Roland Lammar est le chef des opérations de cet ambitieux projet à Wickrange. (Photo: Luc Deflorenne)

Roland Lammar est le chef des opérations de cet ambitieux projet à Wickrange. (Photo: Luc Deflorenne)

À l’occasion de la présentation du projet Gridx, paperjam.lu s’est entretenu avec Roland Lammar, directeur des opérations de ce futur centre dédié à la mobilité et à la passion automobile.

Pouvez-vous nous expliquer ce nom assez énigmatique de Gridx?

Roland Lammar. – «Nous avons acquis la franchise Motorworld, mais notre concept va plus loin et est un projet lifestyle à 360°. Aussi, nous devions nous éloigner de ce nom pour trouver un nom qui reflète mieux notre approche, qui soit plus inclusif. C’est d’ailleurs les Motorworld eux-mêmes qui nous ont inspirés, puisqu’à Zurich, ils ont installé un Motorworld qui s’appelle ‘The Valley’, en référence à leur lieu d’implantation. Nous avons aimé l’idée de la grille (’grid’ en anglais) qui tisse des liens, de créer des liaisons avec nos différents partenaires, que ce soit Motorworld ou le musée Mauto de Turin. Dans une grille, il y a aussi des points de rencontre. Le ‘x’ qui y est ajouté reprend la notion de collaboration. C’est aussi un nom qui peut être utilisé en cas de multiplication et d’exportation du concept, ce qu’envisage la nouvelle génération du groupe Félix Giorgetti à moyen ou long terme. Il pourrait à l’avenir y avoir des Gridx autour de la passion des sports de glisse, du bateau, du cheval… C’est un nom qui est neutre et auquel plusieurs personnes peuvent adhérer.

Comment va s’effectuer le pilotage d’un tel centre?

«Nous allons à la fois travailler avec un grand nombre de partenaires locataires et opérer certaines fonctions en propre. Félix Giorgetti conserve dans son giron l’hôtel, le Business & Driver Club, le parkhaus, le business center et l’événementiel. Tout le reste consistera en des surfaces locatives que nous proposerons à des marques uniques. Par marque unique, j’entends une marque dont la seule adresse au Luxembourg sera à Gridx. Ou si jamais une marque a déjà plusieurs adresses au Luxembourg et ne ferme pas les autres points de vente, il faudra qu’elle présente à Gridx un segment ultra spécialisé de ses produits qu’on ne trouve pas ailleurs et qui est en relation avec notre concept.

Au niveau de la gestion, nous aurons une équipe dédiée au site et certains services seront confiés à des prestataires extérieurs, comme le gardiennage, le nettoyage, le F&B.

Pour le F&B, vous avez déjà des compétences dans le groupe Giorgetti avec Concept+Partners. Seront-ils impliqués dans Gridx?

«Oui, absolument. Ils seront présents au niveau du food court, mais ce ne sera pas le traiteur exclusif ni le traiteur pour les grands événements de plus de 200 personnes, car cela ne fait pas partie de leurs compétences. Leur expertise se situe plutôt dans la gestion de différents restaurants. Pour les restaurants, nous en aurons trois ‘fixes’ qui seront certainement une brasserie, une offre plus gastronomique et un restaurant de cuisine du monde. À cela s’ajoutent 16 corners thématiques. Si possible, nous aimerions avoir aussi ce principe d’unicité pour les trois restaurants, qui auront des surfaces d’environ 350m2, 250m2 et 150m2.

La digitalisation offre des perspectives très grandes, comme avec le metaverse, et la nouvelle génération du groupe va pleinement dans cette direction.

Roland Lammardirecteur des opérationsGridx

Qu’en est-il de la partie expérience immersive, réalité augmentée et autres expériences virtuelles? Est-ce que le groupe Giorgetti souhaite aussi avoir la main sur ces activités?

«Cela va dépendre. Les étrangers qui sont actifs dans ce secteur ont envie de venir s’installer au Luxembourg, mais ils nous demandent un opérateur. À Stuttgart par exemple, ils ont une très belle galerie d’art. On les a contactés pour présenter des NFT, cela les intéresse, mais il manque une personne pour gérer cet espace. De notre côté, nous estimons que le groupe Giorgetti a suffisamment d’activités entre les mains et ne souhaite pas encore multiplier les risques.

Nous devons donc encore avancer sur certains sujets pour savoir exactement comment et par qui certaines activités seront gérées, mais nous ne nous faisons pas trop de souci. Il faut savoir, par exemple, que Motorworld à Munich a fini de trouver ses locataires seulement les six derniers mois. Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore assez avancés pour que les futurs locataires puissent facilement se projeter, mais nous avons quand même des promesses d’engagement pour environ 50% de nos surfaces locatives. Et il ne faut pas oublier que la digitalisation offre des perspectives très grandes, comme avec le metaverse, et que la nouvelle génération du groupe va pleinement dans cette direction.

