Guillaume Dollé: «Il existe une difficulté majeure à laquelle les acteurs traditionnels sont quasiment tous confrontés et qui, par conséquent, les empêche de se lancer dans le growth: leur organisation.» (Photo: DR)

Guillaume Dollé: «Il existe une difficulté majeure à laquelle les acteurs traditionnels sont quasiment tous confrontés et qui, par conséquent, les empêche de se lancer dans le growth: leur organisation.» (Photo: DR)

En vue de l’événement «10x6 Innovation: Business model & growth hacking» organisé par le Paperjam Club le 24 septembre 2020, Guillaume Dollé (Vanksen) nous expose sa vision du growth hacking.

Le growth hacking, une méthode pour tous les types de business?

Guillaume Dollé. – «Je transposerai votre question de la manière suivante: est-ce que tout type de business est en recherche de croissance et peut utiliser le medium digital pour toucher ses cibles? Si oui, alors, le growth hacking peut s’appliquer à tous.

Le growth hacking peut être appliqué dans n’importe quelle industrie ou secteur. Que ce soit du B2C, B2B, B2B2C, le growth hacking est applicable partout. Prenons l’exemple de certaines industries et secteurs spécifiques: on peut parler de l’industrie musicale, qui a su s’adapter et se réinventer (on pourrait citer tout ce qui touche à la promotion des œuvres de , par exemple, ou le , en France, qui explose les records, sans passer par de la promotion traditionnelle…). Dans un autre registre, de nombreuses ONG adoptent désormais des techniques de growth hacking pour développer leurs collectes de fonds (principalement via des programmes de referrals, ou encore un gros travail sur la rétention via de l’e-mailing tactique).

Enfin, il est aussi essentiel de comprendre que le growth hacking peut s’appliquer pour toutes les typologies d’entreprises également. Forcément, quand on pense growth, on pense start-up (on le leur doit, après tout), mais maintenant que la discipline a pris de la maturité et dispose d’une véritable méthodologie, elle peut être appliquée à tout type d’entreprise: de la PME à la multinationale, ce sera d’ailleurs le thème de mon intervention de jeudi 24 septembre.

Vous vous dites peut-être: ‘Alors, pourquoi on ne fait pas tous du growth?’ Il existe une difficulté majeure à laquelle les acteurs traditionnels sont quasiment tous confrontés et qui, par conséquent, les empêche de se lancer dans le growth: leur organisation. Le growth hacking nécessite une organisation particulière, on peut souvent lire que le growth hacking a horreur du modèle en ‘silo’, soit un modèle malheureusement trop souvent en cours dans les entreprises traditionnelles: si on imagine le growth hacking comme un silo qui vit de façon indépendante des autres services (Marketing, Sales…), ce sera un coup d’épée dans l’eau.

On peut voir de nombreuses créations de poste en lien avec le growth hacking: effet de mode ou développement pérenne?

«C’est un métier qui est surtout dans l’air du temps, à l’instar d’autres métiers du web qui ont connu une forte demande: webmaster, community manager…

Le growth hacker est un profil ‘couteau suisse’ qui répond aux enjeux actuels de nombreuses entreprises:

- C’est un profil qui dispose de compétences variées, que ce soit sur des expertises digitales ou traditionnelles, par exemple: il dispose de connaissances en UX, il sait développer une stratégie d’acquisition marketing, et doit également être un copywriter efficace (je ne pense pas avoir un meilleur exemple que celui-ci: ).

- Il est rationnel et analytique, il essaie de se tenir éloigné des biais cognitifs et va mettre au cœur de sa réflexion la ‘data’, qui lui permettra de prendre les décisions les plus justes.

- Enfin, il n’est pas juste orienté performance, il est centré performance. Cela rejoint le point précédent, étant ‘data-centric’, il se doit d’être focalisé sur la performance.

- Il est à la fois stratège et tacticien. Il doit adopter une vision holistique pour performer: réfléchir à une stratégie globale, et ensuite l’adapter, l’incrémenter de façon tactique au quotidien.

Mais au-delà des compétences, le growth hacking est également animé par une philosophie forte, un vrai ‘mindset’, comme on peut parfois le lire sur le web. Et cette philosophie apporte un véritable vent de fraîcheur en interne, cela permet à vos commerciaux, responsables clients de s’ouvrir à une autre façon de faire, de penser, et ainsi trouver des réponses pour leurs enjeux, en brisant les silos, et leurs routines par la même occasion.

Quels sont les critères pour être un bon growth hacker?

«Au-delà des compétences ‘professionnelles’ inhérentes à ce poste (social media, content marketing, data analysis…), je m’attarderai davantage sur les softs skills, qui prennent une place prépondérante, car, comme précisé plus haut, le growth hacking, au-delà de son aspect technique, c’est également un état d’esprit.

Pour n’en citer que trois:

- La créativité: Il suffit de voir les hacks les plus ‘célèbres’ et les plus connus pour voir comment la créativité vient littéralement nourrir les actions menées par les growth hackers, et c’est une créativité qui n’a pas de limite! Pour citer un exemple, la plateforme Discord est de base une plateforme dédiée pour les gamers, où ces derniers forment leurs communautés pour jouer ensemble. Mais depuis quelques mois, de très nombreuses communautés B2B se forment dessus pour de nombreuses raisons: l’outil dispose d’une excellente ergonomie, il est extrêmement versatile et modulable, et il permet de donner une dimension ‘exclusive’ aux utilisateurs qui y obtiennent une invitation!

- La curiosité: Au-delà d’une bonne veille, c’est la volonté d’être proactif sur tout ce qui touche au digital. Si vous ne connaissez pas , par exemple, rajoutez-le dans vos favoris! C’est une plateforme qui permet de découvrir chaque jour de nouveaux Saas & outils du web. Enfin, pour s’inspirer et trouver des bonnes idées, on peut compter sur la dimension très communautaire de la discipline: le podcast français , notamment, qui réunit différents interlocuteurs qui échangent et partagent sur le sujet.

- La culture du DIY: ‘C’est une belle harmonie quand le dire et le faire vont ensemble’, cette citation pourrait caractériser cet état d’esprit, être concret en agissant. Mettre au service sa créativité et sa curiosité pour faire, et pas seulement suggérer. Regarder des nouveaux outils sur Product Hunt, réfléchir à la façon de les intégrer et aux bénéfices qu’on pourrait en tirer, et agir ensuite, en testant, prototypant… Et surtout, à l’heure où la un growth hacker a les moyens de mettre en place de nombreuses choses, et d’itérer jusqu’à ce que cela performe!»