des fournisseurs dont les antennes sont utilisées au Luxembourg», explique le Premier ministre dans son mail à Paperjam.

Du côté des principaux opérateurs, personne ne concède utiliser «du Huawei» pour la 5G. Dans les communications des trois principaux opérateurs à l’occasion de la conférence internationale sur la 5G organisée par le Service des médias et des communications et Digital Luxembourg en décembre, Orange avait annoncé travailler avec Ericsson et Proximus, et Tango avec Ericsson et Nokia.

Huawei est accusée par le gouvernement américain d’avoir ménagé des «backdoors» dans ses systèmes d’exploitation pour renseigner le gouvernement chinois sur l’utilisation de son matériel en Europe et aux États-Unis. L’administration de Donald Trump et l’entreprise chinoise se livrent à une guerre de communication, la première cherchant à durcir les règles commerciales pour Huawei, la seconde répondant, par exemple, dans un et par des opérations de relations publiques.