Bernard Delbecque: «L’Union européenne de l’épargne et de l’investissement doit adopter une approche ambitieuse pour s’assurer que la gestion d’actifs continue à jouer un rôle central dans le soutien et le développement de l’économie européenne.» Photo de l’événement: Efama

Bernard Delbecque: «L’Union européenne de l’épargne et de l’investissement doit adopter une approche ambitieuse pour s’assurer que la gestion d’actifs continue à jouer un rôle central dans le soutien et le développement de l’économie européenne.» Photo de l’événement: Efama

Les gestionnaires d’actifs européens sont en bonne voie pour gérer 33 milliards d’euros d’ici 2024, grâce à la forte croissance des investissements de détail et des stratégies passives, ainsi qu’à leur rôle important dans le financement de l’économie européenne, selon l’European Fund and Asset Management Association (Efama).

Le secteur européen de la gestion d’actifs est en bonne voie pour gérer 33 milliards d’euros d’actifs d’ici à la fin 2024, selon le dernier rapport de l’Association européenne de la gestion d’actifs et de fonds. La seizième édition de son rapport «Asset Management in Europe», , fournit une vue d’ensemble des tendances et des développements qui façonnent le secteur.

Croissance des actifs sous gestion

Les actifs sous gestion en Europe ont connu une augmentation notable de 8,3% en 2023, alimentée par la hausse des valorisations des actions et des obligations. Les marchés boursiers ayant maintenu leur trajectoire haussière tout au long de l’année, l’Efama estime que les actifs sous gestion en Europe ont atteint un nouveau sommet de 32,7 trillions d’euros à la fin du mois de septembre 2024. Il s’agit d’une étape importante pour l’industrie, les perspectives de croissance restant solides pour le reste de l’année.

Le rapport révèle également que l’activité de gestion d’actifs en Europe reste fortement concentrée dans un nombre restreint de pays. Six pays – le Royaume-Uni, la France, la Suisse, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie – représentent près de 85% de l’activité totale de gestion d’actifs de la région. Le Royaume-Uni reste le plus grand marché, suivi de près par la France et la Suisse.

Le rôle des gestionnaires d’actifs dans le financement de l’économie européenne reste essentiel. À la fin de l’année 2023, les gestionnaires d’actifs détenaient environ 6,6 milliards d’euros de titres de créance émis dans l’UE et 3 milliards d’euros d’actions cotées émises dans l’UE, soit 28% de l’ensemble des titres de créance émis dans l’UE. Cela représente 28 % de l’ensemble des titres de créance et 27% des actions cotées émises par des sociétés résidentes de l’UE et d’autres émetteurs. Cela souligne la contribution significative des gestionnaires d’actifs à la fourniture de financements vitaux pour les entreprises et les gouvernements européens, a déclaré le groupe professionnel.

Clients particuliers

Le rapport souligne une évolution croissante vers l’investissement de détail, la part des clients de détail dans le total des actifs sous gestion passant de 26 % en 2019 à 30,8 % à la fin de 2023. Cette hausse reflète l’intérêt croissant des investisseurs particuliers européens pour les investissements sur les marchés de capitaux. Les fonds négociés en bourse (ETF) sont devenus particulièrement populaires auprès des investisseurs particuliers, car ils offrent une approche rentable et diversifiée de l’investissement. Les ETF, qui sont généralement passifs et indiciels, sont devenus le véhicule préféré des ménages à la recherche d’une large exposition aux marchés des capitaux.

Répartition des actifs

Les tendances en matière d’allocation d’actifs au sein du secteur européen de la gestion d’actifs ont également évolué en 2023, sous l’effet de la hausse des valorisations des actions et des obligations. La proportion d’actions et d’obligations dans les portefeuilles des gestionnaires d’actifs a augmenté, les obligations connaissant une progression particulièrement rapide de leur part de marché. Cette évolution en faveur des obligations reflète la forte demande pour les fonds obligataires, qui sont devenus la catégorie de fonds la plus vendue de l’année. De nombreux gestionnaires d’actifs ont également rééquilibré leurs portefeuilles en faveur des obligations en prévision d’éventuelles baisses de taux en 2024.

Investissement passif

L’une des tendances les plus notables en 2023 a été la croissance continue de l’investissement passif. La part de marché de la gestion d’actifs passive est passée de 16,1% à 17% au cours de l’année, une tendance largement due à la popularité croissante des ETF. L’investissement passif, caractérisé par des coûts plus faibles et un accent mis sur la réplication des indices de marché, reste la stratégie préférée de nombreux investisseurs, en particulier dans le contexte des pressions continues sur les frais au sein de l’industrie.

Marges bénéficiaires

Malgré la croissance globale des actifs sous gestion, le secteur de la gestion d’actifs a dû faire face à des difficultés pour maintenir sa rentabilité. Les marges bénéficiaires opérationnelles sont tombées à 11,1 points de base des actifs sous gestion moyens en 2023, le niveau le plus bas depuis la crise financière de 2008. L’Efama a attribué ce déclin à une combinaison de pressions soutenues sur les frais et de coûts opérationnels croissants, en particulier dans le domaine de la technologie. L’augmentation des investissements dans la technologie, bien que nécessaire pour l’efficacité et l’innovation, a exercé une pression supplémentaire sur les marges bénéficiaires.

, Bernard Delbecque, directeur principal de l’Efama, s’est dit préoccupé par la baisse des marges bénéficiaires dans le secteur. Il a déclaré: «La baisse des marges bénéficiaires opérationnelles, due à la pression soutenue sur les frais et à l’augmentation des coûts, est une source d’inquiétude, car l’Europe a besoin de gestionnaires d’actifs compétitifs pour constituer une source vitale de financement stable et à long terme pour son économie». M. Delbecque a souligné la nécessité d’une union européenne de l’épargne et de l’investissement solide, qui adopterait une approche ambitieuse pour garantir que les gestionnaires d’actifs puissent continuer à jouer un rôle central dans le soutien de la croissance économique de l’Europe.

Cet article a été rédigé initialement en anglais, traduit et édité pour le site de Paperjam en français.