Léon Gloden (CSV), le bourgmestre sortant, semble faire l’unanimité.  (Photo: Roman Gamba/Maison Moderne/Archives ; Commune de Grevenmacher)

Léon Gloden (CSV), le bourgmestre sortant, semble faire l’unanimité.  (Photo: Roman Gamba/Maison Moderne/Archives ; Commune de Grevenmacher)

Le député-bourgmestre Léon Gloden et son parti, le CSV, font office de grandissime favori dans la commune de Grevenmacher. Le maire sortant pourrait s’y offrir un troisième mandat consécutif.  

Cela fait près d’un demi-siècle que cela dure. Depuis 1976 pour être précis. Depuis cette année-là, le DP et le CSV s’échangent le poste de bourgmestre de la commune de Grevenmacher toutes les deux législatures. Il y a d’abord eu Jean-Pierre Urwald (DP) de 1976 à 1987, puis Norbert Konter (CSV) de 1988 à 1999, Robert Stahl (DP) de 2000 à 2011, avant que (CSV) ne prenne la place à la suite du scrutin du 9 octobre 2011.

Une belle alternance donc, qui, si on la suit, devrait mener les libéraux à la tête de la commune dans quelques jours.

Le DP signerait des deux mains mais…

«On signerait des deux mains pour qu’il en soit ainsi», sourit  (DP), la secrétaire générale du DP, avant d’ajouter qu’elle se satisferait déjà de revenir simplement dans la majorité (occupée pour l’heure par une alliance CSV – déi Gréng).


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Quoi qu’il en soit, le challenge s’annonce ardu pour la tête de liste démocrate, Claude Wagner (DP, 45 ans). Et avant de penser à cette éventualité, ce pompier de profession, membre du conseil communal depuis 12 ans, se demande surtout si ses couleurs vont réussir à maintenir leur score réussi voici six ans. Un scrutin à l’issue duquel le DP avait terminé deuxième parti de la commune (avec près de 26% des suffrages), derrière l’intouchable CSV (42%).

Claude Wagner se demande, en effet, où il va réussir à retrouver les 1.002 voix de préférence (soit le troisième total tous partis confondus dans la commune) que pesait son chef de file de 2017, René Sertznig, ce dernier ayant dit stop voici désormais deux ans.

130 millions investis en 12 ans

À quelques jours du scrutin, personne ne semble réellement imaginer comment le CSV pourrait ne pas rester le parti n° 1 dans la commune. Qui plus est que le travail du bourgmestre sortant, (CSV, 50 ans), semble faire l’unanimité. Au sein d’un conseil communal,  même dans les rangs de l’opposition, on peine un peu à véritablement remettre en question son travail. «La commune ne place pas toujours ses priorités là où il le faudrait, elle est aussi un peu trop dépensière, le bourgmestre voyant parfois les choses en trop grand», entend-on ainsi un peu timidement de la part d’opposants se rendant compte du caractère peu acéré de leurs critiques. Il est vrai que tout le monde s’accorde à dire que le conseil communal de Grevenmacher «travaille bien» et qu’il n’est pas rare de voir les projets être acceptés à l’unanimité.

Nous avons beaucoup investi. Dans le logement, le centre culturel, l’école de musique, le hall sportif etc.
Léon Gloden

Léon Glodenbourgmestre sortanttête de liste CSV

Le député-bourgmestre, lui, connaît son bilan et compte bien s’appuyer sur celui-ci pour déjouer les statistiques et conquérir un troisième mandat consécutif. «Nous avons beaucoup investi. Dans le logement, le centre culturel, l’école de musique, le hall sportif etc.» explique Léon Gloden. «En tout, 130 millions ont été dépensés en 12 ans. Et contrairement à ce que peuvent dire certains de nos adversaires, cela s’est passé avec une plutôt bonne gestion des finances publiques. J’en veux pour preuve qu’en 2022, on avait prévu d’effectuer un crédit qui, au final, n’a pas été nécessaire. Cela doit vouloir dire qu’on ne s’en sort pas si mal que ça…»

Que peut changer la présence des Pirates?

Ce n’est pas Marc Krier (déi Gréng, 52 ans), échevin et chef de file de déi Gréng dans la commune, qui noircira le tableau de celui avec qui il est en coalition depuis désormais deux législatures. «Faiseur de rois» en 2017 lorsqu’avec son seul siège il avait fait basculer le CSV (cinq sièges) dans la majorité et le duo DP (trois sièges) – LSAP (deux sièges) dans l’opposition, il signerait volontiers pour un troisième mandat consécutif à la tête de la commune. Et cela, même si son but avoué est bien d’obtenir un deuxième siège au conseil, «qui ouvrirait la porte à de nouvelles perspectives et de possibles autres coalitions.»

Beaucoup de jeunes ont perdu la foi dans les grands partis, les Pirates peuvent-ils en profiter? Et qui y perdrait le plus de plumes?

Marc Krieréchevintête de liste déi Gréng

Quant au LSAP, il peut compter sur la présence de (LSAP, 37 ans), l’autre représentante communale à la Chambre des députés. Une position qui compte assurément, mais peut-elle pour autant permettre au parti de gauche de gagner une nouvelle fois du terrain lors de ce scrutin? Tess Burton veut y croire avec sa jeune équipe, et cela, malgré l’absence de celle qui l’accompagne au sein du conseil communal, Lynn Mantz (LSAP).

Enfin, une autre interrogation demeure encore: que va changer l’arrivée d’une cinquième liste, celle du Piratepartei, dans ces élections? «Beaucoup de jeunes ont perdu la foi dans les grands partis, les Pirates peuvent-ils en profiter? Et qui y perdrait le plus de plumes?» s’interrogeait à ce sujet Marc Krier. De la réponse à ces deux questions dépendra sans doute l’équilibre des forces en présence lors de la prochaine législature…

Résultats aux dernières élections communales du 8 octobre 2017: le CSV avec 42,08%, le DP avec 25,78%, le LSAP avec 18,64% et déi Gréng avec 13,51% des suffrages.