Le ministre du Logement, Henri Kox (déi Gréng), était interrogé par l’économiste de la Fondation Idea Michel-Edouard Ruben à la Chambre de commerce, ce mercredi 6 juillet. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le ministre du Logement, Henri Kox (déi Gréng), était interrogé par l’économiste de la Fondation Idea Michel-Edouard Ruben à la Chambre de commerce, ce mercredi 6 juillet. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Lors d’une matinale organisée par la Fondation Idea ce mercredi 6 juillet, Henri Kox a été bousculé par l’économiste Michel-Edouard Ruben, mais le ministre du Logement s’est plusieurs fois défendu de ne pas être responsable de toutes les problématiques du sujet.

«Mon objectif, lors de cette conférence, était de mettre le ministre en difficulté, mais aussi de bien faire comprendre à la salle que son métier est difficile. J’ai posé mes questions et il a fait ses réponses», commente l’économiste Michel-Edouard Ruben à l’issue du débat organisé par la Fondation Idea qu’il a animé ce mercredi 6 juillet à la Chambre de commerce, en présence du ministre du Logement,  (déi Gréng).

L’économiste de la Fondation Idea, bien connu pour son franc-parler, a bousculé le ministre en l’interrogeant notamment sur les notions de logement abordable et de logement «inabordable», sur la forte hausse du prix au mètre carré dans l’immobilier ancien depuis qu’Henri Kox est ministre du Logement, et sur le taux de 1,6% de logements abordables actuellement présents sur le territoire. Mais Henri Kox n’a pas toujours répondu directement aux questions posées.

Instituer un deuxième marché

«Je suis le ministre du Logement abordable», a-t-il plusieurs fois insisté. «Mon objectif est que tout le monde ait un toit au-dessus de la tête.» Henri Kox a donc affirmé qu’il travaillait particulièrement pour les 30% de résidents qui sont actuellement locataires. «On s’est penché sur le revenu disponible des gens pour vivre dignement, on va inscrire dans la Constitution le droit au logement digne. Mon but est que chacun ait encore de l’argent pour vivre correctement après avoir payé son loyer. Certains dépensent 45%, voire 50% de leurs revenus dans leur loyer, et il y a même 20.000 ménages qui dépensent plus de 50% pour le logement. Le risque de pauvreté est de 17,5% dans notre pays, la charge financière est préoccupante pour les ménages.»

Henri Kox a également convenu que les lois le contraignaient pour exercer sa politique et qu’il ne pouvait pas porter toutes les responsabilités. «Je ne peux pas agir sur tout, ce n’est pas mon ministère qui décide en permanence. D’autres ministères interviennent, et les communes également. Mais nous sommes en train de réaliser de nouvelles lois, comme l’article 29 bis du Pacte logement, qui assure la création d’un nombre plus élevé de logements abordables dans chaque plan d’aménagement particulier, ou la loi sur l’aide à la pierre qui remplace la loi de 1979. Cela fait donc 40 ans que les choses n’ont pas bougé.»

Lors de son introduction, le président de la Fondation Idea, , a estimé de son côté qu’«un des problèmes sur le sujet du logement est qu’il ne faut pas forcément trouver des fautifs, mais plutôt se concentrer sur les solutions. Il ne faut pas penser le marché du logement comme un marché unique. 70% des résidents sont propriétaires. Il faut essayer d’instituer un deuxième marché, qui est un marché où il y a des possibilités avec des loyers plus intéressants, pour essayer de rendre ce marché attractif pour ceux qui n’ont pas accès au premier marché. Il n’y a pas que de méchants spéculateurs.» Un constat partagé par Henri Kox, qui a donc confirmé que sa priorité était ce second marché.

La problématique de la loi sur le bail à usage d’habitation

Le ministre a également été interrogé sur la loi du 21 septembre 2006 sur le bail à usage d’habitation, qui prévoit entre autres que «la location d’un logement à usage d’habitation ne peut rapporter au bailleur un revenu annuel dépassant un taux de 5% du capital investi dans le logement». «Disposez-vous de statistiques ou d’analyses qui permettent de conclure au phénomène de loyers excessifs?», a ainsi questionné Michel-Edouard Ruben, prenant . «La loi que l’on a n’est pas réaliste et applicable actuellement. L’article dit que l’amortissement qu’on fait ne peut pas aller au-delà de 5%, mais cette formule doit être inscrite sur le loyer, et le locataire doit pouvoir demander comment est calculé celui-ci», a répondu Henri Kox, qui a donc, à demi-mot, confirmé ne pas disposer de chiffres qui permettent de conclure au phénomène de loyers excessifs, et que la loi n’était pas appliquée.

Durant les quasi-deux heures de débat, tous les sujets n’ont bien sûr pas pu être abordés, tant le thème du logement au Luxembourg est complexe et transversal. «Je regrette notamment que l’on n’ait pas pu développer une question sur les baux emphytéotiques», concède Michel-Edouard Ruben. «Car c’est un vrai sujet au Luxembourg, ce système offre tous les désavantages du propriétaire et tous les désavantages du locataire aux particuliers qui ont le logement. Pourquoi n’est-ce pas l’État ou un bailleur qui sont les emphytéotes et les particuliers des simples locataires avec des loyers abordables?» Des sujets qui resteront donc à développer pour de prochains débats.