Dans un scénario estimé ni trop pessimiste, ni trop optimiste, l’inflation devrait atteindre 6,6% en 2022 et 2023. Ce qui, dans le modèle luxembourgeois, signifierait trois nouvelles tranches indiciaires, plus celle reportée au printemps, donc 10% de hausse cumulée des salaires d’ici à octobre 2023. De quoi couper l’appétit à plus d’un chef d’entreprise et entrepreneur.
Ce combat contre les poussées inflationnistes va durer plusieurs mois. L’initiative du gouvernement visant à réunir à nouveau les partenaires sociaux autour de la table de la tripartite en septembre n’est que le début d’une longue bataille économique et sociale. Car le joug moscovite sur les livraisons de gaz à l’UE n’a pas seulement accéléré les réflexions sur le fait de consommer moins d’énergie. Le «Zesumme spueren – zesummen halen» du gouvernement, qui prône la sobriété énergétique pour réduire la consommation de gaz de 15%, est un élément parmi de nombreuses interventions à opérer. Les risques sont multiformes et quasiment tous exogènes.
La flambée des prix a révélé qu’il y a tout un marché à réinventer et à surveiller comme le lait sur le feu. À la fois pour compenser les pertes pour les ménages, et ainsi éviter une crise de la consommation, mais aussi pour maîtriser les coûts des entreprises et éviter une crise de la production côté employeur. Car le stress test s’étend au fonctionnement de l’économie en général. Les entreprises suffoquent et se consument entre autres face aux problèmes d’approvisionnement, à la rareté des matières premières et aux prix vertigineux des matériaux (+93% sur le bois, +86% sur le blé…). Leurs réserves financières sont par ailleurs limitées, après deux années de crise sanitaire.
Pour éviter un embrasement social et économique ces prochains mois, le gouvernement ne pourra pas utiliser le même logiciel que pour la crise du Covid. La solidarité de chacun est nécessaire, mais c’est toute la puissance de l’action politique qui doit endiguer une hyperinflation. Il faut combattre la menace d’une destruction massive du pouvoir d’achat et des capacités de production. Le gouvernement est obligé d’avancer à tâtons pour arbitrer entre des tarifs réglementés et des subventions directes, tout en prenant garde de limiter des effets d’auto-allumage de l’inflation. La situation fluctue au jour le jour. Le dernier mot de l’histoire n’est pas dit. Pour le gouvernement, c’est un état de vigilance totale et permanente jusqu’aux élections législatives d’octobre 2023.
Cet édito a été rédigé pour parue le 21 septembre 2022. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.
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