Il y a six ans que le Lydian Group, dont l’existence a été annoncée avant l’été, investit dans des entreprises du web 3.0. Mais pour Gerard Lopez, après l’euphorie des premières heures, le «big» moment arrive. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Il y a six ans que le Lydian Group, dont l’existence a été annoncée avant l’été, investit dans des entreprises du web 3.0. Mais pour Gerard Lopez, après l’euphorie des premières heures, le «big» moment arrive. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Gerard Lopez a ouvert la Luxembourg Blockchain Week, lundi soir à la Coque, avec sa «nouvelle» activité: le monde des cryptos et de la blockchain. Passionné de sport et de technologies, l’entrepreneur est sûr que le bon moment arrive.

Emilie Allaert voulait des têtes d’affiche qui sortent des clous plutôt que des habitués ronronnants de la scène crypto. Avec , la head of Luxembourg Blockchain Lab a été servie, lundi 3 octobre en soirée, dans l’amphithéâtre de la Coque, à l’ouverture de la Luxembourg Blockchain Week. 

À peine débarqué de Californie, l’entrepreneur à succès et président des Girondins de Bordeaux a donné une perspective à ses activités, révélées au début de l’été: le CEO du Lydian Group, holding créée avec Greg Fishman à Londres, a mis des tickets dans une douzaine d’entreprises du web 3.0, comme (44% de parts de marché dans l’information sur les cryptos), comme les échanges ou , ou aussi comme les sociétés NFT ou .

Quel est le sens à donner à l’annonce de votre groupe?

Gerard Lopez. – «C’est un peu comme tout ce qu’on a pu faire dans le domaine de la techno. Il y a une certaine boule de cristal qui m’a permis d’avoir du succès et qui, il y a cinq ou six ans, s’est éclaircie à nouveau autour de la blockchain. J’avais regardé différents dossiers. J’ai assez vite compris l’importance que cela pouvait avoir. 

Ce qui se passe maintenant est un cycle naturel pour toutes les technologies, renforcé ici par le fait que le marché des technologies en général a pris cher ces neuf derniers mois. Les cycles se raccourcissent, mais c’est toujours la même chose: vous avez une première période d’adoption par des gens qu’on appelle aujourd’hui des ‘early adopters’, ceux qui dans les années 1960-1970 étaient surtout des chercheurs – c’est comme ça qu’est né internet, de gens qui utilisaient les ordinateurs pour transmettre des messages –; puis il y a, une fois que ça prend, une sorte d’excitation généralisée, tout le monde veut y aller, qui plus est quand il s’agit d’instruments financiers, il y a l’appât du gain; et là, on entre dans la phase intéressante.

C’est là que vous avez un premier nettoyage. Dans la phase d’excitation, il devient très difficile de monter de bonnes boites, parce que vous avez énormément d’argent qui va dans des projets moyens ou même parfois mauvais. Cet argent permet d’attirer du talent, ce qui rend très compliqué pour nous d’avoir des gens à des salaires normaux, même élevés. 

La banque née il y a 500 ou 600 ans dans sa forme moderne n’a pas beaucoup évolué, parce qu’il n’est pas facile pour le système bancaire d’évoluer.
Gerard Lopez

Gerard LopezCEO du Lydian Group

Ce nettoyage s’opère à la vue de tout le monde sur le marché, les cotations, la perte de valeur du bitcoin ou d’ethereum, la perte d’argent sur leurs portefeuilles. Ce n’est que la petite partie visible de l’iceberg.

La grosse partie est qu’en fait, il y a une décorrélation de la capacité intellectuelle et de l’argent. Tout à coup, l’argent est un peu plus difficile à trouver et le talent devient plus facile à trouver, les idées deviennent meilleures, les boites deviennent nettement meilleures. Avant, des boites levaient 100 millions. C’est facile de monter un truc avec 100 millions. Aujourd’hui, ces boites ne lèvent plus que 2, 3 ou 5 millions pour la même idée. Ça devient beaucoup plus efficace en termes d’utilisation de capital. Dans chaque cycle technologique comme ceux que j’ai connus, les browsers, les télécoms, l’e-commerce et la voiture électrique, etc. La seule industrie qui n’a pas été prise par ce cycle, parce qu’elle aura toujours besoin de beaucoup d’argent, c’est celle de la voiture électrique. Les investissements resteront énormes. À chaque fois, une industrie beaucoup plus solide se construit là-dessus. 

