La BCE n’a pas l’intention d’influer sur le cours de l’euro par rapport au dollar. (Photo: Shutterstock)

La BCE n’a pas l’intention d’influer sur le cours de l’euro par rapport au dollar. (Photo: Shutterstock)

D’une part, la dévaluation de l’euro contribue à la hausse du taux de l’inflation. D’autre part, la hausse des taux directeurs alimente la récession, poussant l’euro vers le bas. À la fois cause et conséquence de l’inflation, l’euro ne se renforcera qu’aussitôt la crise énergétique résolue.

Alors que le cours de l’euro par rapport au dollar était passé en dessous du seuil de parité le 21 août dernier, il est finalement repassé au-dessus du seuil de parité le 9 septembre, se négociant à 1,02 dollar. Ceci étant, la monnaie unique européenne reste encore faible par rapport à il y a un an, lorsqu’elle se négociait encore à 1,18 dollar.

La dévaluation de l’euro a contribué à la montée de l’inflation, ressort-il de la conférence de presse donnée par la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, le 8 septembre, à l’issue de la réunion des gouverneurs de l’institution monétaire. «Cela a un impact direct sur nos importations (…), dans la mesure où la plupart des produits énergétiques sont émis et libellés en dollars», a-t-elle expliqué.

Atténuer l’inflation

Notant une dévaluation de 12% de l’euro par rapport au dollar depuis le début de l’année, la présidente de la BCE a indiqué «suivre de très près» l’évolution du cours de change. Pourtant, Christine Lagarde a tenu à couper court à toute éventuelle intention de la BCE d’influer le taux de change euro-dollar: «Nous ne ciblons pas un taux de change. Nous ne l’avons pas fait et nous ne le ferons pas.»

des taux directeurs visait plutôt à «accélérer la transition du niveau actuel très accommodant des taux directeurs vers des niveaux qui garantiront le retour rapide de l’inflation vers l’objectif à moyen terme de 2%», selon le communiqué de presse de la BCE, publié à l’occasion de sa dernière réunion de politique monétaire. Sur cette lancée, l’institution de Francfort prévoit de continuer à relever ses taux directeurs au cours des prochaines réunions afin d’anticiper «le risque d’une évolution persistante à la hausse des anticipations d’inflation».

Pas d’effet des hausses

Le combat de la BCE est donc l’inflation et non la perte de vitesse de l’euro, même si la seconde alimente la première. De leur côté, les analystes de Fidelity observent même que «les chutes de la monnaie ne font (…) qu’aggraver les problèmes d’inflation de la zone euro». Un constat qui pousse donc certains acteurs du marché à plaider en faveur d’une poursuite agressive des hausses des taux. Rappelant également que «jusqu’à présent, les hausses des taux d’intérêt n’ont rien fait pour arrêter la chute» de l’euro.

La lutte contre l’inflation par la hausse des taux d’intérêt accélère la contraction économique et contribue à déprécier l’euro. Le serpent se mord la queue, comme le constatent les analystes de Fidelity: «Plus la BCE augmente ses taux, plus la zone euro s’enfonce dans la récession et plus cela affaiblira l’euro.» Une opinion également partagée par Simon Harvey, head of FX Analysis chez Monex Europe: «La détérioration du contexte économique étant toujours au centre des préoccupations de la monnaie unique (…), l’euro a eu du mal à se consolider sur ses récents sommets.»


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Résoudre la crise du gaz avant tout

Un consensus semble même se dégager sur le fait qu’une récession annoncée affaiblit l’euro, comme le déclare Chris Turner, global head of markets chez ING: «L’euro a besoin d’une bonne histoire de croissance pour le soutenir.» Et il va jusqu’à ajouter: «La hausse de la BCE ne va pas vraiment redresser l’euro.» Il faudra en outre attendre une reprise de la croissance mondiale pour espérer une remontée de la monnaie européenne. Selon les différentes prévisions économiques, cela ne devrait pas, au mieux, se passer avant le second semestre 2023.

Si la hausse des taux d’intérêt de la BCE, aussi historique soit-elle, n’a pas d’effet sur la vigueur de l’euro, la résolution de la crise du gaz apparaît comme la priorité pour atténuer le risque de récession et, ainsi, enrayer la chute de la monnaie unique. Pour ce faire, les gouvernements européens pourraient s’inspirer du plan à 100 milliards de livres sterling de la nouvelle Première ministre britannique, Liz Truss, pour plafonner les prix de l’énergie. Des mesures qui pourraient cependant être hors de portée des États les plus endettés de la zone euro.