Le Premier ministre Xavier Bettel avait déjà balayé l’idée d’une compensation fiscale lors de sa rencontre avec le président Macron, en marge de la visite d’État luxembourgeoise en France en mars 2018. (Photo : SIP/Charles Caratini)

Le Premier ministre Xavier Bettel avait déjà balayé l’idée d’une compensation fiscale lors de sa rencontre avec le président Macron, en marge de la visite d’État luxembourgeoise en France en mars 2018. (Photo : SIP/Charles Caratini)

La petite phrase de Corinne Cahen en réaction à l’initiative de Metz et Trèves continue de faire son effet. Des élus lorrains ont réagi vendredi et le LSAP demande au gouvernement d’expliquer sa position.

Serpent de mer des relations du Luxembourg avec ses voisins, l’idée d’une compensation fiscale destinée à couvrir les frais d’infrastructures aménagées en France et en Allemagne pour absorber le flot de travailleurs frontaliers revient régulièrement à la charge. Surtout qu’un tel fonds a été en faveur de la Belgique.

Les maires de Metz et Trèves ont rallumé l’incendie au président français et à la chancelière allemande. S’attirant le , lors d’un débat public à Arlon, mardi.

«Dans leur lettre, les maires évoquent l’accord entre Genève et la France», avait avancé la ministre de la Grande Région lors de ce débat public. «Mais c’est faux: l’argent suisse arrive dans les caisses à Paris et ne repart pas en région.»

Nous ne pouvons pas tolérer de voir un membre du gouvernement luxembourgeois user de mensonges éhontés pour justifier l’accaparement des richesses créées par le travail frontalier.

Élus départementaux du Front de gauche de Meurthe-et-Moselle

De quoi faire bondir les élus du Front de gauche (gauche radicale) du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. «À l’approche des élections européennes, où tous nous rappellent la nécessité d’une coopération entre les peuples pour la construction de l’Europe sociale, nous ne pouvons pas tolérer de voir un membre du gouvernement luxembourgeois user de mensonges éhontés pour justifier l’accaparement des richesses créées par le travail frontalier», écrivent ces élus. «Dans le dispositif mis en place dans le canton de Genève, plus de la moitié de ce que reverse la Suisse est ensuite versé aux budgets des communes.»

Et c’est la philosophie que suivraient les élus lorrains si une compensation luxembourgeoise était instaurée. «Si d’aventure Mme Cohen manquait de connaissances en matière de coopération transfrontalière, ce qui pourrait expliquer la raideur de ses positions et de celles du gouvernement luxembourgeois en la matière, nous nous faisons un plaisir de la rassurer en lui rappelant ce que nous avons eu l’occasion de lui exposer: les communes françaises dans lesquelles résident les frontaliers seraient les premières bénéficiaires d’une compensation fiscale.»

Une question parlementaire prétexte

L’affaire fait également réagir au Grand-Duché, où les députés et tendent une perche au gouvernement, demandant dans une question parlementaire au ministre des Finances de «confirmer la position luxembourgeoise en la matière» et d’en préciser «les arguments».

Ils souhaitent aussi savoir «quelle est la base des ‘compensations’ versées à la Belgique et en quoi ce dossier [diffère] vis-à-vis des revendications formulées par les maires franco-allemands». Et les députés de conclure par une question davantage dirigée vers les maires de Metz et de Trèves que vers le ministre: «Nos partenaires ont-ils connaissance du fait que l’État luxembourgeois contribue à 30-40% au coût de la sécurité sociale luxembourgeoise, qui couvre tous les travailleurs au Luxembourg et leur famille, résidents ou frontaliers?»