Comment fait-on pour séparer les «cowboys de la première heure» comme vous les appelez, de ceux qui ont un avenir plus durable?

«On voit les gros comme FTX ou Coinbase en train de licencier les gens qu’ils avaient recrutés alors qu’ils n’en avaient pas besoin, pour bloquer les concurrents. Aujourd’hui, ils ont des difficultés, ils coupent 30-40%. 

Ce qui se construit sur ces fondations ébranlées à ce moment-là. Aujourd’hui, tout ce qui est ICO, tokénisation et tout ça, ça a absolument un futur.

Il n’est pas normal qu’aujourd’hui, si j’ai envie d’envoyer de l’argent ou d’effectuer un paiement, cela prenne quelques heures ou quelques jours alors que je pourrais le faire en temps réel à un cout quasi nul et dans des conditions de sécurité accrues. Il n’est pas normal que le système bancaire soit ce qu’il est aujourd’hui. Quand j’en parle, les gens pensent que je critique les banquiers. Non. Je constate que cette industrie née il y a 500 ou 600 ans dans sa forme moderne n’a pas beaucoup évolué, parce qu’il n’est pas facile pour le système bancaire d’évoluer. Chaque fois qu’on rajoute un système à une banque, il se rajoute à 40 autres systèmes qui ne parlent pas entre eux, il n’y a pas de temps réel. Ce poids du passé fait que nous sommes dans un monde hyperconnecté, sauf pour notre argent. Il n’est pas normal qu’on ait des billets dans la poche. Même pas des cartes de crédit. C’est quelque chose d’assez ancien…

Si le minage du bitcoin était si gourmand en énergie, pour Gerard Lopez, c’est qu’il n’avait pas besoin de se soucier de cette question au moment où les cours s’envolaient. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Si le minage du bitcoin était si gourmand en énergie, pour Gerard Lopez, c’est qu’il n’avait pas besoin de se soucier de cette question au moment où les cours s’envolaient. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Les blockchains, pour l’instant, n’arriveraient pas à absorber le volume des transactions des uns ni des autres…

«Quand un développement économique concerne des technologies moyennes, vous n’avez pas besoin de revoir vos technologies. Quand le marché commence à se corriger, automatiquement, tous les efforts sont faits… Prenons l’exemple du mining. Le mining n’a pas été très efficace pendant des années. Les mineurs n’avaient pas besoin d’être efficaces. Si vous avez assez d’argent pour vous payer des serveurs et de l’électricité, pourquoi vous embêter avec cela, autant travailler sur ce qui rapporte de l’argent, le produit final. Les cartes utilisées pour faire du mining étaient des cartes vouées à des systèmes différents, des cartes graphiques, qui peuvent faire beaucoup plus que cela, mais qui font ça très moyennement.

Maintenant sortent des cartes beaucoup moins chères qui utilisent beaucoup moins d’énergie parce qu’elles ne font pas tout ça, mais elles font un truc très très bien: effectuer des calculs très particuliers. C’est très darwinien! Quand quelque chose n’est plus assez bon, soit c’est voué à mourir, soit on se réinvente et on survit. C’est ce qui arrive. Le fait qu’une plateforme puisse soutenir les transactions financières de toute la planète…

Ça va venir?

«Mais bien sûr! Il n’y a pas de doute.

D’ici 10 ans, certains jobs auront complètement disparu. La seule chose qui nous différenciera des machines est la capacité à inventer, à être social et d’avoir une conscience.
Gerard Lopez

Gerard LopezCEO du Lydian Group

Y a-t-il d’autres secteurs que vous regardez?

«Tout ce qui est transactions financières, la robotique et surtout le gros sujet: l’intelligence artificielle. J’ai grandi avec Robocop et Schwarzenegger dans le rôle de Terminator. Aujourd’hui, aussi incroyable que cela puisse paraitre, on est très proche de cela. Pas du Terminator qui se liquéfie, un jour peut-être, mais celui qui utilise de l’hydraulique, des caméras… On n’en est pas loin. Ça devrait faire peur. Je passe beaucoup de temps à regarder des dossiers dans l’IA aussi bien dans une perspective d’investisseur que d’un point de vue éthique.

