Comme le F35 américain, avion de chasse à 2.000km/h, l’ordinateur quantique fait rêver les géants des technologies. Comme lui, il est encore fragile. (Photo: Shutterstock)

Comme le F35 américain, avion de chasse à 2.000km/h, l’ordinateur quantique fait rêver les géants des technologies. Comme lui, il est encore fragile. (Photo: Shutterstock)

Et si Google était le premier à résoudre des problèmes (mathématiques) qu’aucun autre ordinateur n’est capable d’imaginer, pas même les supercalculateurs, comme celui que le Luxembourg va s’acheter?

Imaginez une grande ligne droite sans policier ni radar. Une Ferrari F70, 0 à 100km/h en 2,6 secondes. Vitesse de pointe, 350km/h. Vous êtes au volant, vous appuyez sur le champignon. Vous, vous êtes le supercalculateur. Intouchable. Vous pensez que vous avez la voiture la plus rapide au monde... quand déboule dans vos rétroviseurs un F35. Lancé à 2.000km/h, l’avion de chasse américain vous laisserait sur place comme si vous étiez au volant d’une vieille 2CV. C’est l’ordinateur quantique. 

En réalité, un ordinateur quantique de 4qbits (un bit qui peut être 0 ou 1, et en même temps) va 16 fois plus vite qu’un ordinateur à 4bits. Cette puissance de calcul est doublée à chaque nouveau qbit. À partir de 50qbits, l’ordinateur quantique peut battre n’importe quel supercalculateur de la planète.

Des sociétés privées comme IBM, Intel ou Google, à des États, comme la Chine, les États-Unis ou la France, le monde entier galope derrière cette nouvelle génération d’ordinateurs, qui excite les scientifiques depuis longtemps.

Trois mois pieds au plancher

Cette semaine, le F35 vient de doubler la Ferrari.

 Hartmut Neven que l’ordinateur quantique sur lequel travaille Google est capable d’atteindre un niveau jamais atteint de calculs simultanés. 

«En décembre 2018, les chercheurs de Google AI ont effectué un calcul sur le meilleur processeur quantique de Google. Ils ont été capables de reproduire le calcul en utilisant un ordinateur portable classique. Puis, en janvier, ils ont effectué le même test sur une version améliorée de la puce quantique. Cette fois, ils ont dû utiliser un ordinateur de bureau puissant pour simuler le résultat.

En février, il n’y avait plus, dans le bâtiment, d’ordinateurs classiques capables de simuler leurs homologues quantiques. Les chercheurs ont dû demander du temps de calcul sur l’énorme réseau de serveurs de Google pour y parvenir», a raconté l’Allemand né à Aix-la-Chapelle.

En trois mois seulement, Google aurait atteint un nouveau record, sachant que son précédent record était, en mars, un processeur Bristlecone de 72qbits. Il y a trois ans, Google avait commencé des tests sur Edison, son ordinateur le plus évolué. À 42qbits «seulement», il fallait déjà 70 téraoctets de mémoire, l’équivalent de 10.000 PC haut de gamme. Passer à 48qbits était impossible, il fallait 2.252 pétaoctets de mémoire. Le double du plus puissant des superordinateurs.

La surchauffe, ce problème

Le hic, c’est qu’il ne suffit pas d’avoir des chevaux sous le capot, encore faut-il que le moteur ne surchauffe pas.

C’est justement le problème de l’ordinateur quantique: la décohérence. Plus il monte dans les tours, plus les erreurs de calcul se multiplient. Il chauffe. Pour bien fonctionner, il lui faut une température de zéro absolu, soit moins 273 degrés.

Cela suffit à relativiser pour l’instant cette avancée.

Mais la loi de Moore, Gordon Moore, rien à voir avec 007, a peut-être rejoint les bibliothèques poussiéreuses de l’Histoire. Jusqu’ici, cette théorie affirmait que la taille des microprocesseurs double tous les 18 mois. Du coup, non seulement nos ordinateurs et autres smartphones deviennent de moins en moins chers, mais surtout ils sont de plus en plus puissants et dans nos poches, au lieu d’occuper des salles entières.

Face à l’accélération de la production de données, le chimiste et physicien américain avait prédit, dès 2007, que sa loi n’allait pas tarder à être périmée, parce que les limites physiques de la micro-électronique seraient atteintes entre 2017 et 2022. Ce que ce milliardaire américain, fondateur d’Intel, n’avait pas vraiment prévu, c’est qu’il le devrait à l’ordinateur quantique.

À quoi cela va-t-il servir? À tous les domaines de l’intelligence artificielle, mais dans une autre dimension.