Sur 6.900 pilotes interrogés en Europe, trois sur quatre ont connu au moins un épisode de micro-sommeil en vol. Un quart assure avoir connu plus de cinq épisodes de micro-sommeil en vol le mois dernier.
C’est le principal constat qui ressort de de l’European Cockpit Association (ECA) qui s’inquiète de la gestion des risques liés à la fatigue en période estivale par les compagnies aériennes. Mandaté par l’ECA, le cabinet de conseil en gestion de la sécurité aérienne Baines Simmons a détaillé l’état de fatigue des pilotes dans les cockpits européens.
Ainsi, si 82% des pilotes (répondant au questionnaire) ont affirmé savoir comment remplir un «rapport de fatigue», 18% ont répondu ne pas savoir le faire et 9% n’ont tout simplement pas répondu à la question. Toujours selon le rapport de l’ECA, seulement 13,2% des pilotes assurent que les compagnies communiquent bien sur le sujet.
«Cela indique que la culture relative au signalement de la fatigue doit être améliorée», souligne l’ECA. Au Luxembourg, ainsi qu’en Norvège, en Espagne, au Royaume-Uni, en Irlande et à Malte, moins de 10% des pilotes ont rempli un rapport de fatigue sur le mois dernier.
«Il ne faut pas croire que la situation est spécifique aux compagnies low cost. C’est un problème global qui touche l’ensemble des compagnies aériennes», a complété le secrétaire exécutif de l’Association luxembourgeoise des pilotes de ligne (ALPL), Capitaine Dirk Becker, interrogé sur le sujet.
Une certaine pression sur les pilotes
En outre, le rapport révèle une autre tendance inquiétante, celle de la prolongation des heures de vol. Un pilote sur cinq affirme avoir utilisé le «pouvoir discrétionnaire du commandant» (DC) à prolonger les heures de vol deux fois ou plus le mois dernier. Ce droit permet aux pilotes de prolonger de deux heures au maximum le temps de service de vol, de manière exceptionnelle, pour pallier des circonstances imprévues. «C’est-à-dire des circonstances qui n’ont pas été planifiées ou n’auraient pas pu être anticipées raisonnablement», selon la règlementation européenne en vigueur.
Mais l’ECA assure qu’une forte pression est exercée sur les pilotes pour qu’ils acceptent t’utiliser ce pouvoir d’extension de vols. «Plus de 60% des pilotes ont exprimé, à des degrés divers, leur inquiétude quant aux conséquences négatives qu’ils pourraient subir s’ils refusaient de prolonger un service de vol en vertu du DC», affirme le rapport. «Ce sont des signes inquiétants et des indications claires que les risques liés à la fatigue ne sont pas bien gérés dans de nombreuses compagnies aériennes européennes», a appuyé président de l’ECA, Otjan de Bruijn.
Élément rassurant pour le Luxembourg, seulement 45% les pilotes basés dans le pays semblent être préoccupés par les conséquences d’un refus d’étendre le temps de service de vol. Seuls les pilotes basés aux Pays-Bas sont moins préoccupés par les conséquences d’un refus d’étendre le temps de service de vol.
De l’autre côté de l’échelle, plus de 80% des pilotes basés à Malte, en Espagne et en Irlande disent être préoccupés par les conséquences d’un refus d’étendre le temps de service de vol.
«Il faut également comprendre qu’il est parfois plus facile de refuser d’utiliser le pouvoir discrétionnaire du commandant lorsqu’il s’agit de transporter du fret que lorsqu’il s’agit de transporter des passagers qui veulent rentrer chez eux», a expliqué le Capitaine Dirk Becker.
Grâce à ce rapport, l’ECA espère pouvoir mieux travailler avec les compagnies aériennes en matière de gestion de la fatigue. Pour rappel, l’European Cockpit Association (ECA) est un organisme représentatif de plus de 40.000 pilotes dans 33 pays européens.