Même jumeau de Rob, Bert Boerman est le visage de Governance.com. À lui le développement commercial, à son frère – resté à Amsterdam – le développement technologique. Une complémentarité précieuse. (Photo: Governance.com)

Même jumeau de Rob, Bert Boerman est le visage de Governance.com. À lui le développement commercial, à son frère – resté à Amsterdam – le développement technologique. Une complémentarité précieuse. (Photo: Governance.com)

Après avoir atteint le «break even» l’an dernier, multiplié son chiffre d’affaires par trois et doublé le nombre de ses clients, Governance.com a mandaté des experts londoniens pour l’aider à lever 10 millions d’euros avant la fin de l’été. Rencontre phygitale avec les frères Boerman.

s’était promis de ne jamais installer sa fintech dans une «vieille» bâtisse. Governance.com s’est installée… dans une ancienne maison bourgeoise au 8, boulevard de la Foire, en avril 2020. Avec le confinement lié à la pandémie de Covid, ses collaborateurs n’ont pas pu aller visiter, smartphone en main, cette salle des coffres au sous-sol, vestige d’une époque révolue qui subsiste dans de nombreux endroits qui ont abrité une banque. Le CEO de Governance.com s’en amuse aujourd’hui, pas mécontent de montrer les bureaux qui n’accueillaient qu’une partie des 25 employés jusqu’à la fin de l’année dernière, l’autre étant basée à Delft, d’où travaille Rob, son jumeau, sur les développements technologiques.

«Nous avions levé trois millions d’euros juste avant la pandémie et c’est vraiment ce qui nous a permis de continuer à développer nos produits», explique-t-il au cours d’un rendez-vous, lui dans ses bureaux et son frère via Zoom, pour aborder une prochaine étape très attendue: la levée de 10 millions d’euros, confiée aux Londoniens d’Icon Corporate Finance, et qui devrait être bouclée avant la fin de l’été, pour bien faire.

 Surpris par la pandémie et son confinement, Governance.com avait prévu de déménager en avril 2020. Il a fallu patienter et poursuivre le développement de la fintech. (Photo: Maison moderne)

 Surpris par la pandémie et son confinement, Governance.com avait prévu de déménager en avril 2020. Il a fallu patienter et poursuivre le développement de la fintech. (Photo: Maison moderne)

«À la différence des premiers tours d’amorçage, nous aimerions avoir un investisseur qui soit déjà expérimenté dans les scale-up pour nous faire profiter de son expérience des montagnes russes. À chaque fois que tu as franchi une étape, tu penses que tu as fait le plus dur, mais en réalité, de nouvelles échéances se présentent régulièrement», détaille Bert Boerman.

2,5 millions d’euros et 41 nouveaux clients

À l’heure où de nombreuses sociétés de technologie freinent des quatre fers dans la perspective d’un automne de crise, Bert Boerman ne s’inquiète pas trop. «Avec 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaire l’an dernier, nous sommes profitables et nous avons un accord avec nos actionnaires sur un convertible, pour le cas où cela ne puisse pas se faire dans les délais. Mais il y a beaucoup de fonds qui ont encore des capitaux à investir et qui ont fait des promesses à leurs investisseurs, surtout au Royaume Uni et aux États-Unis.»

Pour la cinquième année de suite, la fintech qui offre une solution qui permet aux fonds d’investissement d’avoir une vision complète de leurs structures de fonds et de leur cadre de contrôle a doublé son chiffre d’affaires et a signé 41 nouveaux clients, qui ont rejoint des poids lourds comme Apex, la J. P. Morgan, BNP Paribas ou encore TMF Group ou Trident Trust. Aujourd’hui, sa solution est utilisée dans 80 pays et les effectifs devraient passer de 25 à 50 d’ici la fin de l’année et à 150 à la fin 2023.

Du sur-mesure de la gouvernance financière

«Notre point de vue est complètement différent de celui de beaucoup de nos concurrents», explique Rob Boerman. «Là où d’autres ne s’intéressent qu’à un bout de la problématique et développent un logiciel pour ce bout, nous sommes sur toute la chaîne et nous accompagnons nos clients», ce qui justifie d’avoir des collaborateurs qui parlent les bonnes langues, qui ont la bonne culture locale du monde de la finance et les bonnes compétences techniques.

«C’est aussi ce qui fait notre force», complète son frère. «Nous avons limité notre activité à l’asset management, domaine nettement moins grand que la globalité, mais de taille déjà très respectable.»

Sans compter qu’il est impossible d’offrir un outil pour tout le monde de la même manière. Le pouds de la legacy rend chaque acteur très différent de son voisin. Cette position holistique de la fintech classée dans le RegTech 100 cette année implique qu’elle a besoin de six semaines à six mois pour déployer sa solution – «le plus souvent, nous sommes dans la fourchette basse», promet Bert.

Dans la réalité, le conseil d’administration voit un aspect, puis en découvre un deuxième, un troisième et ainsi de suite, jusqu’à avoir une vision cohérente et que Governance.com implante sa solution.

La technologie pour libérer l’humain

Est-ce que c’est plus facile qu’il y a quelques années de convaincre des conseils d’administration? «S’ils voient que cela leur offre une nouvelle opportunité de faire des affaires parce que cela va plus vite et mieux que leurs concurrents, oui. D’ailleurs, on a souvent dit que la digitalisation allait s’accompagner de licenciements. On voit aujourd’hui que ce qui rend les institutions financières spéciales, ce sont les gens qui travaillent pour elles. Aujourd’hui, tout le monde peut avoir et traiter des données, mais il faut avoir les bonnes personnes», explique Bert Boerman.

«Au lieu d’utiliser des ressources sans atteindre les objectifs, nous leur permettons de gagner en efficacité en étant moins stressés et de donner une meilleure satisfaction à leurs clients», dit Rob Boerman.

Même l’excuse des changements permanents de réglementation «est un peu facile», balaie Bert Boerman. «La vérité, c’est que les changements sont connus 36 mois à l’avance. Il y a des changements au fur et à mesure, oui, mais c’est un peu comme ces étudiants qui attendent le dernier moment, juste avant leurs examens, pour travailler. Il y a beaucoup de règles, oui, mais aussi beaucoup de sociétés de conseil pour les aider à se poser les bonnes questions et à arriver jusqu’à notre solution.»

Sans compter qu’après Ralf Ferner (ex-directeur général de Seb) et (ex-CEO de KPMG), la start-up a annoncé début juin s’être entourée de  qui a transformé Talkwalker en un leader mondial et de George Valsamidis. Fini les fonds d’amorçage, Governance.com doit trouver du carburant pour décoller vraiment.

Cet article est issu de la newsletter hebdomadaire Paperjam Trendin’, le rendez-vous pour suivre l’actualité de l’innovation et des nouvelles technologies. Vous pouvez vous y abonner