Le glamping a le vent en poupe au Luxembourg. Après , voici que l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils (OAI) a organisé de nouveau un concours pour la conception d’hébergements touristiques. Cette fois-ci, c’est avec la Direction générale du tourisme qu’il a fait équipe pour stimuler la création de nouveaux types d’hébergements touristiques en milieu rural.
Ces hébergements insolites de haute qualité architecturale sont destinés à une implantation dans des lieux touristiques existants, des campings par exemple. Pas moins de 26 dossiers ont été soumis aux avis du jury présidé par l’architecte Michelle Friederici, également présidente de l’OAI. C’est le projet conçu par l’équipe de Saharchitects qui a remporté la première place. Les deuxième et troisième prix ont respectivement été décernés au projet «Yook» du bureau Sideshore Architecture + Urbanism et «Schauteng» du bureau Paul Mathey Architecture & Design. Outre les trois prix, les projets «Assemblage» du bureau Etudes F et «ready MADE» du bureau YO Studio ont été récompensés d’un prix spécial chacun.
Par ailleurs, les projets «Le shed» du bureau Aeco Atelier d’Architecture, «Den Polyreflekt» de Joni Da Cruz, «3^Eck» du bureau Medinger Architecture, «Den Buergi» du buerau Niche(s) Atelier d’Architecture et «De Minett» d’Alban Wagener ont chacun reçu une mention.
Un concours anonyme et ouvert
Le concours était un concours anonyme et ouvert aux bureaux membres de l’OAI ayant un effectif de maximum cinq personnes. Cela était donc pour une fois l’occasion de mettre en avant les petites équipes, ainsi que les bureaux plus jeunes.
L’objet du concours était de réaliser une structure modulaire hors réseau pouvant accueillir deux à quatre personnes sur une emprise au sol ne dépassant pas 25m2. Les coûts de construction (hors frais de transport, terrassement, ameublement) ne devaient pas dépasser 80.000€.
Par ailleurs, le jury devait examiner plus particulièrement l’originalité du concept, la qualité architecturale et la fonctionnalité, le respect de l’identité régionale et le principe d’une construction durable.
Tourelle nouvelle génération
Le projet lauréat s’inspire des différentes régions du Luxembourg. Le bureau étant installé dans la vallée des Sept Châteaux, les architectes se sont inspirés de l’architecture médiévale de cette région, dont la «tour de guet» («Tirmchen» en luxembourgeois, le nom du projet). De la Minett, ils ont retenu l’utilisation de l’acier pour les pieds qui supportent la cabane. Le bois des nombreuses forêts du territoire est mis en valeur dans le système constructif qui est laissé apparent. «Nous avons voulu réduire au maximum l’emprise au sol», explique Sahar Azari, architecte fondatrice du bureau Saharchitects. «C’est pour cela que nous avons surélevé la cabane sur une structure en acier, ce qui permet aussi de dégager la vue depuis l’intérieur.»
Le projet est en outre pensé en modules scindables pour faciliter son transport et son implantation. Ces modules sont ainsi empilés, afin de limiter l’impact au sol et laisser celui-ci intact.
Au niveau énergétique, le projet peut être «off the grid» ou utilisé en «plug and play». «Nous avons prévu une tour de production énergétique avec un poêle à bois pour la production de chaleur, un panneau solaire pour la production électrique et un réservoir d’eau de pluie avec un système de filtre pour l’utilisation dans la douche et pour la vaisselle», explique Maude Rentmeister, du bureau Saharchitects.
Les architectes ont par ailleurs prévu plusieurs versions de leur projet. Ainsi, à côté de la cabane standard, a été envisagée une cabane dont l’accès est facilité pour tous, avec une rampe légèrement inclinée et un espace intérieur plus vaste permettant d’accueillir une personne PMR ou une famille avec des enfants en bas âge. Cette approche permet de répondre au concept du «Tourisme pour tous». «Nous avons aussi anticipé l’installation de plusieurs cabanes les unes à côté des autres. Ces rampes d’accès permettent de créer des chemins de promenades et de travailler l’implantation des différents habitats comme un petit village», poursuit l’architecte Paolo Palomba.
Encore des étapes à franchir
À l’heure actuelle, seuls l’étude de faisabilité et un budget provisoire sont élaborés. La Direction générale du tourisme s’est engagée à faire élaborer les plans d’exécution et à trouver des investisseurs intéressés dans la mise en œuvre de ces habitats innovants.
C’est d’ailleurs peut-être le point faible de ce dossier, à savoir que le concours n’a, à l’heure actuelle, pas de réels clients mais uniquement des clients potentiels. Il revient donc au ministre du Tourisme, (DP), et à ses équipes, de convaincre les différents acteurs professionnels et communaux de l’intérêt d’avoir de tels logements sur leurs terrains pour que le projet voie le jour. «Nous allons diffuser une brochure qui présentera le projet et son mode constructif. Les personnes intéressées devront alors trouver les financements pour réaliser ces projets qui pourront aussi rentrer dans les demandes de subsides du plan quinquennal», a précisé le ministre. «J’ai bon espoir que les premiers projets verront le jour en 2024.»
Une exposition des 26 panneaux présentant les projets est organisée jusqu’au 30 juin 2023 (Lu-Ve: de 8h30 à 17h30) au siège OAI (6, bd Grande-Duchesse Charlotte à Luxembourg) et le site reprend tous les 26 projets proposés.