On va, d’ici cinq à dix ans au plus tard, donner des missions à des machines, des missions qui sont aujourd’hui effectuées par des humains, allant de la recherche médicale à beaucoup d’autres sujets. Aujourd’hui, dans la recherche médicale, les machines font déjà des choses incroyables qui doivent ensuite être visées par des professionnels lesquels doivent aller se coucher, prendre des vacances, faire autre chose et ils font des erreurs… Une machine ne fait pas d’erreurs, elle apprend par expérience et elle ne refait jamais une erreur quand elle a été corrigée. Dans le pire des cas, elle découvre que ce qui n’était plus une erreur est en train de redevenir une erreur et elle se recorrige, mais elle ne fait jamais l’erreur deux fois. La puissance de ces systèmes est incroyable. Vous y ajoutez de la robotique, cela fait des choses assez spectaculaires en termes de job. D’ici 10 ans, certains jobs auront complètement disparu. La seule chose qui nous différenciera des machines est la capacité à inventer, d’être social et d’avoir une conscience.

Et vous ne voyez pas de freins règlementaires ou politiques?

«Politiquement, et ce n’est pas une critique des politiques – chacun son métier –, on sera toujours en retard par rapport à l’innovation. Ça a toujours été le cas, partout, et ce sera toujours le cas. Les lois arrivent une fois que les choses sont mises en place. Prenez un robot policier ou militaire, que vous envoyez dans une zone de guerre urbaine. Cette zone est compliquée à gérer et une guerre ne se gagne pas avec 100.000 soldats, sinon ça serait facile. Des sociétés que nous avons regardées développent des robots capables de travailler dans ces environnements comme aucun humain ne pourrait le faire, avec des caméras infrarouges…

Ces machines fonctionnent avec un logiciel, qui est écrit de telle façon qu’ils reconnaissent les bons et les méchants. Sauf qu’un logiciel reste encore aujourd’hui des 1 et 0 qui ont cette capacité propre qu’on peut les inverser, un virus. Si demain, j’écris un virus pour commander une armée de robots et que je change juste un positif en négatif, je me retrouve avec une armée capable de tuer les bons, mais pas les mauvais. Le jour où il y aura une manifestation et qu’une machine s’enrayera, des lois seront écrites, toujours de la même façon, c’est-à-dire sans une bonne compréhension de ce qu’on doit gérer.

Il y aura toujours une réponse à ces lois-là et aujourd’hui, c’est un peu la course-poursuite des ministères des Finances et des banques centrales par rapport aux cryptos. Ils les ont vues venir sans les prendre au sérieux. Tout à coup, c’est devenu une économie quasi parallèle très importante et elle reste très importante même avec ‘seulement’ 400 milliards de dollars de valorisation, ce sont 400 milliards qui échappent au système traditionnel. La réponse des pays est soit de faire avec, soit de faire leur propre truc. Par définition, ce propre truc ne peut pas marcher, parce que l’idée même de ces projets est d’être complètement décentralisés, de donner le pouvoir aux utilisateurs, tout ce que ne veulent pas les instances qui écrivent les lois.

La balance à trouver est importante. Je suis plutôt partisan que les gouvernements participent à ces développements: quand tout le monde gagne de l’argent, personne ne veut des gouvernements; dès qu’ils perdent de l’argent, ils demandent aux gouvernements de les protéger parce qu’ils ont perdu leur argent… Les gouvernements qui sont efficaces sont ceux, non pas qui sont au niveau des chercheurs en technologie, mais ceux qui ont un temps de réaction court par rapport à ce qui se passe. C’est en théorie un des très gros avantages du Luxembourg, qui peut toujours répondre beaucoup plus rapidement que les autres aux développements auxquels on a affaire. Cette fenêtre de tir, parfois de quelques années, doit permettre au Luxembourg d’avoir cette avance et d’être le pays qu’il veut être. C’est vrai pour tout ce qui touche aux cryptos, au système financier, à la robotique ou à l’intelligence artificielle.

On parle d’univers décentralisé, mais dès que de grandes institutions bancaires ou financières commencent à s’intéresser à ces sujets, elles créent des consortiums qui vont contre le mouvement naturel que vous évoquez. 

«Ça me rappelle toujours la guerre VHS-Beta. Ce n’était pas quatre mecs dans un garage qui se battaient. Mais deux grands groupes qui se battaient entre eux pour un standard. C’est pareil aujourd’hui, mais dans le domaine financier.

