Coming out de violences conjugales, accusations de transphobie après une série de tweets, boycott par sa maison d’édition en France (Hachette): J. K. Rowling s’est régulièrement retrouvée sur le devant de la scène en 2020 et pas seulement parce que les 500 millions d’exemplaires de sa saga l’ont propulsée au rang de numéro un des auteurs les mieux payés de la planète avec 96 millions d’euros en 2020, selon Forbes.
Paradoxalement, cette visibilité a «invité» un retraité britannique de l’aviation, marié à une Luxembourgeoise et résidant au Luxembourg, à aller vérifier si ce vieux livre, là-bas, sur cette étagère où il était posé depuis 21 ans, appartenait bien à la première impression de «Harry Potter à l’école des sorciers».
«Je ne pensais pas que le mien aurait de la valeur, car il n’avait certainement pas été acheté lors de sa première publication. J’ai été très surpris et choqué de voir qu’il avait en fait coché toutes les cases, mais je n’arrivais toujours pas à y croire jusqu’à ce que je vérifie avec Jim Spencer», un des meilleurs spécialistes de la planète, de la maison d’enchères Hansons, a-t-il raconté pour la maison d’enchères.
Aucun doute pour l’expert, même si ces exemplaires sont assez rares: des 500 exemplaires, 300 étaient partis dans des bibliothèques et écoles, et seuls 200 exemplaires restent dans les mains de particuliers.
Un livre pour endormir ses trois enfants
«C’est extrêmement rare, car c’est l’un des 200 restants. Et pourtant, c’est mon quatrième en un peu plus d’un an!», s’amuse l’expert sur le site internet de sa maison d’enchères. «C’est une phrase clichée, mais ils sont vraiment le Saint Graal pour les collectionneurs. J’avais rêvé d’en trouver un pendant des années, avant ma première découverte magique dans le Staffordshire. Ce nouvel exemplaire mérite de très bien faire, car il est en très bon état. J’adorerais le voir gagner 50.000 livres. Lorsque le vendeur m’a contacté, il m’a dit qu’il venait me voir parce que je suis ‘l’homme numéro un au monde pour ‘Harry Potter’’. Quel merveilleux compliment.»
Pourtant, le résident luxembourgeois ne l’a pas acheté en 1997, à sa sortie, mais un an et demi plus tard. «J’ai eu envie de l’acheter après avoir lu une critique positive dans le Weekend du Financial Times», explique-t-il. «J’avais besoin de livres en anglais à lire à mes trois enfants au coucher, car j’étais en mission de leur apprendre ma langue maternelle dès le plus jeune âge. Leur mère est Luxembourgeoise et ils allaient dans des écoles publiques ici au Luxembourg, donc j’avais besoin de faire un petit effort.»
Le livre est commandé chez Barnes & Noble en 1999. Une seule fois, lorsque le premier film est sorti, un des trois enfants l’a sorti de l’étagère pour… y coller des images. Son livre, il l’a emballé dans un torchon – sans le célèbre blason de Poudlard – utilisé pour sécher la porcelaine et devenu l’uniforme des elfes. «Je voulais le vendre pour rembourser le prêt étudiant de ma fille, ce qui l’aidera.»
Le 13 octobre, le livre est acheté pour près de 70.000 euros par un particulier. De la trentaine d’exemplaires qui sont passés par des commissaires-priseurs depuis une dizaine d’années, un seul exemplaire a fait mieux, le 14 septembre 2017, chez Heritage Auctions, aux États-Unis (81.250 dollars). Jusqu’au début des années 2000, les exemplaires atteignaient péniblement 10.000 dollars sous le marteau. Sept n’ont même jamais atteint le prix de réserve du vendeur, ce dont ces derniers doivent se féliciter aujourd’hui.
Déjà, l’expert britannique a été contacté par une autre famille, britannique elle aussi, qui a retrouvé un autre exemplaire, dans le capharnaüm d’un garage. La jeune avocate, Charlotte, et sa maman rêvent que le 11 décembre, chez Hansons Auctioneers, leur exemplaire atteigne la même somme. Pour un beau conte de Noël.