Comment éviter qu'une personne infectée n'infecte à son tour trois autres personnes? Par sa géolocalisation, ce que ne permet pas le RGPD. Alors les initiatives se multiplient pour le contourner. (Photo: Shutterstock)

Comment éviter qu'une personne infectée n'infecte à son tour trois autres personnes? Par sa géolocalisation, ce que ne permet pas le RGPD. Alors les initiatives se multiplient pour le contourner. (Photo: Shutterstock)

Google a décidé de livrer les données de localisation de millions d'utilisateurs dans 131 pays, dont le Luxembourg, à partir de ce vendredi et jusqu'à la fin de la crise. Avec deux petites astuces pour contourner le RGPD, soumis à d'autres pressions.

Formellement, Google n'en a pas le droit. Le géant américain le sait. Alors, rompant avec ses pratiques générales, il avait envoyé dès jeudi un communiqué sous embargo pour annoncer qu'il livrerait, à partir de ce vendredi, 2 avril, les données de géolocalisation des puces des smartphones, données réunies via son application Google Maps.

Seules petites précautions, l'Américain indique n'avoir retenu que les données des utilisateurs qui n'ont pas choisi l'"opt-out" de leurs données et les avoir anonymisées.

Dans la pratique, les utilisateurs valident à peu près tout le temps n'importe quelle pop-up qui s'affiche pour ne pas être exclu des services, c'est une des faiblesses du RGPD. Utiliser ces données parce que l'utilisateur ne s'y est pas opposé joue sur la corde raide du Règlement européen sur la protection des données. 

De quoi tout savoir de chacun d'entre nous à chaque instant à moins que l'on abandonne son smartphone chez soi pour s'affranchir de cette géolocalisation permanente.

-90% de fréquentation des restaurants et bars

Le groupe a publié les résultats dans 131 pays :

- la fréquentation des restaurants, bars, shopping, musées a baissé de 90% par rapport au dimanche 8 mars. En réalité, on voit très clairement que le chiffre a mis jusqu'au 22 mars pour descendre jusque-là;

- la fréquentation des gares et lieux de mobilité a diminué de 78% à partir du 15 mars;

- la fréquentation des supermarchés et pharmacies a diminué de 70%, après avoir augmenté de plus de 40% les jeudi 12, vendredi 13 et samedi 14, le moment où tout le monde est allé faire des provisions en perspective d'un confinement encore mal défini;

- les lieux de travail ont vu leur fréquentation baisser de 60%, ce qui signifie a contrario que quatre personnes sur dix continuent à travailler comme avant, c'est un indicateur intéressant;

- la localisation résidentielle a augmenté de 23%, ce qui semble assez en ligne à la fois avec le nombre de frontaliers et la baisse de la fréquentation des lieux de travail.

L'autre initiative européenne lancée en Suisse

Pourquoi publier ces données? Pour forcer la main des autorités dans la lutte contre le coronavirus et accessoirement essayer de détruire le RGPD. Les exemples asiatiques, en Chine ou à Hong Kong, montrent que la localisation a été une partie de la solution à la lutte contre la pandémie. Une dizaine de pays s'interrogent ou ont déjà trouvé des débuts de solution.

Par exemple, la Pologne a invité ceux qui étaient infectés à rester joignables pour pouvoir, par un SMS, attester qu'ils étaient bien à résidence. D'autres rêvent de pouvoir alerter sur la présence de cas positifs dans un voisinage immédiat.

D'autres, comme en France, ont lancé une Corona-App, dans laquelle les utilisateurs acceptent que leurs données soient utilisées, ce qui suffit. Problème, si elle n'est pas généralisée, les données ne sont pas assez pertinentes pour être utiles.

Ceux qui citent des exemples liés à Ebola ou aux Asiatiques oublient que depuis mai 2019 est entrée en vigueur le RGPD, c'est toute la différence. . Et invite les gouvernements qui souhaiteraient utiliser les données de localisation à utiliser la directive e-Privacy, qui requiert une adaptation de la loi, par pays.

Depuis hier, à Luxembourg, le président de l'Association des professionnels de la société de l'information (APSI) et membre du conseil d'administration de Digital Europe, Jean Diederich, invite à rejoindre

L'idée est un traçage de proximité, via Bluetooth, et pas par une autorité centrale, promettent ses auteurs. En gros, si quelqu'un est positif, il recevrait une sorte de code TAN de son autorité de santé, qui désignera sa proximité dans une zone géographique de tout le monde sans pouvoir être isolé. Si par exemple, vous vous vouliez aller dans un supermarché, vous verriez tout de suite si un ou plusieurs ou trop de personnes infectées s'y trouvent.

Problème, l'infrastructure doit bien elle aussi être gérée de manière centrale et donc potentiellement, puisque les codes spéciaux sont délivrés aux utilisateurs infectés, désigner nommément ces personnes à partir de leur numéro de téléphone portable.

«On doit booster ça maintenant!», s'emporte le partner de chez Wavestone.