«Compte tenu de l’ampleur de la réglementation européenne récente dans les domaines de la durabilité, du numérique ou des relations de travail, les mesures de simplification occasionnelles et très bienvenues prises ici au Luxembourg ressemblent beaucoup à la lutte contre une tornade avec un sèche-cheveux.» L’image n’est pas tendre pour le Premier ministre, (CSV), assis au premier rang, mais le président de la Fedil, , n’a pas été désigné pour être tendre avec le gouvernement. Et cela même si le chef du gouvernement a dit dans la foulée sa joie d’être à la Fedil plutôt qu’à la Chambre des salariés où se tenait aussi la cérémonie des vœux et où le gouvernement était aussi représenté…
Dans un discours de 25 minutes, le patron de la Fedil qui a succédé à a surtout été applaudi pour une autre phrase. «Ne pourrions-nous pas nous mettre d’accord sur un congé réglementaire d’au moins trois ans? Cette période pourrait être utilisée pour nettoyer la surcharge existante et donnerait aux entreprises la marge de manœuvre nécessaire pour mettre en œuvre le reste», a-t-il lancé à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, elle aussi très applaudie, qui lui répondra dans son discours, «trois ans, c’est long. Je suis le législateur…»
«Trop souvent, nous voyons des législations créées dans le vide – ou pire, comme une réaction instinctive aux derniers titres – que n’importe qui sur le terrain vous dira qu’elles sont soit inapplicables, irréalistes ou qu’elles entraînent des conséquences comme des pertes d’emplois, une réduction des marges et des occasions manquées», a tout de même reconnu Mme Mestola dans son discours. «Nos réglementations et obligations de reporting bien intentionnées ne cessent de s’accumuler, créant des couches de bureaucratie qui pèsent sur les entreprises de toutes tailles. (…) Je veux que l’Union européenne soit connue pour sa réglementation efficace et efficiente, fondée sur le bon sens, plutôt que pour la bureaucratie que nous voyons encore trop souvent.»
«Nous avons exagéré avec la réglementation»
«Les cinq années à venir doivent être consacrées à une meilleure réglementation, plus intelligente et cohérente, axée sur la simplification et la mise en œuvre», a souhaité la présidente du Parlement européen.
«Oui, nous avons exagéré ces dernières années», dira de son côté le Premier ministre dans son allocution. «Nous devrions parfois admettre que le but de ces législations est bon, mais que la voie que nous avons choisie est bureaucratique. Votre message et les messages que nous portons et que d’autres portent, j’espère que la nouvelle Commission européenne les entend. L’omnibus [sur CSRD] proposé par Bruxelles doit être essayé pour voir ce que cela donne. C’est pour cela que je vais demander au Parlement de ne pas adopter tout de suite l’adaptation luxembourgeoise» de la directive européenne.
«Je vais demander à la Fedil et aux entreprises de me donner les exemples de législations qui pèsent sur leur quotidien et des idées pour les simplifier, pour que les citoyens et les entreprises y voient de la simplification. Donnez-nous vos suggestions!» À propos des syndicats, le Premier ministre, soutenu par la moitié du gouvernement et écouté par une dizaine de députés, a rappelé qu’il voulait entendre et écouter tout le monde, que ces tables rondes et discussions faisaient partie de la culture luxembourgeoise sur la manière d’aborder les challenges. «Sans compromis, c’est au gouvernement et au Parlement de prendre leurs responsabilités.»
«Permettez-moi également de dire dans ce contexte que le gouvernement luxembourgeois est très favorable au libre-échange. C’est une économie ouverte. Elle est ouverte à ses voisins. Elle est ouverte au reste du monde. Et par conséquent, les accords de libre-échange sont des éléments d’une telle stratégie. Et si nous avons de l’autre côté d’autres pays, la Chine, les États-Unis, qui veulent mettre en place des tarifs douaniers ou d’autres mesures, je veux que le continent européen réagisse avec force», a souhaité M. Frieden.
Les grandes lignes du discours de M. Rassel
1. Paysage géopolitique actuel
«La paix n’est plus une évidence, même dans notre partie du monde. (…) Les capacités de défense et la cohésion internationale entre partenaires sont des facteurs clés dans cette équation. (…) La situation politique actuelle, peu claire dans de nombreux pays européens, ne favorise pas une position commune pour relever ces défis.»
