Depuis 6h du matin, les syndicats LCGB et OGBL, ainsi que les salariés de la compagnie aérienne, ont pris possession de l’entrée du site de Cargolux au Findel. Pour autant, le site n’est pas bloqué. (Photo: Jeremy Zabatta/Maison Moderne)

Depuis 6h du matin, les syndicats LCGB et OGBL, ainsi que les salariés de la compagnie aérienne, ont pris possession de l’entrée du site de Cargolux au Findel. Pour autant, le site n’est pas bloqué. (Photo: Jeremy Zabatta/Maison Moderne)

Les salariés et les syndicats étaient massivement réunis devant chez Cargolux ce jeudi 14 septembre pour une grève rare. À 25.000 euros l’heure de vol «perdue», chiffre qui circulait dans les rangs des grévistes, l’impasse peut vite coûter cher.

Depuis 6h du matin, les syndicats LCGB et OGBL, ainsi que les salariés de la compagnie aérienne, ont pris possession de l’entrée du site de Cargolux au Findel. Des tentes, une scène pour les discours et un barbecue: les grévistes se sont installés avec l’intention de tenir les lieux pour plusieurs jours, d’autant que la manœuvre de la direction, la veille, n’a fait que remonter les troupes.

«Mettre en avant les primes et pour tenter de discréditer nos revendications, c’est vraiment de la manipulation. Cela avait pour but de nous montrer du doigt, cela nous a surtout confortés dans l’idée de participer à ce mouvement de grève», ont répété plusieurs grévistes. «Une journée de grève coûte autant à la direction que ce que l’on demande avec les 6% d’augmentation salariale», a lancé un responsable syndical.

25.000 euros par heure de vol prévue, tel serait le coût de l’immobilisation d’un avion Cargolux. C’est en tout cas le chiffre qui circulait dans les rangs des grévistes devant le siège de Cargolux ce jeudi 14 septembre.

Pendant toute la journée, l’occupation des lieux s’est présentée davantage comme un piquet de protestation dans la mesure où les grévistes n’ont pas bloqué les accès au siège. Les camions de livraison et les salariés souhaitant travailler sont libres d’entrer et sortir du site. «Nous n’avons pas l’intention de montrer du doigt ceux qui veulent travailler, ni même de bloquer l’accès», a précisé le secrétaire syndical du LCGB, Paul de Araujo, en charge du secteur de l’aviation.

Près de la moitié des avions cloués au sol

Selon les syndicats, «près de 700 personnes» se sont réunies devant les grilles du siège de Cargolux. Concrètement, dès 6h du matin, les salariés ont débrayé. Avant midi, toujours selon les syndicats, 12 avions Cargolux n’ont pas décollé dont quatre au Findel, deux à Bakou (Azerbaïdjan), un à Chicago et un à Houston (États-Unis), un à Dubaï et un à Hong Kong. Soit 12 avions cloués au sol sur la matinée alors que Cargolux dispose d’une flotte de 30 avions. «L’ensemble des pilotes ont suivi le mouvement de grève», se félicite-t-on dans les rangs des grévistes.

«La maintenance et la logistique ont également suivi», s’est félicitée la secrétaire syndicale de l’OGBL, Michelle Cloos, en charge du secteur de l’aviation. «Les avions qui volent sont pilotés par des pilotes faisant partie de l’équipe managériale», ont souligné les syndicats. 

À noter que la division de l’Association luxembourgeoise des pilotes de ligne (ALPL) auprès de Luxair s’est déclarée entièrement solidaire avec les revendications «légitimes et justifiées du personnel entier de Cargolux».

Pourtant, deux avions Cargolux ont bien décollé du Findel dans la matinée. L’un pour Bahreïn, l’autre pour le Mexique. «Effectivement, l’un des deux avions devait transporter des chevaux», a expliqué Michelle Cloos de l’OGBL. Dans l’après-midi, selon le Flightradar24, trois autres avions Cargolux ont décollé depuis le Findel.

Du côté de la direction de Cargolux, pas de commentaire. La compagnie a uniquement confirmé avoir constaté des employés en grève tout en mettant en avant sa dernière offre dans le cadre des précédentes négociations avec les syndicats.

«Mercredi soir, à 20h, nous avons reçu la proposition que la direction avait présentée un peu plus tôt à la presse. Mais elle n’a pas demandé d’entamer de nouvelles négociations. L’attitude du directeur de Cargolux est irresponsable et étonnante», a lancé Paul de Araujo.

«Encore une fois, nous avons tout fait depuis un an pour éviter d’arriver à cette action. Nous avons pour tradition de recourir au dialogue social, mais la direction de Cargolux, une société avec un actionnariat étatique, ne nous a pas laissé le choix. Faire grève est une décision difficile, cela coûte de l’argent aux salariés et demande également un effort physique et mental», a dit la présidente de l’OGBL, , présente au milieu des grévistes aux côtés de son homologue du LCGB, .

La dernière grève remonte à 2018

Cette grève est une première au sein de l’histoire récente de Cargolux. «En 2015, un grand nombre de certificats de maladie avaient été déposés au même moment en guise de protestation, mais effectivement, une grève est une première pour la compagnie», avait expliqué devant la presse, mercredi.

Au Luxembourg, les grèves sont effectivement assez rares. au sein de la maison de soins an de Wisen à Bettembourg en juin 2018. Avant cela, en décembre 2014, pendant deux jours.