Il est souvent présenté comme «l’héritier des Del Vecchio». Leonardo Maria Del Vecchio aurait été mis en examen, a annoncé samedi le procureur du tribunal antimafia de Milan, Giovanni Melillo, en compagnie de nombreuses autres personnes. Les juges s’intéressent à un trafic présumé d’informations privées acquises illégalement via une société italienne, informations provenant de bases de données stratégiques comme celle des autorités fiscales.
Leonardo Maria Del Vecchio aurait ainsi espionné quatre de ses frères dans le contexte de la succession après le décès de son père, le 27 juin 2022, sa fiancée et le directeur de son family office, LMDV, Marco Talarico, avec lequel il a investi 250 millions d’euros en 18 mois dans 40 entreprises.
Le directeur de la stratégie «Leonardo Maria fait un excellent travail dans son rôle chez EssilorLuxottica et il a tout notre soutien dans cette période difficile», a déclaré l’entreprise au Financial Times. Son avocate, Maria Emanuela Mascalchi, l’a décrit comme une victime plutôt qu’un coupable. M. Del Vecchio «attend avec impatience la fin des enquêtes préliminaires pour pouvoir prouver qu’il n’a rien à voir avec les événements en question et que les accusations portées contre lui n’ont aucun fondement», a-t-elle déclaré au Times.
Au décès du fondateur du groupe italien, dont la holding, Delfin, est basée au Luxembourg, cinq des six fils du fondateur ont chacun obtenu 3,28 millions de parts et des droits équivalents et Nicoletta Zampilio, la mère de quatre de ses enfants qu’il a épousée deux fois, a eu le double. Le fils de Paola Bulgari, avec qui l’entrepreneur était marié, Basilo Rocco, qui occupe un rôle important au sein de Luxottica et d’EssilorLuxottica, notamment dans le développement stratégique et les initiatives numériques, a obtenu la même part que chaque fils. Seul Claudio Del Vecchio, né d’un premier mariage, mais surtout très loin du groupe, a été écarté de cette structure – mais pas de la transmission du patrimoine.
Delfin, la tête de pont des Del Vecchio et actionnaire de Luxair
Delfin, qui détient également des actions dans les institutions financières Generali, Mediobanca et UniCredit, est aussi un des actionnaires de Luxair (un peu plus de 13%).
À 25 ans, en 1961, Leonardo Del Vecchio père avait fondé Luxottica dans la petite ville d’Agordo, dans la région de Belluno, spécialisée à l’époque dans les montures de lunettes. Del Vecchio a l’intuition qu’il pouvait transformer une simple fabrique de montures en une marque intégrée qui contrôlerait toute la chaîne de production et de distribution. En 1971, il lance la première collection de lunettes sous la marque Luxottica, marquant le début de sa vision intégrée, où la production, la distribution et le design se retrouvent sous un même toit. Au fil des années, il acquiert des marques iconiques comme Ray-Ban, Persol et Oakley, ainsi que des licences prestigieuses (Chanel, Prada, Burberry, etc.). Il étend également son emprise sur le secteur de la distribution avec l’achat de chaînes telles que Sunglass Hut et LensCrafters. En 2018, Luxottica fusionne avec le géant français Essilor, créant ainsi EssilorLuxottica, un colosse mondial de l’optique.
EssilorLuxottica a récemment rapporté de solides résultats financiers pour le troisième trimestre 2024, avec un chiffre d’affaires consolidé atteignant 6,4 milliards d’euros, soit une augmentation de 4% par rapport à l’année précédente. Sur le plan de l’innovation, EssilorLuxottica a lancé plusieurs nouveaux produits, comme les lunettes Ray-Ban Meta en partenariat avec Meta (anciennement Facebook), qui combinent technologie et style, partenariat prolongé jusqu’en 2030, et les verres de myopie Stellest en Chine, qui ont connu une hausse de 40% de leur demande. Le groupe a également élargi ses partenariats en acquérant de nouvelles entreprises et en renouvelant des licences avec des marques de luxe, telles que Michael Kors et Dolce & Gabbana.