Certaines entreprises ou sociétés luxembourgeoises présentes en Ukraine ou en Russie ont considérablement réduit leur activité ou parfois mis un terme pur et simple à celle-ci. (Photo: Matic Zorman, Guy Wolff, Jan Hanrion/Archives)

Certaines entreprises ou sociétés luxembourgeoises présentes en Ukraine ou en Russie ont considérablement réduit leur activité ou parfois mis un terme pur et simple à celle-ci. (Photo: Matic Zorman, Guy Wolff, Jan Hanrion/Archives)

Fermeture de bureaux, activité réduite, suspension de services… Plusieurs entreprises luxembourgeoises ont été contraintes de réorienter leur business depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, il y a exactement six mois.

Jeudi 24 février 2022. . Depuis lors, l’Union européenne a pris plusieurs  envers le pays de Vladimir Poutine, comme l’interdiction d’exporter certains produits à double usage. Tandis que plusieurs régions ukrainiennes vivent au rythme des dangers du conflit armé. Des événements qui ont évidemment un impact sur les économies nationales, mais aussi à l’échelle internationale.

Six mois après le début de la guerre, quel effet a le conflit russo-ukrainien pour certaines entreprises luxembourgeoises?

Pour Paul Wurth, «l’impact de la perte d’activité en Russie et en Ukraine a été important», indique une porte-parole de la société, sans fournir de chiffres. L’entreprise luxembourgeoise d’ingénierie industrielle compte trois implantations en Russie et une en Ukraine. Pour les premières, «nous ne prenons pas de nouvelles affaires, nous n’expédions pas d’équipement et nous nous engageons seulement dans des tâches de maintenance critiques pour la sécurité». Côté ukrainien, les locaux ont été détruits. «Paul Wurth n’avait qu’un nombre limité de collègues dans la région. Ceux qui s’y trouvaient sont maintenant en sécurité et ont même été accueillis au Luxembourg.» Le contact est maintenu avec les clients dont les activités se poursuivent en Ukraine.

Pour pallier la baisse d’activité, l’industriel compte sur une réorientation de ses ressources vers d’autres projets, comme «des activités liées à l’hydrogène et à l’acier vert».

En Ukraine ou en Russie, des usines au ralenti

ArcelorMittal . Depuis, «sur les trois hauts fourneaux de Kryvyi Rih, seul le sixième (l’un des deux plus petits) a repris son activité mi-avril, à la demande des autorités ukrainiennes, pour contribuer à l’économie locale», précise le sidérurgiste. «Le niveau d’activité de ce haut fourneau est à un niveau assez bas, cela représente environ 20% des capacités de l’usine.» ArcelorMittal emploie 26.000 personnes en Ukraine, sept fois plus qu’au Luxembourg, où se trouve son siège social. Plusieurs se sont «engagées dans les forces militaires».

La logistique reste difficile. «Les ports sont bloqués, donc les expéditions se font par train vers la Pologne, qui réexpédie ensuite. Les activités minières tournent à 60% des niveaux normaux. Du fait de la guerre, un projet d’usine de pellets a été suspendu.»

Accusée d’avoir repris ses expéditions vers la Russie début juillet,

Avant l’invasion de l’Ukraine, les relations étaient déjà limitées avec la Russie.
Carlo Thelen

Carlo ThelenCEOChambre de commerce

Accumalux a de son côté une usine en Russie. Elle «tourne au ralenti», précise le fabricant de plastique pour batteries luxembourgeois. Qui veut ainsi maintenir l’emploi des 80 salariés sur place. L’entreprise suit l’évolution des sanctions et affirme que «les projets d’extension et de développement en Russie ont été arrêtés». Cela représente une chute d’activité de 20% pour le groupe.

Sans parler, pour chacune, de l’impact de la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières.

L’entreprise américaine Guardian, dont le siège social européen se situe au Luxembourg, a quant à elle décidé, en juillet, de céder ses deux sites russes, qui employaient 600 personnes. Les conséquences de cette vente ne sont pas précisées.

De Kiev à Stockholm

SES a dû fermer son bureau à Kiev. Une partie des six salariés a été transférée au bureau de Stockholm. L’entreprise de Betzdorf a également «mis en place un plan d’urgence pour assurer la continuité du service des chaînes ukrainiennes». Tout en arrêtant les transmissions de chaînes russes visées par des sanctions. Ses activités dans les deux pays représentent moins de 1% de son chiffre d’affaires. «Nous travaillons avec des entités pour rendre nos solutions de communication par satellite disponibles pour les missions humanitaires», ajoute-t-elle.

À l’instar d’Artec 3D, , de crimes contre l’humanité et de génocide commis sur le territoire, grâce à sa technologie de scanners 3D.

Le cabinet d’avocats luxembourgeois Arendt & Medernach avait quant à lui annoncé en février la fermeture de son bureau à Moscou. Il n’a pas rouvert depuis, confirme-t-il à Paperjam, sans donner de détails sur les impacts de cette fermeture sur son business. Le cabinet a aussi décidé de ne pas accepter de nouveaux mandats de la Russie.

Contactés, aucun n’a pu évoquer l’éventuel impact de la guerre sur les services au Luxembourg.


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De nouveaux trajets pour les transporteurs

La crise a également son impact sur le transport. Chez DHL, «nos services entrants vers la Russie et la Biélorussie ont été suspendus». DHL Express a également décidé d’arrêter ses services intérieurs en Russie à partir du 1er septembre.

«Tous les transports du réseau à destination et en provenance de la Russie et de la Biélorussie ont également été suspendus» chez Dachser. De même vers l’Ukraine, pour «protéger les conducteurs». À la place, l’entreprise a lancé une ligne de fret vers l’ouest de l’Ukraine à partir d’une plateforme polonaise. «Afin de pouvoir relier directement les sites de production chinois aux clients en Europe par camion sans entrer en Russie, les transports sont désormais assurés via une route alternative au sud.» Ceci a cependant peu d’impact sur la succursale luxembourgeoise, qui ne traitait «pas beaucoup d’expéditions vers et depuis les deux zones».

Surtout un impact indirect

La Chambre de commerce du Luxembourg et la Chambre de commerce belgo-luxembourgeoise pour la Russie n’ont pas pu fournir de données chiffrées sur l’impact de la guerre sur le business au Luxembourg. «On le ressent de tous les côtés: au niveau des échanges financiers, du commerce bilatéral. Il est difficile à évaluer, car les liens ne sont pas toujours visibles», détaille le président de cette dernière, Oleg Prozorov.

, CEO de la Chambre de commerce du Luxembourg, complète: «Avant l’invasion de l’Ukraine, les relations étaient déjà limitées avec la Russie». Pour lui, l’impact indirect est plus important, «avec l’inflation et les difficultés d’approvisionnement». Qui touchent aussi bien les entreprises que les ménages.