Un millier de nouvelles chambres sont supposées arriver sur le marché dans les prochaines années. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Un millier de nouvelles chambres sont supposées arriver sur le marché dans les prochaines années. (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Les nouveaux projets hôteliers se profilent à l’horizon alors que le secteur est durement touché par la crise sanitaire: le taux d’occupation a été divisé par trois au Grand-Duché.

Alors que juillet sera marqué par l’g avec 145 chambres, le secteur hôtelier évolue pour l’heure en eaux troubles tant le coronavirus laisse place à l’incertitude.

Avant le confinement, le taux d’occupation moyen oscillait autour de 75% au Luxembourg, tandis qu’il flirte aujourd’hui autour des 25%, selon le secrétaire général de la Fédération Horesca, . «Ce lockdown a été une catastrophe, commercialement parlant. L’hôtellerie mettra selon moi entre 18 mois et 3 ans pour récupérer», estime-t-il.

Le renforcement des capacités attendu

Le Luxembourg compte actuellement 219 établissements et 7.389 chambres, soit 105 adresses de moins qu’au début du siècle et 364 chambres de moins selon les chiffres du Statec. Mais en se concentrant uniquement sur les hôtels, ces dernières années ont été marquées par la disparition de petites structures familiales luxembourgeoises, souligne , managing director d’Inowai. «On a perdu 1.200 chambres entre 2011 et 2018», estime-t-il.

Voilà pourquoi le renforcement des capacités qui se profile à l’horizon est attendu. Au total, le pipeline contiendrait un millier de chambres. Outre le , le Kirchberg devrait accueillir un hôtel de 12.200m² au tandis qu’au boulevard Marie-Thérèse, la devrait être aménagée en un établissement cinq étoiles d’ici deux ans. Soulignons aussi les projets de l’ancien Mercure Alfa à la gare repris par , l’ancien de Neudorf en voie de transformation sous l’enseigne Mercure, le projet à la Cloche d’Or et celui 200 chambres inclus dans le . Hors de la capitale, des projets sont annoncés à , , et Wiltz.

Mais une fois cette nouvelle offre sortie de terre, la demande sera-t-elle au rendez-vous? «Avec le Covid-19, la question du comportement futur des nuitées business se pose. Avec les réunions en visioconférence, les déplacements pour des conférences et réunions entre collègues vers un bureau étranger vont sans doute fortement être réduits», estime Vincent Bechet. Celui-ci pointe la volonté affichée du Luxembourg de se positionner comme hub en matière de conférences et de symposiums. «Il y a une place à prendre dans cette activité, mais pour ce faire, il faut s’équiper avec des hôtels et des centres de congrès pour accueillir de grands évènements».

Du côté du tourisme de loisirs, c’est surtout le week-end que les affaires tournent, mais qu’en est-il dans le monde de l’après-confinement? Certains parient sur un tourisme de proximité, comme en témoigne l’initiative du gouvernement visant à distribuer un . Mais à la vue des données sur l’année 2019, le marché luxembourgeois semble déjà ancré sur le segment du tourisme de proximité. Plus de la moitié des arrivées dans les hôtels et auberges du pays proviennent de Belgique, de France, d’Allemagne et des Pays-Bas.

Une question de masse critique

Et puis se pose la question de l’adéquation de l’offre et de la demande. «La catégorie la plus recherchée aujourd’hui, ce sont toujours les 3 et 4 étoiles ainsi que les 4 étoiles supérieurs», explique François Koepp. Les adresses 5 étoiles sont également bien fréquentées, mais «si on avait dix hôtels 5 étoiles, on aurait une guerre des prix qui ne mènerait à rien», prévient-il. Selon ses calculs, ouvrir un hôtel cinq étoiles requiert un investissement de minimum 200 millions d’euros. «Les hôteliers ont tendance à répondre qu’on n’a pas la masse critique», souligne-t-il.

Même constat pour Vincent Bechet qui a collaboré au projet – avorté depuis lors – de réhabilitation de l’ancien en un projet mixte mêlant bureaux et hôtel 5 étoiles signé de l’architecte Vincent Callebaut. «On nous avait demandé à l’époque une étude de faisabilité hôtelière et on avait conclu que ce n’était pas la bonne piste à suivre, parce qu’on n’atteint pas la taille critique du nombre de chambres», pointe-t-il.

Le marché hôtelier est peut-être complexe, mais il suscite en tout cas un certain intérêt. «En 2019 s’est faite la plus grosse transaction immobilière de l’histoire du Luxembourg en volume de m² avec un millier de chambres d’hôtel et deux immeubles de bureaux achetés par . C’est énorme et cela montre que c’est un secteur où il y a des moyens, mais avec des vues à très long terme», démontre Vincent Bechet.