C’est là, sur WallStreetBets, littéralement les paris de Wall Street, que s’est organisée la résistance aux hedge funds. Là où les tout petits actionnaires sont devenus plus puissants que les vendeurs à découvert. (Photo: Screenshot Reddit)

C’est là, sur WallStreetBets, littéralement les paris de Wall Street, que s’est organisée la résistance aux hedge funds. Là où les tout petits actionnaires sont devenus plus puissants que les vendeurs à découvert. (Photo: Screenshot Reddit)

Oubliée, la crise financière de 2008-2009? Non, comme en témoigne le short squeeze autour de GameStop, qui détient la marque Micromania. De grands investisseurs et les régulateurs américains s’arrachent les cheveux.

Imaginez une société en proie à d’énormes difficultés, GameStop. Au point que ses actionnaires doivent remettre la main au porte-monnaie pour éviter la débâcle.

Imaginez que de célèbres fonds d’investissement, par l’odeur du lucre appâtés, comme Melvin Capital (souvenez-vous de «The Big Short»), décident d’emprunter des actions de cette société et de les vendre, en pariant que la société en question va voir son cours de bourse baisser et qu’ils pourront racheter le nombre d’actions moins cher pour les rendre aux traders à qui ils les ont empruntées. Et empocher de généreux bénéfices. Melvin commence à faire artificiellement monter le cours de l’action pour attirer d’autres chalands.

Imaginez que des anonymes, vous, moi, sur des forums de discussion, se posent vaguement la question de participer au mouvement, comme ils le font depuis le début de cette histoire sur Reddit ou Robinhood.

Imaginez enfin que le nombre de ces anonymes soit assez important pour que le cours de l’action de GameStop ne baisse pas, mais continue de monter et que la volonté de gagner de l’argent du début se transforme en raid contre les hedge funds. Et que certaines stars des investissements ou de la technologie, comme Elon Musk, le patron de Tesla et SpaceX, s’amusent de cette revanche des caves sur les géants de l’investissement.

Le cours de GameStop grimpe, grimpe et grimpe encore. Depuis le début de l’année, sa valeur a augmenté de… 1.800%.

Les gros fonds d’investissement ont vendu les titres qu’ils n’avaient pas, mais doivent les rendre à ceux à qui ils les ont empruntés. Et comme ils pariaient que cela ne durerait pas, ils ne les ont pas rachetés tout de suite. Ils ont même inondé les médias d’analyses financières, qui disaient que le titre repasserait à 20 dollars sous peu, espérant que les petits investisseurs revendraient vite fait et que la chute de la demande ferait baisser le titre. Sauf que le titre a flirté avec les 400 dollars ce mercredi soir et qu’ils sont dans l’incapacité financière de les racheter pour les rendre.

Jeudi, le régulateur américain et le secrétariat d’État au Trésor ont tout arrêté pour surveiller le phénomène, craignant des répercussions en cascade… et les traders espèrent que l’un des deux va sonner la fin de la récréation, incapables de s’en sortir seuls. 

Ce vendredi matin, les internautes s’amusent d’avoir fait de GameStop une des entreprises du Fortune 500, entre Tesla et Amazon. Alors même que son avenir n’est pas assuré.

Cet article est issu de la newsletter hebdomadaire Paperjam Trendin’, à laquelle vous pouvez vous abonner .