Seuls huit jours avec un sol couvert de neige ont été enregistrés durant l’hiver 2021-2022 par Meteolux, ce qui est «nettement en dessous de la moyenne à long terme 1991-2020» (21 jours), et encore davantage de la moyenne 1981-2010 (23 jours). (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)

Seuls huit jours avec un sol couvert de neige ont été enregistrés durant l’hiver 2021-2022 par Meteolux, ce qui est «nettement en dessous de la moyenne à long terme 1991-2020» (21 jours), et encore davantage de la moyenne 1981-2010 (23 jours). (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)

Le dérèglement climatique peut paraître moins manifeste en hiver que durant l’été, lors duquel se succèdent des épisodes marquants de canicule et de sécheresse. Mais la hausse des températures est pourtant très forte, tout comme le recul de la neige ou l’intensification des précipitations.

«On observe le changement climatique pendant toutes les saisons», rappelle Andrew Ferrone, chef du service météorologique de l’administration des services techniques de l’agriculture (Asta).

De fait, dans nos régions, le dérèglement climatique peut sembler plus manifeste durant l’été – l’été 2022 a ainsi été marqué par des à répétition et «En été, on le remarque plus parce que, lorsque les températures sont élevées, on entre généralement en période de canicule et les humains en ressentent plus les conséquences», explique Andrew Ferrone.

Pour autant, les autres saisons sont tout autant impactées, et l’hiver ne fait pas exception. Avec des températures très clémentes, l’hiver en cours en est une illustration. Meteolux a ainsi enregistré une température maximale journalière de 15,7°C le 31 décembre dernier, un «nouveau record de température maximale absolue pour un mois de décembre depuis 1947», surpassant celui du 17 décembre 2019 (14,7°C).

De manière plus générale, les températures ont augmenté, en moyenne sur une année, de 1,5°C au Luxembourg depuis l’ère préindustrielle. Une évolution qui se constate sur chaque saison, en particulier en hiver et au printemps (+2°C de hausse entre les périodes 1861-1890 et 1991-2020).

Recul de la neige

Une des conséquences directes de la hausse des températures en hiver est, sans surprise, le recul de la neige au Luxembourg. «Nous avons moins de journées avec de la neige, c’est très clair», constate Andrew Ferrone. De fait, selon Meteolux, seulement huit jours avec un sol couvert de neige ont été enregistrés durant l’hiver 2021-2022, ce qui est «nettement en dessous de la moyenne à long terme 1991-2020» (21 jours), et encore davantage de la moyenne 1981-2010 (23 jours).

Sur une année entière, seules deux années (2013 et 2021) ont connu un nombre de jours avec neige supérieur à la normale calculée sur la période 1981-2010, qui était de 33,5 jours. Une normale qui a d’ailleurs diminué depuis, la moyenne pour la période 1991-2020 étant de 29,4 jours.

Plus de pluies intenses

Un autre symptôme du dérèglement climatique est la hausse de la pluviométrie durant l’hiver. «Sur l’hiver, les précipitations ont augmenté de 20 litres par mètre carré en moyenne sur les 60 dernières années», précise Andrew Ferrone. Mais, en parallèle, une baisse des quantités de pluie a lieu au printemps. «Pour le dire simplement, cela se déplace du printemps à l’hiver», constate Andrew Ferrone.

Mais cette hausse de la pluviométrie en hiver se caractérise par une augmentation du nombre de jours avec des précipitations intenses. Conséquences: saturation des sols, ruissellement, hausse du niveau des fleuves et in fine risque d’inondations plus élevé. «En décembre, le seuil d’alerte a été atteint», rappelle ainsi Andrew Ferrone.

Sécheresse à la hausse

À ces périodes de fortes pluies succèdent des phases avec pas ou peu de précipitations. «Or, comme les températures sont plus hautes, cela signifie plus d’évapotranspiration (évaporation des sols et transpiration des plantes, ndlr). Par conséquent, les sols s’assèchent plus rapidement que par le passé», remarque Andrew Ferrone.

La sécheresse, qui est d’ailleurs davantage provoquée par la hausse des températures que par le changement de la pluviométrie, est ainsi en hausse tout au long de l’année, selon l’indice de sécheresse développé par l’Asta. Sur la période 1961-1990, deux mois seulement (juin et juillet) étaient considérés comme connaissant des sécheresses régulières. À l’inverse, sur la période 1991-2020, seuls deux mois (janvier et février) ne connaissent pas de sécheresses régulières – même si l’indice de sécheresse s’est tout de même aggravé pour ceux-ci. «C’est une augmentation très forte», commente Andrew Ferrone.

Chaque saison participe donc à un dérèglement climatique généralisé. 2022 en a été un exemple, avec soutenu à chaque étape de l’année: certes un été «le deuxième plus chaud jamais observé» selon Meteolux, mais aussi un hiver 2021-2022 «très doux», un printemps «caractérisé par une relative douceur» et que la normale».