Les nouvelles révélations sur Orpea ont entraîné une chute de 19% de sa valeur à la Bourse de Paris. (Photo: Shutterstock)

Les nouvelles révélations sur Orpea ont entraîné une chute de 19% de sa valeur à la Bourse de Paris. (Photo: Shutterstock)

Leader mondial de l’accueil des personnes âgées Orpea, qui nourrit un projet à Merl, est visé par de nouvelles réactions sur son fonctionnement. Une holding luxembourgeoise aurait pu servir à détourner de l’argent. L’action du groupe a plongé immédiatement de 19% à la Bourse de Paris.

Orpea, premier acteur au monde dans le domaine de l’accueil des personnes âgées, ne voit , du journaliste Victor Castanet. 

Cette fois, c’est Investigate Europe, dont le travail a été notamment relayé par Mediapart, qui met en avant de nouvelles pratiques douteuses au niveau financier. Selon le consortium de journalistes, une holding luxembourgeoise, Lipany, aurait accumulé 92 millions d’actifs, surtout «des parts dans de nombreux Ehpad et cliniques gérés par Orpea», en France et dans trois autres pays européens, et «mené des opérations financières douteuses». À sa tête se trouverait l’ancien dirigeant d’Orpea Italie. 


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Cette holding, aux nombreuses ramifications internationales, n’aurait jamais fait de bénéficie et distribué aucun dividende. Ses activités seraient «entièrement par la dette» pour le moins «opaques». À tel point qu’Orpea soupçonne elle-même que cela ait pu servir à détourner de l’argent. 

Orpea n’a pas souhaité faire de commentaire officiel, soulignant que des investigations judiciaires sont en cours et que plainte contre X avait été déposée pour abus de biens sociaux. Mais aussi que des audits internes étaient en cours et que plusieurs personnes avaient été licenciées. Parmi ces dernières Sébastien Mesnard, son ancien directeur financier, qui était selon Mediapart très proche de Lipany.

Une intrigante centrale d’achat en Suisse

Ce jeudi matin, c’est France Info qui y va de ses révélations. Sa cellule investigation s’est intéressé de près à Kaufrog, la centrale d’achat du groupe Orpea, installée en Suisse et qui fournit notamment près de 400 établissements en France.

Le salaire des cadres de Kaufrog a interpellé. Notamment ceux de trois directeurs français, salariés d’Orpea France, mais ayant aussi un contrat à tiers-temps auprès de Kaufrog. Ils pouvaient percevoir des salaires, avec le bonus, qui étaient susceptibles d’atteindre les 400.000 euros bruts.  «Si on cumule les salaires annuels de ces trois cadres, on arrive à 211.000 journées repas. Pour un Ehpad de 80 pensionnaires, cela correspond à près de sept ans de budget de nourriture», s’indigne un ancien directeur d’Orpea auprès de France Info. Outre leur salaire se pose aussi la question de la réalité du travail de ces cadres, très peu vus en Suisse, selon des salariés.

Enfin, des questions se posent quant à des prestations de service de Kaufrog auprès de fournisseurs. Des prestations – référencement, enquête de satisfaction, etc. – très rémunératrices, mais une nouvelle fois très opaques. 

Sollicité par France Info, Philippe Charrier, nouveau CEO du groupe Orpea, a laissé entendre que le nettoyage des écuries d’Augias était en cours: «Il est de notre devoir de faire toute la lumière sur les accusations portées contre le groupe. C’est ce que nous faisons depuis quatre mois à travers des enquêtes et audits extrêmement poussés. Dans ce cadre, plusieurs canaux d’information nous ont permis de déceler des faits potentiellement délictueux, qui mettent en cause des comportements individuels.»