2. Difficultés du maintien de relations commerciales harmonieuses
«L’une des conséquences les plus immédiates de l’évolution du contexte géopolitique est la difficulté de maintenir des relations commerciales harmonieuses. (…) Les tarifs douaniers, les sanctions et les politiques protectionnistes sont de plus en plus courants, ce qui affecte la circulation des biens et des services. (…) Il semble que, pendant que nous essayons de construire des ponts, d’autres s’occupent à construire des murs! Mais n’est-ce pas là une image un peu déformée? (…) Ces dernières années, les décideurs politiques européens ont adopté plusieurs textes législatifs destinés à imposer nos principes, nos normes et nos performances à nos partenaires commerciaux. Nous savons que tous les pays ne partagent pas ces exigences et que plusieurs d’entre eux refusent ce qu’ils appellent une ingérence exagérée du vieux continent.»
3. Déclin de la compétitivité de l’Europe
«La surréglementation reste un défi de taille. (…) Nous devons trouver un équilibre qui permette de maintenir des normes élevées sans imposer des charges excessives aux entreprises. (…) Compte tenu de l’ampleur de la réglementation européenne récente dans les domaines de la durabilité, du numérique ou des relations de travail, les mesures de simplification occasionnelles et très bienvenues prises ici au Luxembourg ressemblent beaucoup à la lutte contre une tornade avec un sèche-cheveux. (…) Ne pourrions-nous pas nous mettre d’accord sur un congé réglementaire d’au moins trois ans?»
4. Transition énergétique
«Il est essentiel que nous abordions cette transition avec pragmatisme et que nous la traitions comme une entreprise de société afin d’éviter qu’elle ne devienne une source de coûts supplémentaires et de préoccupations énormes pour les consommateurs d’électricité. (…) Un calendrier trop ambitieux et une approche indifférenciée en ce qui concerne les options d’action des différents secteurs peuvent entraîner des perturbations économiques et des difficultés sociales. (…) Compte tenu de l’intensité carbone élevée de notre électricité allemande importée, il n’est pas judicieux à court terme pour nos industries de remplacer le gaz par l’électricité dans leurs unités de production luxembourgeoises si leur décision est motivée par la CSRD. C’est ce que j’appellerais une façon incohérente de faire de la politique.»
«Lors de la participation à des réunions au niveau européen, nous constatons une volonté décroissante d’investir dans des capacités d’interconnexion supplémentaires au sein de l’UE en raison de la divergence des politiques énergétiques dans les différents pays.»
5. Modernisation du droit du travail
«L’intention du gouvernement de moderniser le droit du travail est une étape positive et nécessaire. (…) Nous regrettons vivement l’attitude extrêmement négative, voire menaçante, des syndicats après les premières consultations ministérielles sur ce sujet. (…) Cela implique également d’apporter une correction nécessaire lorsque l’absentéisme est beaucoup trop élevé.»
6. Amélioration du cadre réglementaire
«Nous voyons une fenêtre d’opportunité pour une amélioration majeure de notre cadre réglementaire. Une partie de celui-ci doit devenir plus gérable, plus réaliste. (…) De nombreux nouveaux textes législatifs s’accompagnent de l’introduction de nouveaux régulateurs qui viennent s’ajouter à la liste déjà longue des autorités existantes auxquelles il faut rendre des comptes. (…) Les entreprises multinationales qui sont membres de notre organisation, c’est-à-dire celles qui ont la capacité de comparer les avantages concurrentiels, nous disent que l’accès aux régulateurs, leur efficacité et leur interprétation des règles existantes sont devenus des critères d’investissement clés dans notre monde des affaires hautement réglementé.»
7. Financement à long terme du système de sécurité sociale
«La Fedil, avec nos partenaires de l’UEL, soutient ce processus, car les faits et les chiffres montrent clairement que c’est le bon moment, maintenant, de discuter de la durabilité de notre régime de retraite si apprécié.»
9. Optimisme quant à l’avenir économique du Luxembourg
«Je suis convaincu que les personnes talentueuses, l’esprit d’entreprise et l’innovation sont essentiels pour relever bon nombre des défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. (…) Notre pays a le potentiel de prospérer, en grande partie grâce aux dirigeants visionnaires et aux nombreux autres talents que comptent nos entreprises. (…) Je suis particulièrement enthousiaste quant au potentiel des nouvelles technologies, en particulier de l’intelligence artificielle. L’IA a le pouvoir de transformer les industries, de rationaliser les processus et d’améliorer la prise de décision, ce qui nous offre des opportunités sans précédent de croissance et d’efficacité.»