Pour l’instant, le ministère du Travail ne prévoit rien sur une prise en charge des congés payés pour les entreprises touchées par la crise.  (Photo: Shutterstock)

Pour l’instant, le ministère du Travail ne prévoit rien sur une prise en charge des congés payés pour les entreprises touchées par la crise.  (Photo: Shutterstock)

Les entreprises les plus touchées par la crise se retrouvent aussi obligées de payer les congés de leurs salariés en chômage partiel, alors que les rentrées sont quasi nulles. Si, en France, l’État prévoit le remboursement de 10 jours par salarié, rien n’a été envisagé dans ce sens au Luxembourg.

La fin d’année approche et tout le monde n’a pas encore épuisé ou programmé tous ses congés. Dans certains cas, on peut encore les prendre jusqu’au 31 mars de l’année suivante, notamment quand le salarié n’a pas pu en disposer en raison des besoins du service ou des souhaits justifiés d’autres salariés. Des accords au sein de certaines entreprises permettent aussi, parfois, un report à plus long terme. Mais rien ne dit que la crise sera terminée le 31 mars ou en décembre 2021.

Le casse-tête se pose alors pour les entreprises les plus touchées par la pandémie, dont les salariés sont encore en chômage partiel. Car il est convenu dans ce cadre que ces derniers peuvent être sollicités à tout moment. S’ils veulent partir en vacances, ils doivent donc bien poser leurs congés, malgré le chômage partiel.

Le ministère du Travail avait d’ailleurs demandé, au début de la crise et du confinement en mars, aux entreprises d’écouler les congés restants de 2019 avant de mettre leurs employés au chômage partiel. Ce sont donc ceux de l’année en cours qui posent aujourd’hui problème. Parce que le chômage partiel est pris en charge par l’État, mais c’est aux entreprises de rémunérer leurs salariés en congé, malgré le peu de revenus en cette période particulière…

En France, prise en charge sous certaines conditions

La situation n’est bien sûr pas propre au Luxembourg: en France, le gouvernement vient de décider de prendre en charge 10 jours de congé payés pour les entreprises issues des secteurs les plus touchés, sous certaines conditions, comme une baisse de 90% du chiffre d’affaires. Une mesure qui en ferait rêver plus d’un au Luxembourg…

«C’est quelque chose qui pourrait nous aider», témoigne Xavier Goetschy, gérant de la Brasserie Beaulieu, qui emploie huit salariés. Tous sont au chômage partiel et la plupart ont encore 10 à 15 jours de congé à poser avant le 31 mars 2021. Conséquence, «en janvier, on risque d’avoir au moins 15 jours sans chômage partiel», s’inquiète-t-il. Alors que les revenus ne sont pas au beau fixe depuis la seconde fermeture des restaurants. «On fait le take-away, mais ce sont trois plats le midi et trois plats le soir.» Alors qu’un salarié en congé, lui, coûte en moyenne 140 euros par jour. «Si on multiplie par 10 jours et par huit salariés, on arrive à plus de 11.000 euros de charges. C’est énorme.»

Hôtel Cravat: les congés coûtent 60.000 euros par an

Une aide telle que celle annoncée en France serait la bienvenue, surtout que «», se plaint-il. Il ne croit pas non plus en une réouverture le 15 décembre. La demande de congés risquerait aussi d’arriver en même temps que la reprise. Or, «c’est là qu’on va le plus avoir besoin du personnel».

Carlo Cravat, le gérant de l’hôtel Cravat, partage son avis: une prise en charge des congés par l’État lui apporterait une vraie bouffée d’air frais. Huit de ses 24 salariés sont en chômage partiel et peuvent encore poser leurs congés restants jusqu’en mars 2021. Où la situation devrait être encore tendue. «Nous ne pensons pas que nous allons pouvoir retravailler avant», prévoit-il. «Même s’il y a un vaccin, le temps que les gens reprennent confiance, que les entreprises organisent des voyages d’affaires… ce ne sera pas avant septembre 2021.» Il calcule qu’entre le salaire et les charges patronales, les congés lui coûtent environ 60.000 euros par an.

L’Horesca prépare ses revendications

La fédération des hôtels et restaurants du pays, l’Horesca, entend ces difficultés. «Pour moi, ce qui a été mis en place en France est une bonne initiative», commente , son secrétaire général. «Cela va bientôt faire trois mois de fermeture en comptant le confinement de mars, soit 6,5 jours de congé à payer (chaque salarié cumule environ 2,167 jours par mois). C’est une charge financière pour les entreprises, c’est clair.» Après avoir analysé la mesure avec son conseil d’administration, la fédération prévoit donc d’en faire la demande auprès du ministre des Classes moyennes, (DP).

L’événementiel fait également partie des secteurs les plus touchés par la crise. De son côté, la Luxembourg Event Association (LEA) reste «en stand-by», selon son président, Charles Schroeder. «Nous attendons d’abord le texte de loi des nouvelles aides.»

Côté tourisme, Luxair a décidé de laisser plus de flexibilité à ses salariés. Au lieu de mars, ils ont jusqu’à fin 2021 pour les reporter, exceptionnellement cette année. En octobre, 33% des salariés étaient encore en chômage partiel, 7,6% en équivalents temps plein.

Une prise en charge des congés payés est-elle envisagée au Luxembourg? Interrogé à ce sujet, le ministère du Travail nous a simplement répondu «Non». Reste à savoir si les négociations que souhaite engager François Koepp seront plus fructueuses.