Dans le showroom Peugeot de Car Avenue à Strassen, gants et gel sont à disposition des clients, qui se font encore rares. (Photo: Paperjam)

Dans le showroom Peugeot de Car Avenue à Strassen, gants et gel sont à disposition des clients, qui se font encore rares. (Photo: Paperjam)

Agendas pleins dans les ateliers mais faible demande au showroom, les garages ont repris leurs activités le 11 mai sur un rythme binaire.

Une file de clients se forme à la réception du garage Peugeot Strassen, du groupe Car Avenue, mardi 19 mai après-midi. Tous portent des masques et gardent deux mètres de distance. Ils suivent les flèches jaunes au sol pour éviter de se croiser. À l’accueil, une vitre les sépare de la secrétaire.

«Je viens faire la révision de ma Peugeot 508», témoigne Cyrille, au bout de la queue. L’homme a aussi un impact sur son pare-brise. «J’ai pris rendez-vous lundi, je l’amène aujourd’hui et je devrais la récupérer demain.»

Dehors, Arthur Zimmair ressort, le regard souriant. Il vient de récupérer sa voiture, dont il a fait la révision. «Ça faisait un mois que je devais la faire», dit-il avec soulagement. Il a pris rendez-vous deux semaines à l’avance, pour être sûr d’avoir de la place.

Ventes réduites de moitié

Côté showroom, l’atmosphère est plus calme. Quelques vendeurs masqués patientent derrière les vitres de leurs bureaux. Des distributeurs de gel hydroalcoolique et de gants trônent entre les voitures. Dedans, des housses protègent les sièges.

«La fréquentation reste légère», confirme Alban Joly, responsable commercial. Pas d’afflux de clients à la . Ces derniers commencent à revenir, lentement. Près de 1.000 voitures commandées lors de l’Autofestival attendent toujours d’être livrées à leurs futurs propriétaires.

«Certains clients reportent leurs rendez-vous ou ne viennent pas récupérer la voiture qu’ils ont commandée parce qu’ils préfèrent attendre. Il y a toujours une crainte du virus», analyse , directeur de Car Avenue Luxembourg. Habitué à réaliser près de 200 ventes par mois, le concessionnaire s’attend à en faire une centaine seulement en mai.

50% des vendeurs de voitures de société ont repris l’activité depuis le 11 mai, et 30% de ceux qui travaillent au showroom. «Nous nous adaptons à la demande des clients au fur et à mesure.» Une partie du personnel reste à la maison pour des raisons familiales ou parce qu’il est à risque. En tout, 110 salariés travaillent sur le site de Strassen.

31 rendez-vous par jour à l’atelier

Le rythme est plus élevé pour l’après-vente. 75% du personnel travaille pour assurer en moyenne 31 rendez-vous par jour, contre une cinquantaine en temps normal. Principalement «des révisions et le changement des roues». Pour être pris en charge, il faut compter environ huit jours. Moins en cas d’urgence, puisque Car Avenue compte une dizaine de sites au Grand-Duché où peuvent être transférées les demandes.

Au total, Peugeot Strassen s’attend à une baisse de 30% de son chiffre d’affaires en 2020. Il s’élevait à 200 millions d’euros pour la totalité du groupe Car Avenue au Luxembourg l’année dernière.

Effet rattrapage

Au Grand Garage de Luxembourg de Bertrange, quelques clients patientent aussi. «J’ai pris mon rendez-vous une semaine à l’avance pour faire ma révision. On pensait que ça allait être la cohue, mais ici comme dans les magasins, c’est calme. On voit que les gens ont encore peur», souligne l’un d’entre eux, Fanch Delanoë.

L’atelier a quand même connu un effet rattrapage. «Pendant le confinement, nous avons reçu plus de 200 demandes par e-mail. Nous avons fini de les traiter il y a deux jours», raconte Antonio Coimbra, délégué commercial. L’agenda reste plein pour les dix prochains jours, et le garage honore 50 à 60 rendez-vous quotidiennement. Un rythme légèrement supérieur à la moyenne. La majorité vient pour des révisions ou le changement des pneus hiver en été, qui concerne un rendez-vous sur deux. Sur les 47 employés, trois restent en télétravail et neuf en congés pour raisons familiales.

Le garage de la marque Toyota a vendu une quinzaine de véhicules depuis le 11 mai. Un rythme presque normal selon Antonio Coimbra, qui note plus de demandes pour l’occasion que pour le neuf, alors que cela ne représente qu’un tiers des ventes d’habitude. «Sûrement parce que les gens ne veulent pas louper de bonnes affaires alors qu’ils décalent leur décision d’achats dans le neuf», explique-t-il. En moyenne, il réalise entre 50 et 60 ventes chaque mois. Il doit aussi livrer entre 30 et 40 véhicules commandés à l’Autofestival et en attend 70 autres.

«Pour l’instant, nous rattrapons notre retard. La crise, ce sera dans trois ou quatre mois», se projette-t-il. «Beaucoup de gens ne savent pas s’ils pourront garder leur travail. D’autres n’ont perçu que 80% de leur salaire en étant au chômage partiel». Il espère être sauvé par un report du budget vacances en budget voiture. Mais en 2020, il ne s’attend pas, lui non plus, au même chiffre d’affaires qu’en 2019 (non communiqué).