Un vent de calme régnait, vendredi 16 octobre, dans l’immense hall de Luxexpo, à quelques jours de la fin du salon du logement Home Expo.
De la place dans les allées et des stands presque vides, comme celui de l’entreprise de rénovation Renocon. Installée derrière son comptoir, Iris Heitmann, secrétaire, tente de capter l’attention des quelques visiteurs. Elle estime qu’il manque plus de la moitié des visiteurs par rapport à l’an dernier. «D’habitude, les gens se promènent, veulent des informations, mais n’ont pas de projets dans l’immédiat. Cette année, ils ont de vraies questions, ils cherchent quelque chose», relativise-t-elle. Elle ne regrette pas d’être venue: «Je pense qu’il faut se montrer.» Pourtant, l’entreprise n’en a pas forcément besoin. «Après le confinement, nous avons dû engager cinq à six personnes en plus pour répondre à la demande», témoigne-t-elle. «Les gens qui ne sont pas partis en vacances dépensent leur argent dans leur maison.»
Des envies d’extérieur
À quelques mètres de là, Mickaël Potrich s’«ennuie». Il gère la société RP Lux Design, spécialisée dans les travaux d’aménagement intérieur et extérieur. «C’est long.» Il aurait préféré une version réduite du salon, uniquement sur le week-end, par exemple. Ici aussi, «quand on a quelqu’un, il sait ce qu’il veut». Et hors salon, «depuis la sortie du confinement, c’est la folie». Les ventes ont augmenté de «facilement 50%», surtout pour les terrasses. «On commence à en programmer pour mars/avril prochain.»
«C’est très calme», confirme Paul Pirette, conseiller immobilier pour l’agence Laforêt. Il constate toujours plus d’acheteurs, mais de moins en moins de vendeurs. «Tous veulent un extérieur depuis le confinement, cela revient dans toutes les recherches.»
On veut acheter ou faire construire, comme Tony et Michaël, qui déambulent entre les maquettes sur le stand de l’entreprise de construction Félix Giorgetti. «Je cherche des constructeurs et des banques», explique Tony. Il se projette dans une future maison à Cessange.
L’ameublement aussi, bénéficie de la crise «Après avoir passé le confinement avec un canapé pourri, on a envie d’un bon canapé», sourit Déborah, vendeuse chez Tousalon. «On a déjà fait les chiffres du mois le 15». Pourtant, elle aussi s’ennuie sur son stand au parfum de cuir.
Nous avons démontré ce que le secteur de l’événementiel peut faire.
23.031 visiteurs
, CEO de Luxexpo The Box, confirme la tendance: «Nous n’avons plus de promeneurs. Les gens viennent avec des projets. Après avoir été confinés, ils connaissent leur chambre ou leur cuisine par cœur.» Cette année, le salon a attiré 23.031 personnes sur neuf jours. Soit les deux tiers de l’an dernier, où ils étaient 36.600. «Le monde d’après-Covid ne peut pas être comparé au monde d’avant-Covid», insiste-t-il. «Les objectifs qu’on se fixe maintenant ne sont plus les mêmes qu’avant.» Et il estime que celui de cette édition a été relevé: «garantir une sécurité sanitaire sans aucun compromis sur le confort». Cela a un coût: entre 150.000 et 200.000 euros pour tous les équipements de protection individuelle, le staff supplémentaire ou les installations telles que des capteurs pour calculer le nombre de personnes dans chaque hall. Ou encore des écrans pour rediffuser les 15 conférences qui habituellement réunissaient 300 personnes dans une même salle. Sans compter le manque à gagner, avec 30% de stands en moins pour garder les distances, soit 140 en tout, et une remise de 50% à chaque exposant.
«Nous avons démontré ce que le secteur de l’événementiel peut faire», se félicite Morgan Gromy. Home Expo était le septième événement organisé par Luxexpo The Box depuis la pandémie. Globalement, tous ont été couronnés de succès, certains ayant même mieux marché cette année que la précédente, comme le salon du sneaker, ou celui de l’art contemporain international art3f. «Ce sont des signes forts sur l’état dans lequel se trouve la société. Elle veut sortir, on doit lui donner la possibilité de le faire en toute sécurité.»