Automatiquement, des groupes qui vivent de grosses cotations boursières comme Facebook-Meta ou Amazon ou Microsoft se doivent de participer. Comme ils ont les plus gros moyens, ils essaient de mettre en place des standards qui leur permettent de contrôler à minima leurs clients ou d’aller en chercher encore quelques-uns. Ce sont des approches très protectrices de ce qu’ils ont. Sauf que plus le monde se digitalise, plus les gens ont de l’information et plus ils ont de choix devant eux. La stratégie de Facebook de lancer sa propre monnaie a complètement capoté. Facebook est en perte de vitesse quasiment dans tous les pays industrialisés alors qu’il y a huit ans, on n’imaginait pas un monde sans Facebook. Les cycles technologiques deviennent plus courts, les gens deviennent connectés et il me parait inévitable que la décentralisation s’opère en dehors des grands opérateurs.

Gerard Lopez: «Bank of London, qui est en train de cartonner en termes de valorisation, est construite comme une banque traditionnelle, mais avec une technologie très avancée, mais qui ne va pas contre le système.» (Photo: Romain Gamba)

Gerard Lopez: «Bank of London, qui est en train de cartonner en termes de valorisation, est construite comme une banque traditionnelle, mais avec une technologie très avancée, mais qui ne va pas contre le système.» (Photo: Romain Gamba)

D’où l’intérêt, pour vous, d’avoir ce groupe…

«Oui, pour moi, c’est un nouveau marché qui a commencé à s’industrialiser. Aujourd’hui, nous sommes leaders mondiaux dans différents marchés. Nous avons aussi une responsabilité puisque nous avons CoinTelegraph, c’est comme si nous étions propriétaires du Wall Street Journal, de Bloomberg, du Financial Times et du Handelsblatt. Cette participation est due à cette conviction qu’on a vu juste il y a six ans. Quand vos concurrents lèvent de l’argent tous les trois mois, qu’ils annoncent ceci, qu’ils annoncent cela, ça vous met une pression. Nous aussi, on a des boites à monter, ce n’est pas dans nos habitudes de monter des boites comme ça… On va aussi courir avec eux et commettre des erreurs… Nous, nous ne l’avons pas fait par choix.

Cette année, sur nos positions sur les cryptos, nous sommes à +14%. Nous sommes les seuls. Voyager, quatrième exchange, a fait faillite. D’autres aussi. Nous l’avons vu venir. Nous savons qu’il faut se positionner contre, pour pouvoir agir ensuite. Cette décision d’aller dans cette industrie avec Greg Fishman a vraiment été de se dire: ‘Ok, on monte un truc’ et quoiqu’il arrive, nous construirions notre truc à notre façon. Nous n’accepterons pas certaines monnaies aux États-Unis, où elles étaient considérées comme des securities, assujetties à d’autres règles. Des clients nous disaient qu’ils ne comprenaient pas notre positionnement. Ça s’est bien cassé la gueule, la SEC commence à s’intéresser à ces boites-là et comme par hasard, nous sommes assez proches de la SEC pour écrire les règles. Ces choix de ne pas prendre de risque inconsidéré et de faire notre marathon au lieu de courir, aujourd’hui, paient. Quand une boite comme Voyager fait faillite, nous sommes de l’autre côté à nous demander si nous allons les racheter ou pas [finalement, il y a sept jours, c’est FTX qui a racheté les actifs, ndlr.] Il y a un an, ils nous regardaient pour nous acheter…

Cette boule de cristal est correcte, mais elle n’a pas le timing. Elle ne dit pas quand cela va arriver. Il faut être patient. Regardez Wix. Nous sommes entrés en bourse à 750 millions de dollars de valorisation, on nous disait que c’était une super affaire. Pendant le Covid, la valorisation est passée à 17 milliards. Nous n’avions pas prévu le Covid, mais nous étions présents et nous en avons tiré profit. Il faut se protéger par rapport à ce qui peut arriver de mauvais, mais être là. Et c’est ce que nous avons très bien fait avec nos boites. Ici, nous sommes partis pour un cycle de 18 à 24 mois, très très court, pour monter des choses. Ça va repartir et il faudra être dans le wagon.

Quand vous allez en Formule 1, on sait que vous voulez vivre un Grand Prix tous les 15 jours. Quand vous allez dans le football, on sait que vous voulez vivre la Ligue des Champions. Mais là, que voulez-vous?

