Les militants de Greenpeace gardent Luxembourg dans leur collimateur. (Photo: Greenpeace)

Les militants de Greenpeace gardent Luxembourg dans leur collimateur. (Photo: Greenpeace)

Selon une étude commanditée par Greenpeace Luxembourg et Greenpeace Suisse, les fonds d’investissement durables ne détournent guère plus de capitaux vers des activités durables que les fonds conventionnels.

Pour l’ONG, l’actuel boom de la finance durable n’est que marketing et greenwashing. Elle «condamne ces pratiques de marketing vert trompeuses et appelle les décideurs politiques à adopter des normes contraignantes pour lutter contre le greenwashing et faire en sorte que les fonds durables soient conformes aux objectifs climatiques de l’accord de Paris».

Dans le détail, a porté sur 51 fonds durables et a été conduite par l’agence suisse de notation de la durabilité Inrate. Conclusion? «Les fonds en question ont à peine réussi à rediriger plus de capitaux vers une économie durable que les fonds conventionnels, ne contribuant pas à la lutte contre la crise climatique, et bluffant les propriétaires d’actifs qui souhaitent investir leur argent dans des projets durables. Les résultats de l’étude soulèvent de profondes questions sur le secteur financier du Luxembourg, qui est présenté comme un centre d’excellence pour la finance durable.»

«Proposer aux clients des produits financiers verts qui, comparés aux fonds ordinaires, n’apportent aucune contribution pertinente au développement durable, revient à faire du greenwashing», déclare Martina Holbach, chargée de campagne Climat et Finance chez Greenpeace Luxembourg.

Durcir les réglementations

«Les fonds analysés n’ont pas montré une intensité carbone significativement plus faible que les fonds conventionnels pour valoir ces appellations. Si l’on compare le score d’impact environnemental, social et de gouvernance d’entreprise (ESG) des fonds durables à celui des fonds classiques, le premier n’est supérieur que de 0,04 point, une différence négligeable.» Pour l’étude, les approches d’investissement analysées, telles que «best in class», fonds thématiques liés au climat ou «exclusion», n’ont pas non plus permis de réorienter davantage d’argent vers des entreprises et/ou des projets durables que les fonds ordinaires. 

Pour Greenpeace, «ce marketing trompeur est possible, car les fonds de durabilité ne sont pas tenus d’avoir un impact positif mesurable, même si leur titre implique clairement un impact durable ou ESG». 

Et Martina Holbach d’appeler à la mise en place de normes fiables en matière d’investissements durables, afin que les fonds durables qui suggèrent un impact positif sur l’environnement et la société répondent également à cette obligation.

Qu’en est-il de la taxonomie européenne contenue dans la directive SFDR, des amendements aux règlements sur l’étalonnage (benchmarking), la directive sur le reporting non financier des entreprises (NFRD) et la directive concernant les marchés d’instruments financiers (Mifid II)? «Un cadre réglementaire qui présente des lacunes et des insuffisances qui doivent être comblées afin d’obtenir les résultats escomptés.»

Pour Greenpeace Luxembourg et Greenpeace Suisse, «les responsables politiques doivent définir des standards juridiquement contraignants, suffisants et clairs en termes de transparence, de méthodologie et de normes minimales liées à l’impact des investissements durables. Les fonds en question doivent être tenus d’investir exclusivement dans des acteurs de l’économie réelle dont la trajectoire de réduction des émissions est conforme aux objectifs de l’accord de Paris.»