Pour Guido Vermeent, le rachat par EPI est une validation de la stratégie et de la technologie de Payconiq. (Photo: Payconiq)

Pour Guido Vermeent, le rachat par EPI est une validation de la stratégie et de la technologie de Payconiq. (Photo: Payconiq)

Suite à son rachat, Payconiq rejoint l’ambitieux projet EPI. Ce qui ne remettra pas en question la présence de la marque sur le marché luxembourgeois. Pour l’instant.

L’EPI (European Payments Initiative, à traduire par initiative européenne pour les paiements) a franchi une étape majeure en annonçant, ce 25 avril, le lancement d’une solution unifiée de paiement instantané de compte à compte. Autrement dit un portefeuille numérique.

Une étape majeure, mais en retrait par rapport au projet initial de 2020 qui voulait créer un système de paiement et un réseau interbancaire européen basé sur le SEPA instant credit transfer (SCT scheme), remplaçant les systèmes nationaux et pouvant concurrencer les deux géants que sont Visa et Mastercard qui gèrent la majorité des paiements transfrontaliers en Europe. Et qui peuvent à tout moment suspendre leur activité en Europe si les autorités américaines le demandaient. Donald Trump avait agité cette menace contre la France il y a quelques années.

Le savoir-faire néerlandais

Un objectif néanmoins abandonné en mars 2022, suite notamment au retrait des banques allemandes du projet, ce qui a forcé EPI à se concentrer sur le développement d’un porte-monnaie numérique et d’une solution basée sur le paiement instantané.

Et dans la technologie du paiement de compte à compte, seuls les Pays-Bas disposent une solution vraiment entrée dans les usages. Ce qui explique le rachat par EPI de son principal promoteur, le néerlandais Currence iDEAL et fortement implanté aux Pays-Bas. Et prestataire de service technologique pour Currence iDEAL.

En 2022, pour devenir le fournisseur technologique de la société néerlandaise.

Pour Guido Vermeent, le CEO de Payconiq, ce rachat est comme une reconnaissance. «Il consacre le travail que nous avons effectué et valide les objectifs que nous nous étions fixés ces dernières années. À savoir la recherche d’une expansion européenne qui a commencé pour nous en 2017 avec le rachat de Digicash. Avec Digicash, nous avons été en mesure de fournir une solution de paiement stable, claire et durable, qui est devenue une référence pour la population luxembourgeoise. Et nous avons également su développer une offre de services innovante. Travailler avec EPI va nous permettre d’étoffer cette offre et d’innover pour créer le paysage des paiements que nous souhaitons».

La marque Payconiq conservée au Luxembourg

Payconiq va-t-elle à terme se dissoudre dans EPI? «Pour l’instant, nous allons continuer de fonctionner comme nous le faisions avant l’achat. La marque sera conservée et nous continuerons à fournir des services aux banques, aux commerçants et aux particuliers et à les développer», répond Guido Vermeent pour qui la stratégie d’EPI est de «coopérer avec le plus grand nombre possible de systèmes et de solutions de paiement européens afin de les unifier en un système vraiment européen». Ce qui constituerait la première étape d’un potentiel retour aux objectifs initiaux. Ce que ne confirme ni n’exclut Guido Vermeent.

Pour faire de son offre une référence, EPI souhaite développer des services en plus des simples transactions. «Des services vraiment uniques en Europe dans le paysage des paiements et qui ne seront pas des copier-coller de ce qui existe déjà. Nous voulons lancer des services fortement différenciants. EPI travaille en ce sens et a une feuille de route. Sans entrer dans le détail de ces services (le paiement fractionné est le plus souvent évoqué de même, à plus long terme la gestion de l’euro numérique, ndlr), une première salve sera lancée d’ici à la fin de l’année».

Des services qui ne viendront pas concurrencer ceux des banques. «Dans les services de paiement, nous voyons les banques comme des partenaires. Le but est vraiment de créer un réseau à l’échelle du continent.» Citons comme exemple de collaboration le fait que la mise en place du porte-monnaie numérique d’EPI s’appuyer sur les 30 millions d’inscrits au service «Paylib entre amis» proposé par BNP Paribas.

Outre ces deux acquisitions, EPI a annoncé l’arrivée de quatre nouveaux actionnaires: Belfius, DZ Bank, ABN Amro et Rabobank. Ils rejoignent BFCM, BNP PARIBAS, BPCE, Crédit Agricole, Deutsche Bank, DSGV, ING, KBC, La Banque Postale, Nexi, Société Générale et Worldline.

Aucune banque luxembourgeoise n’est encore partie prenante du projet. «Nous sommes en contact avec elles, mais il leur appartient de décider de la manière dont elles souhaitent coopérer avec l’initiative de l’EPI», commente Guido Vermeent.

Cet article est issu de la newsletter Delano Finance, le rendez-vous hebdomadaire pour suivre l’actualité financière au Luxembourg, en anglais et en français. .