Le CEO de Google, Sundar Pichai, ce mercredi soir sur la scène du Shoreline Amphitheatre de Mountain View, lors de la conférence qui marque la volonté du géant de reprendre la main dans la course à l’IA. (Screenshot: I/O Conference)

Le CEO de Google, Sundar Pichai, ce mercredi soir sur la scène du Shoreline Amphitheatre de Mountain View, lors de la conférence qui marque la volonté du géant de reprendre la main dans la course à l’IA. (Screenshot: I/O Conference)

Google a repris une longueur d’avance, ce mercredi 10 mai sur son campus, à l’occasion de la conférence I/O largement consacrée à l’IA… en attendant que Microsoft organise la sienne, Build, dans dix jours. Entre publicité et cloud, le marché en jeu est de 500 milliards de dollars.

Ils sont en tee-shirt sur un jean, en chemise à peine boutonnée correctement, rasés ou pas, assurés ou vaguement bafouillant. Ils incarnent la tech-cool-attitude. Les ingénieurs de Google, qui se succèdent sur la scène de la I/O conference du Shoreline Amphitheatre de Mountain View, n’ont qu’un point commun: après la soupe à la grimace du buzz autour de ChatGPT, ils ont retrouvé le sourire.

Il y a plus de dix ans que la guerre que se livrent Google et Microsoft autour de l’intelligence artificielle a commencé et ceux qui la résument au buzz ne sont que paresse incarnée. Ce qui l’accélère aujourd’hui, ce sont les sommes folles en jeu: les 224 milliards de dollars de recettes publicitaires engrangées par Google en 2022 avec Search, YouTube et Network et les 230 à 240 milliards de dépenses annuelles dans le cloud (dont 23% pour Microsoft et 10% pour Google).

ChatGPT, 700.000 dollars par jour

Si Google écrase la concurrence avec son moteur de recherche (90% des recherches mondiales), la perspective de voir l’intelligence artificielle d’OpenAI non seulement permettre une meilleure qualité des résultats, mais une possible «décentralisation» des moteurs de recherche ne le rassure pas plus que la perspective de voir son concurrent grappiller gentiment des parts de marché, derrière l’inamovible Amazon – ce qui lui permet d’avoir davantage de données pour entraîner ses modèles d’intelligence artificielle.

OpenAI, qui a déjà bénéficié d’un milliard de dollars de Microsoft, recevra prochainement dix nouveaux milliards de dollars. Cela ne suffira pas: il lui faudra lever à court terme près de 100 milliards pour atteindre ses objectifs. L’incroyable engouement lui coûte 700.000 dollars par jour – principalement la facture présentée par… Microsoft Azure pour faire tourner ses datacenters, mais avec 1,76 milliard de visites en avril, le chiffre va encore grimper.

Duet AI et Duet AI AppSheet: deux musts

Le CEO de Google, Sundar Pinchai, ne pouvait pas laisser la planète entière s’amuser à résumer ses pdf, préparer ses examens ou écrire des recettes de cuisine en une minute chrono. Ce mercredi soir, la société de Moutain View a livré une démonstration de force impossible à résumer en quelques mots – même avec ChatGPT – tant les nouveautés vont dans des directions tellement différentes.

Outre la mise à disposition de Bard, restons sur quelques pistes, dont la très remarquée Duet AI AppSheet qui va permettre de créer des applications intelligentes, directement à partir des flux de production de Google Work.

Deutsche Bank, Orange, Wendy’s, les précurseurs

Dans sa communication, diffusée quelques heures avant le début de la conférence, Google présente quelques gros poissons dans ses filets pour cette deuxième partie. Comme Deutsche Bank, qui va utiliser l’IA générative pour «fournir de précieuses informations aux analystes financiers et de favoriser l’efficacité opérationnelle et la rapidité d’exécution. En réduisant considérablement le temps nécessaire à l’exécution des opérations bancaires, les analystes financiers peuvent voir leur productivité augmenter tout en préservant la confidentialité des données clients, l’intégrité des données et la sécurité du système.»

Comme Orange – coucou Emailtree – qui compte ouvrir «un centre de contact de nouvelle génération avec Google Cloud. Avec des clients dans 26 pays, l’entreprise mondiale de télécommunications teste l’IA générative pour transcrire les appels, résumer les échanges entre les clients et les agents, et suggérer des actions de suivi possibles à ces derniers sur la base des discussions».

Ou comme Wendy’s, troisième entreprise de restauration au monde derrière McDonald’s et Subway, qui va déployer «Wendy’s FreshAI» en juin dans un restaurant de la région de Columbus, dans l’Ohio. Ou comment comprendre en une seconde la commande d’un client, même s’il marmonne, même s’il a des codes lexicaux d’adolescents parmi les milliards de possibilités de commandes parmi ses menus.

Les codeurs comme des coqs en pâte

Les développeurs, au cœur de l’intérêt de tous les géants de la tech, auront eu accès à Duet AI, sorte d’assistant dopé à l’IA pour développeurs dans le cloud, qui va permettre d’accélérer le développement du code, de le rendre meilleur et d’éviter les problèmes. 

Dans Vertex AI, ils auront accès à de nouveaux modèles: Codey (modèle de génération de code, permet d’accélérer le développement de logiciels grâce à la génération et à la finalisation de code, et au chat); Imagen (modèle de génération d’image, permet aux clients de générer et de personnaliser des images de qualité studio) et Chirp (modèle de reconnaissance vocale, permet aux entreprises d’approfondir les interactions avec leurs clients et leurs administrés, y compris dans leur langue maternelle, grâce au sous-titrage et à l’assistance vocale). Tous les trois accessibles via une API reliée au Generative AI Studio intuitif, et qui offrent «une sécurité et une fiabilité adaptées aux entreprises, notamment grâce au cryptage, au contrôle d’accès, à la modération de contenu et aux fonctionnalités de recension qui permettent aux organisations de voir les sources derrière les résultats générés par le modèle».

Si Google peut intégrer ces nouveautés, il le doit à son partenariat avec Nvidia et sa puissante GPU H100.

Et vous? Et moi?

Pas de panique, l’utilisateur moyen n’est pas oublié non plus. Avec le Duet AI pour Google Workspace, il pourra tester, dans le Workspace Lab, des fonctions comme:

–  Gmail: la possibilité de rédiger des réponses qui tiennent compte du contexte des fils de discussion existant, et l’expérience sera aussi disponible sur mobile.

– Slides et Meet: la possibilité de générer facilement des images à partir de descriptions textuelles. Les images personnalisées dans les présentations peuvent aider à donner vie aux récits, et dans Meet, elles peuvent être utilisées pour créer des arrière-plans personnalisés.

Sheets: l’automatisation de la classification des données et la création de plans personnalisés, ce qui permet d’analyser et d’organiser les données plus rapidement que jamais.

Toujours pas satisfait? Attendez donc que le Project Tailwind sorte du Lab de Google. À partir des documents individuels dans le drive de Google, chaque utilisateur pourra créer sa propre intelligence artificielle, l’outil idéal des étudiants a commenté le directeur principal de la gestion des produits chez Google, Josh Woodward. Mais probablement aussi des journalistes, des chercheurs, des spécialistes du knowledge management, des cabinets de consultants, des business analysts…