Entre Alexander Stevens, ici à gauche, et Elias Mrabet,  Sarah Lokman   a  reçu le prix international du concours de fintech du Climate Finance Day français, début novembre. (Photo: Greenomy)

Entre Alexander Stevens, ici à gauche, et Elias Mrabet, Sarah Lokman   a  reçu le prix international du concours de fintech du Climate Finance Day français, début novembre. (Photo: Greenomy)

Il ne suffit pas à l’Union européenne de dire qu’elle veut être neutre sur le plan du carbone en 2050, il faut amener entreprises et investisseurs à adopter les «bonnes» technologies. La taxonomie de 600 pages est presque impossible à absorber pour eux. Sauf pour Greenomy, déjà remarquée.

Depuis qu’ils ont compris que les 600 pages de la taxonomie du Green Deal européen étaient impossibles à digérer pour les entreprises comme pour les investisseurs, l'équipe Greenomy rêve de devenir les rois de la «green compliance» avec leur start-up, hébergée à la Lhoft, déjà primée à Paris début novembre et repérée par Pascal Bouvier et MiddleGame Ventures pour la deuxième édition du Nadifin , mais seulement en early stage.

Lancée en mars, appuyée sur un texte européen consolidé une première fois en juin, Greenomy lancera son produit en bêtatest en début d’année. L’équipe de huit personnes finalise son premier contrat avec un premier poids lourd.

Sarah Lokman (Head of sustainability), mettez des mots simples sur ce sujet qui agite entreprises et investisseurs en Europe. C’est quoi, Greenomy?

Sarah Lokman. – «La question est comment aider l’industrie à implémenter les règles de financement durable pour que l’Union européenne ait une chance d’atteindre les objectifs de son Green Deal, à savoir être neutre sur le plan des émissions de carbone en 2050. Le texte publié en juin comprend 600 pages et s’adresse à différents secteurs. Notre technologie est une plateforme sur laquelle les entreprises et les investisseurs vont rentrer des données et obtiendront un score. Ça permet aussi, dans la durée, de suivre leur évolution.

Quel genre de données vont-ils avoir à fournir et comment cela s’intègre-t-il dans leur logique de bilan?

«Nous avons encodé les 600 pages selon une arborescence, qui intègre aussi bien les rapports financiers que les mesures prises pour mitiger leurs émissions ou les externalités négatives. Aujourd’hui, seules les sociétés de plus de 250 employés en Europe doivent aussi publier des rapports ESG, non financiers.

Jusqu’ici, seules celles de plus de 500 employés devaient les faire auditer. Soit 6.000 entreprises où les auditeurs devaient certifier que les déclarations étaient bien conformes aux pratiques de l’entreprise. Bientôt, le seuil de l’audit sera abaissé aux entreprises de 250 salariés, soit 17.000 entreprises. Le greenwashing ne sera plus possible. D’un autre côté, les investisseurs et tous les fonds d’investissement veulent être ‘green compliant’, y compris jusqu’au prospectus.

, 57% des actifs des fonds communs de placement en Europe seront détenus dans des fonds prenant en compte les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance d’ici 2025, soit 7,6 billions d’euros (8,9 billions de dollars), contre 15,1% à la fin de l’année dernière. En outre, 77% des investisseurs institutionnels interrogés par PwC ont déclaré qu’ils prévoyaient de cesser d’acheter des produits non ESG dans les deux prochaines années. Et comme le document européen sera remis à jour en janvier, tous devront à nouveau être à jour.

Ce qui intéresse les investisseurs, c’est gagner de l’argent, non? Rien d’autre. Comment allez-vous aborder les différents acteurs? Parce que le paysage est assez hétérogène

«Oui et non. La crise du Covid montre que les ETF qui prennent en compte sérieusement les critères ESG ont de meilleures performances que les autres! À partir de là, la dynamique va s’accentuer et créer des actionnaires activistes qui vont pousser les entreprises à adopter cette nouvelle norme.

Notre solution s’adresse aussi bien aux grands cabinets d’audit, qui sont confrontés directement à la problématique, qu’aux entreprises elles-mêmes, quelle que soit leur taille, ou qu’aux institutions financières. Les banques qui financent les PME, par exemple, pourront avoir cette solution en marque blanche et offrir ce service à leurs clients entrepreneurs, tout en ayant une meilleure vue sur l’entreprise, et donc la possibilité de mieux les accompagner. C’est encore très tôt pour en parler, mais nous nous dirigeons vers un abonnement à des prix abordables pour les entreprises, en fonction de leur taille et de leur chiffre d’affaires, pour que toutes les PME puissent y avoir accès sans avoir à externaliser ce travail ou à recruter 50 experts, et pour les investisseurs.»