Yves Nosbusch constate une baisse de la demande de crédit.  (Photo: Anthony Dehez/Archives)

Yves Nosbusch constate une baisse de la demande de crédit.  (Photo: Anthony Dehez/Archives)

Pour Yves Nosbusch, l’efficacité et la crédibilité des politiques monétaires ne sont actuellement pas remises en cause, ce qui permet de penser que l’on évitera de tomber dans une spirale inflationniste. Mais la hausse des taux commence à peser sur le marché immobilier.

Pour , membre du comité exécutif et chief economist chez BGL BNP Paribas, on s’achemine dans la zone euro vers «une récession de petite ampleur, une diminution significative de l’inflation totale dès 2023 ainsi qu’une diminution progressive de l’inflation sous-jacente». Il fait siens les chiffres de la BCE qui table sur un retour de l’inflation à des niveaux proches de sa cible de 2% d’ici 2025.

Pour mémoire, en décembre dernier la BCE prévoyait une inflation totale de 6,3% en 2023, de 3,4% en 2024 et de 2,3% en 2025 ainsi qu’une inflation sous-jacente de 4,2% en 2023, de 2,8% en 2024 et de 2,4% en 2025.

Si cette inflation sous-jacente persiste, l’inflation totale devrait mécaniquement reculer avec la décrue des prix de l’énergie et la normalisation de la situation de la logistique. Une normalisation que l’économiste attribue à l’offre, car le recul de la demande, bien qu’il soit perceptible, reste jusqu’ici marginal. Il s’attend à ce que «la BCE procède à des hausses de taux additionnelles d’au moins un point au premier semestre».

La situation est similaire aux États-Unis même si cette économie est en avance sur le cycle par rapport aux Européens. L’inflation totale a connu un pic de 9% en juin et recule depuis. Elle a atteint 6,4% en décembre. L’inflation sous-jacente, en léger recul, reste élevée à 5,7% en décembre après avoir atteint un pic de 6,7% en septembre. Comme pour la BCE, Yves Nosbusch s’attend à ce que la Fed procède à des hausses de taux additionnelles au cours du premier semestre.

Confiance dans l’action des banques centrales

Cela suffira-t-il à juguler l’inflation? Le «worst-case scenario» pour les banques centrales est que viennent s’ajouter aux causes actuelles de l’inflation des effets inflationnistes «de second tour», particulièrement au niveau de la croissance salariale. Une croissance salariale qui augmente en Europe: elle «se situe désormais entre 2,5% et 3% en moyenne pour la zone euro dans son ensemble» et a atteint 6,1% en décembre outre-Atlantique. Une croissance portée par des taux de chômage historiquement bas.

Hors, il semble selon différents indicateurs avancés que les opérateurs économiques – particuliers comme entreprises, et ce, en Europe comme aux États-Unis – s’attendent à un retour à des niveaux d’inflation proches des cibles des banques centrales. Autrement dit, «l’efficacité et la crédibilité des politiques monétaires ne sont pas remises en cause, ce qui permet d’éviter une “spirale inflationniste telle qu’on l’a connue dans les années 70».

Un marché immobilier qui se tend

En attendant, les taux d’intérêt vont continuer à augmenter. Ce qui rendra inévitable un ralentissement économique. Ralentissement, pas récession pense l’économiste.

Cette hausse des taux d’intérêt a aussi un impact sur le marché immobilier. Au Luxembourg, Yves Nosbusch constate une baisse de la demande de crédit. «Mais la demande reste globalement très élevée», tempère-t-il.

Il constate également une hausse des prêts en difficulté. «Une hausse qui n’est cependant pas significative.» Selon lui, le fait que les banques aient poussé les taux fixes ces dernières années permettra d’éviter un crash. Mais il reconnaît que la situation pourrait devenir «tendue» pour les ménages ayant antérieurement contracté un prêt à taux variable.