L’oeuvre de l’artiste luxembourgeois Gast Michels est présentée à la fois a MNHA et au Cercle Cité. (Photo: Tom Lucas)

L’oeuvre de l’artiste luxembourgeois Gast Michels est présentée à la fois a MNHA et au Cercle Cité. (Photo: Tom Lucas)

L’œuvre du peintre luxembourgeois Gast Michels est mise à l’honneur à travers deux accrochages rétrospectifs, l’un au Musée national d’histoire et d’art, l’autre au Cercle Cité. L’occasion de découvrir largement son travail marqué par la nature et un grand travail formel.

C’est à l’une des figures importantes de l’art luxembourgeois contemporain, le peintre Gast Michels, décédé en 2013, que sont actuellement consacrées deux expositions, l’une présentée au Musée national d’histoire et d’art (MNHA), l’autre au Cercle Cité. Son œuvre est marquée par la présence de la nature, l’utilisation de symboles récurrents, mais aussi la construction picturale à partir de couleurs primaires, souvent dominées par le jaune et le bleu. Un langage visuel expressif, rempli de symboles, utilisé par l’artiste toujours très attentif à son environnement direct.

L’homme des forêts

Afin d’aborder progressivement l’œuvre de Gast Michels, mieux vaut commencer par l’exposition du MNHA qui regroupe ses œuvres les plus monumentales. Dans la première partie de cette exposition, la commissaire Lis Hausemer a choisi un corpus d’œuvre datant des années 1980 et soulignant le lien si fort qui unissait Gast Michels à la forêt et aux arbres en particulier. Ce natif d’Echternach était fasciné par le Mullerthal. Sa peinture est expressive et figurative dans un premier temps, mais inclut déjà quelques symboles, des croix notamment. Il introduit également des représentations de monuments luxembourgeois, comme le Pont rouge, la forteresse ou la cascade Schiessentümpel, qui ancre ainsi son œuvre si fortement dans un contexte particulier. Cette introduction d’éléments figuratifs, comme les figures de chasseur ou de cerf, n’est pas sans évoquer la peinture rupestre. La nature peut aussi entrer directement dans la matérialité de ses œuvres. En témoigne la sculpture peinte «Reconversion» (1989) réalisée à partir de trois grandes planches de bois, et présentée pour la première fois au Grand Palais à Paris à l’occasion de l’exposition «L’Europe des créateurs – Utopies 89».

Les toiles de Gast Michels occupent l’espace de la première salle d’exposition au MHNA. (Photo: Tom Lucas)

Les toiles de Gast Michels occupent l’espace de la première salle d’exposition au MHNA. (Photo: Tom Lucas)

Lumière et abstraction

En 1990, une rupture s’opère. Elle est en partie liée à la grande tempête qui a traversé l’Europe et le Luxembourg, détruisant une partie du patrimoine forestier. «Cet évènement naturel a été un élément de rupture et de tristesse pour Gast Michels», précise la commissaire. «Il a alors choisi de s’éloigner de la nature et d’opérer un changement dans le style de sa peinture».

Ces œuvres deviennent alors plus graphiques et abstraites. Il conserve encore quelques formes inspirées de la nature, mais y ajoute des formes plus stylisées. Les coups de pinceau sont plus présents, les couleurs plus vives. Une certaine légèreté s’insère dans les toiles, les fonds se font plus clairs.

À partir des années 1990, les œuvres de Gast Michels s’éclaircissent et les signes gagnent en importance. (Photo: Tom Lucas)

À partir des années 1990, les œuvres de Gast Michels s’éclaircissent et les signes gagnent en importance. (Photo: Tom Lucas)

«L’année 1994 a été particulièrement productive pour Gast Michels et marque une nouvelle étape», souligne Lis Hausemer. «Il réalise des toiles où les formes flottent plus, sont plus ludiques.» La grande tapisserie, «Créatures», commandée par la Spuerkees et réalisée à Aubusson, illustre cette nouvelle phase.

La palette de couleur s’éclaircit et s’élargit vers l’orange, le vert et le rouge. Les fonds sont aussi plus clairs, souvent blancs, beiges, gris. Des lignes noires, plus ou moins épaisses, entrent en dialogue avec des pans colorés, rappelant sans cesse l’importance de la composition dans cette œuvre.

Caractère graphique

Les œuvres les plus tardives de Gast Michels montrent une attention soutenue pour un caractère graphique. Les tableaux, plus petits, deviennent des répétitions de symboles et de formes: lettres, chiffres, flèches, objets stylisés font l’objet de variations joyeuses, qui pourraient presque rappeler des graffitis.

Au Cercle Cité, les œuvres sur papier sont mises à l’honneur. (Photo: Cercle Cité)

Au Cercle Cité, les œuvres sur papier sont mises à l’honneur. (Photo: Cercle Cité)

Une veine qui est encore plus creusée dans l’exposition présentée au Cercle Cité et dont le commissariat a été confié à Paul Bertemes. Là, les visiteurs découvrent une large sélection d’œuvres sur papier, allant d’une collection de sous-verres aux carnets de croquis de l’artiste, en passant par des dessins sur papier plus traditionnels. En dépit d’une apparente spontanéité, les œuvres de Gast Michels sont toujours le fruit d’un travail très maitrisé de la composition et de l’équilibre. Il joue avec un vocabulaire pictural sophistiqué, sait le mettre à la fois en mouvement et sous tension.

Gast Michels (1954-2013): «Movement in colour, form and symbols», au jusqu’au 26 mars et au jusqu’au 22 janvier.