«Pendant très longtemps, j’ai fait de la techno, on ne peut pas dire que nous n’ayons pas gagné de l’argent avec. Mais il n’y avait pas de sensation particulièrement émotionnelle. La première fois que j’ai ressenti cette émotion, alors que j’avais déjà vendu quatre boites avant, j’étais à un aéroport. Il y avait un jeune en train de skyper avec sa copine. Vers 2002, par là. C’était la première fois où je me suis dit que nous avions fait un truc qui avait un impact pour des gens. Souvent pour moi, ce sont des tableaux Excel mais pas des visages. Même une boite avec 10 millions d’utilisateurs, si vous n’en connaissez aucun, c’est 10 millions de chiffres. Nous nous sommes rendu compte que nous pouvions participer à la vie des gens, la rendre plus facile, plus transparente, plus intéressante.

Nous ne sommes ni les ennemis de la banque, ni du gouvernement. , qui est en train de cartonner en termes de valorisation est construite comme une banque traditionnelle, mais avec une technologie très avancée, mais qui ne va pas contre le système. Elle a dû attendre sa licence bancaire. Nous ne sommes pas des pirates. Ce que je recherche est souvent l’excitation de l’innovation. Elle devient beaucoup plus forte quand vous le sentez autour de vous.

Pourquoi ne pas mettre cette énergie, non pas dans un monde décrié comme celui de la crypto, mais dans l’éducation, par exemple?

«Nous faisons beaucoup d’autre chose. Le prochain wagon est déjà accroché, c’est l’intelligence artificielle. Les cryptos ne sont pas importantes en tant que telles. Que le bitcoin n’existe plus ne me pose pas de problème. C’est une première génération de quelque chose. Par définition, c’est inefficace par rapport aux objectifs. Les gens qui en parlent n’ont pas tort sur le fond et les gens du secteur financier qui en parlent ne savent pas de quoi ils parlent. Ils peuvent avoir raison, mais sans savoir pourquoi. Ils ont peur. Ils sont en mode de protection d’un système hautement inefficace et extrêmement cher à l’utilisation et pas en temps réel et qui ne le sera jamais. Et extrêmement risqué. La plupart des banques fonctionnent sur des prêts ou des balances qui tiennent le coup tant que l’économie tient le coup. Dès que ça commence à mal se passer, l’industrie est en danger. Or, elle représente tout notre argent. Il n’y a aucun doute sur le fait que leur activité va être cannibalisée par la blockchain. Dès qu’il y a de l’argent, il y a de la spéculation. Dès qu’un banquier d’affaires critique le bitcoin, il suffit qu’il se retourne et regarde son métier. Il n’est pas différent. Le sous-jacent est différent, mais pas la base du métier. 

Dans tous les mots, tous les buzzwords, qu’on a utilisés depuis le début, il n’en manque qu’un: métavers? Ça ne vous intéresse pas?

«Nous sommes actifs sur le sujet avec Verse Estate, mais en lui-même, ça ne veut rien dire. Le métavers sera une réalité d’ici quelques années. Avec un ’s’ à metaverses: il n’y aura pas un standard accepté par tous. Nous faisons le pari de l’hyperréalisme, être dans un monde vrai. Nous construisons une ville avec un développement urbain qui dure plusieurs années, avec des appartements et des magasins et des règles que nous allons mettre en place comme l’élection d’un maire, une police. Il y a des métaverses qui ressemblent à des mondes de lego, comme Sandbox, qui sont plus pour s’amuser.

Si ma vie de tous les jours est intéressante, enrichissante, j’irai de temps en temps sur le métavers parce que ça m’amuse, parce que je suis curieux, parce que j’ai envie de voir. Je pourrai sauter de la Tour Eiffel sans vraiment me faire mal. Si ma vie de tous les jours ne ressemble pas à grand-chose, que j’ai du mal à l’accepter, que j’ai du mal à me lever le matin pour un job pas intéressant ou mal payé, je vais utiliser une partie et peut-être une grande partie de cet argent pour exister dans ce monde digital, qui va me donner une chance d’une position sociale que je n’ai pas, de rencontrer des gens que je ne pourrai pas rencontrer dans la vie ou même de ressembler à quelqu’un à qui je ne ressemble pas dans la vie. Ce n’est pas nouveau, mais les outils pour y participer ont tellement évolué que vous pouvez vous y perdre et que vous avez envie de vous y perdre.

Nous avons investi là-dedans, la demande est énorme. C’est excitant d’être dans ce monde et il n’y a aucune contrainte physique. Aujourd’hui, il y a déjà des gens qui sont accrocs de choses qui ne ressemblent à rien.»