Grégoire Yakan est à Las Vegas. Avec un agenda très précis… et pas question de s’en détourner, efficacité oblige. (Photo: Grégoire Yakan)

Grégoire Yakan est à Las Vegas. Avec un agenda très précis… et pas question de s’en détourner, efficacité oblige. (Photo: Grégoire Yakan)

Comment s’y retrouver quand on est un «petit» entrepreneur innovant venu d’un «petit» pays lors de l’énorme Consumer Electronics Show de Las Vegas et ses dizaines d’annonces technologiques? Conseils éclairés et événements à suivre avec Grégoire Yakan (Koosmik et Batipart).

L’exercice finit toujours par être «amusant»: à quelqu’un qui se vanterait d’aller au CES de Las Vegas sur les réseaux sociaux, demandez-lui: «Pour faire quoi?» Face au flou de la réponse, insistez un peu jusqu’au haussement d’épaules. Car le plus gros salon technologique du monde est aussi magique que frustrant.

«Il ne s’agit pas d’aller à Vegas pour s’éclater pendant quatre jours», glisse Grégoire Yakan, arrivé dans la capitale mondiale du jeu sous la double casquette de CEO de Koosmik et de veilleur technologique de Batipart. «Il y a au moins 50 conférences en même temps à chaque instant, il faut accepter de rater des trucs. Et ne pas changer de plan pour aller voir au dernier moment l’écran incurvé de Samsung: des dizaines d’articles le présenteront très bien.»

Ses cinq conseils

1. Planifier un maximum de choses. «Vous allez toujours oublier quelque chose qui risque de vous placer en difficulté. Essayez donc de réserver vos billets d’avion bien en amont, d’arriver un peu plus tôt, quitte à prendre un hôtel un peu moins bien placé avant l’événement et un hôtel très bien placé pendant l’événement. Pensez à l’Esta et à toutes les formalités administratives, aux prises électriques, à une deuxième batterie parce que vous n’aurez pas le temps de recharger votre téléphone, à boire de l’eau parce que les journées sont longues.»

2. S’inscrire en ligne et récupérer son badge à l’aéroport. «La procédure du CES est un peu ‘lourde’ parce qu’ils demandent beaucoup d’informations, mais s’inscrire en ligne permet de récupérer son badge à l’aéroport et d’éviter des files.»

3. Cibler les gens à rencontrer et les événements et «side events» à suivre. «Je vais à Vegas sous la double casquette de CEO de Koosmik et de responsable technologique de Batipart. D’un côté, je veux nouer des contacts en vue de l’année prochaine pour la fintech et, d’un autre, identifier les tendances technologiques. Je prépare donc mes rendez-vous dans un agenda très précis et, sur mes temps morts, je reste prêt à mener des discussions lors de rendez-vous plus informels, comme marcher avec un dirigeant vers un événement, aller boire un café avec lui, etc. MyGlobalVillage s’est bien développé et il y a beaucoup d’événements à dimension communautaire auxquels on peut participer, comme le dîner de la délégation luxembourgeoise le 4 janvier (jeudi matin, à l’heure luxembourgeoise, ndlr).»

Le Las Vegas Convention Center West Hall.  (Photo: Shutterstock)

Le Las Vegas Convention Center West Hall.  (Photo: Shutterstock)

4. Ne pas louer de voiture. «La tentation est de louer une voiture pour être plus indépendant. Mais avec la forte affluence, cela va se transformer en cauchemar. Le trafic est très dense et vous risquez davantage de perdre du temps que d’en gagner! Avec le badge CES, les transports publics sont gratuits.»

5. Ne pas forcément louer un stand. «Hormis les coûts, si vous prenez un stand, vous êtes coincé là. À moins d’être plusieurs et d’augmenter les coûts. Alors que de pouvoir aller tranquillement d’un point à un autre permet de multiplier les contacts. Attention avec les rendez-vous après le CES, beaucoup de ceux qui viennent repartent aussitôt, y compris chez les Américains. Même quand il y a beaucoup d’événements en marge du CES.»

Ses cinq événements à suivre

Évidemment, si vous demandez à un geek de choisir cinq événements, il vous en donnera 10. Ou bien cinq, avant de rajouter celui-ci. Et celui-là. Sans oublier celui-là. Et Grégoire Yakan n’échappe pas au phénomène!

1. Le match BMW-Stellantis. «Si vous voyez le nombre de constructeurs et d’entreprises qui travaillent dans le domaine automobile, vous comprenez que c’est un sujet du CES 2023. Mais voir des dirigeants de grands groupes se déplacer eux-mêmes, alors qu’ils ne sont pas des geeks, ça en dit long sur l’importance qu’ils accordent à l’événement.»


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2. Le Leaders in Technology Dinner avec la CEO du Nasdaq, Adena Friedman. La première femme à diriger une bourse d’envergure mondiale en 2017 et occupée à la moderniser, y compris en demandant à la SEC d’ajouter des éléments sur la diversité dans les rapports que les sociétés cotées doivent publier.

3. L’intervention du CEO de Delta Air Lines, Ed Bastian. Le sujet est clé: fini de se contenter de capter l’attention d’un consommateur, il faut capter leur imagination, ce qui demande autant de créativité, de personnalisation et d’humanité. Une communauté engagée peut propulser n’importe quel créateur, marque ou idée au premier plan.

4. L’intervention de la CEO d’AMD, Lisa Su. «Si jamais elle venait dire que le monde doit s’attendre à une pénurie de puces électroniques, beaucoup de ceux qui ont des annonces à faire au cours du salon auraient le moral dans les chaussettes. C’est un sujet-clé parce que la plupart des appareils électroniques ou des voitures en comptent de plus en plus.»

5. Le Q&A sur les femmes dans la tech. Le monde a besoin de beaucoup plus de femmes à des positions de dirigeant ou stratégiques. Et le CES organise une session spéciale sur leurs rôles dans la tech, animée par Stephanie Dismore, directrice générale d’HP Amérique du Nord.

Grégoire Yakan a vainement tenté d’ajouter à sa liste de cinq événements d’autres événements, comme la partie Web3 de la verticale Metaverse, comme la discussion en live avec un astronaute depuis la station spatiale internationale, comme les sessions autour de la diversité et de l’inclusion, ou comme les Innovation Awards.

Quand on vous dit que le CES, qui commence officiellement le 5 janvier pour se terminer le 8, avec un décalage horaire de neuf heures (à 11h au Luxembourg, il est 2h du matin à Las Vegas), est aussi magique que frustrant…

Grégoire Yakan ne sera pas le seul Luxembourgeois sur place puisque Luxfactory, la Chambre de commerce, via son conseiller Amériques, Steven Koener, et le consul du Luxembourg à San Francisco, Daniel Da Cruz, emmènent une délégation d’une trentaine de personnes. On peut également voir, sur le site de MyGlobalVillage, que d’autres sont déjà inscrits à des événements sans être sur la liste luxembourgeoise.