Le chantier a débuté en 2020 et doit se terminer en 2024. (Photo: Luc Deflorenne)

Le chantier a débuté en 2020 et doit se terminer en 2024. (Photo: Luc Deflorenne)

Comment procédez-vous pour la commercialisation des espaces?

«Nous la réalisons en interne. Nous avons juste un conseiller luxembourgeois qui aide sur le territoire luxembourgeois et un conseiller italien, d’où ce partenariat avec Mauto. Si nous voyons que nous atteignons nos limites, nous pourrons aussi faire appel à un agent spécialisé. Par exemple, j’aimerais beaucoup avoir un point de vente Lego Technic ici et pour cette enseigne précisément, nous allons peut-être faire appel à un agent spécialisé.

Un des grands défis est la diversité des locataires que vous allez accueillir. Comment gérez-vous cela?

«C’est en effet complexe. Car nous allons avoir aussi bien des espaces de restauration qu’un fleuriste, un espace de beauté, des artisans spécialisés dans le cuir, un centre de contrôle technique, une galerie d’art virtuelle, un concessionnaire… Chacun des 140 locataires a des besoins spécifiques. Un réparateur de voitures peut nous demander d’avoir dans son espace un pont de levage et avoir besoin d’une plus grande hauteur sous plafond, car il veut aussi pouvoir s’occuper de SUV. Ou un autre a besoin d’un décaissé pour installer une cabine de peinture…

Tout peut changer tout le temps. Nous avons ce que nous appelons la ‘War Room’, qui est notre salle de réunion où j’ai autour de moi une centaine de chefs de chantier, ingénieurs, conducteurs de travaux, dessinateurs techniques… pour gérer tous les changements liés à l’évolution du projet et du bâtiment, dont les grandes lignes ont été arrêtées il y a déjà deux ans. Et nous sommes tous conscients que les six derniers mois seront intenses, car nous voulons tout ouvrir en même temps, en septembre 2024.

Le bâtiment présente-t-il à l’heure actuelle encore cette flexibilité?

«Oui, tout à fait. Aujourd’hui on va sur Mars, donc on devrait bien arriver à satisfaire les demandes! Il y a juste une limite de coûts. Mais en général, nous avons prévu toute la technique en dessous des dalles, et nous pouvons donc aller chercher aisément ce dont nous avons besoin pour répondre aux demandes spécifiques, comme l’ajout de toilettes dans un show-room ou l’introduction d’une mezzanine, qui change forcément le plan du sprinklage… Actuellement, nous réalisons une carcasse vide que nous adaptons au fur et à mesure. Gridx est une belle nouvelle expérience pour le groupe Giorgetti aussi, car nous n’avons encore jamais construit comme cela. Nous en tirons des leçons pour nos autres constructions.

Des éléments préfabriqués sont utilisés pour diminuer la durée du chantier. (Photo: Luc Deflorenne)

Des éléments préfabriqués sont utilisés pour diminuer la durée du chantier. (Photo: Luc Deflorenne)

Pouvez-vous nous préciser l’échelle du projet?

«La surface d’exploitation pour les activités et services artisanaux est d’environ 42.000m2. En tout, on dépasse largement les 100.000m2.

Au niveau énergétique, comment le centre est-il alimenté?

«Nous avons dans un premier temps travaillé avec notre département Ecogio pour réduire et économiser la consommation énergétique. Nous avons aussi installé 4.000m2 de panneaux solaires sur nos toits pour produire de l’énergie. Nous avons également un système d’ascenseurs où l’énergie est récupérée, nous utilisons un système d’éclairage, de chauffage et de climatisation raisonné… Nous pouvons bien entendu compter sur le support de Creos, qui nous fournit une ligne dont nous tirons le maximum. Mais il est vrai que nous sommes à la limite de la capacité et que si jamais la demande augmente, nous devrons envisager d’autres sources, pourquoi pas une éolienne ou une autre solution, comme tirer une autre ligne depuis Schifflange.

Comment la commune a-t-elle accueilli ce projet?

«Dans un premier temps, la commune avait refusé le projet de centre commercial, mais avec l’introduction d’activités artisanales, il a reçu une adhésion totale. Nous avons aussi réorienté le projet dans une bonne direction, je pense, car nous proposons plus qu’un Motorworld. Avec Gridx, nous nous adressons à un public encore plus large que les amateurs de voitures, nous touchons tout le monde à travers le thème de la mobilité. Grâce à notre très vaste parking, nous avons tout prévu pour avoir le moins de nuisances possible au niveau de la commune. Et si un jour nous arrivons à avoir un arrêt de tram à notre niveau, ce serait parfait. La commune se réjouit aussi de pouvoir accueillir plusieurs nouveaux sièges de sociétés, ce qui est toujours bénéfique pour les finances.»