Entièrement concentré sur le développement de ses plateformes, l’Australien Rajiv Abrol, soutenu par PwC, réfléchit à installer son hub européen au Luxembourg, Brexit oblige. (Photo: Galytix)

Entièrement concentré sur le développement de ses plateformes, l’Australien Rajiv Abrol, soutenu par PwC, réfléchit à installer son hub européen au Luxembourg, Brexit oblige. (Photo: Galytix)

Les banquiers, les gestionnaires de fonds, les assureurs et les Big Four en rêvaient: Galytix a lancé ses plateformes d’intelligence économique adaptables à tous ceux qui veulent tout savoir sur une société. La start-up veut s’installer au Luxembourg, soutenue par PwC.

«J’ai compris que ce que je voulais, c’est absolument trouver une solution!» En août 2015, Rajiv Abrol, dit «Raj», claque poliment la porte de KPMG où il est directeur associé, en charge d’aider ses clients assureurs à établir des stratégies de développement, pour se lancer dans l’entrepreneuriat.

Le consultant, passé à ses débuts par la National Australia Bank puis chez Accenture, a identifié un problème: aucun outil n’offre la possibilité de tout savoir en temps réel sur une société donnée. Il lance Galytix, qui mélange machine learning et intelligence artificielle, pour aboutir à deux plateformes, Index et Quont. Ce qu’on appelle le «smart data analytics».

Cinq ans plus tard, la start-up britannique, repérée par PwC Luxembourg, a levé deux millions d’euros et réuni autour d’elle Massimo Arnoldi (fondateur et CEO de Lifeware), Marc Nourse (ancien partenaire Big Four et responsable de la stratégie chez IAG)  à son conseil d’administration, Gaëlle Olivier Triomphe (administrateur de Danone ou d’AXA) comme conseillère, et  (Atoz Luxembourg) et Ravi Venisetti (Chubb) à son conseil de surveillance.

Deuxième levée de fonds début juillet

Le jeune chef d’entreprise coche la plupart des dix cases du candidat idéal à une levée de fonds. Sauf que Raj Abrol ne cherche pas d’argent pour le moment. , l’augmentation de son effectif de 27 à 40 personnes et le développement commercial.

Objectif: convaincre 20 clients Tier 1 de l’industrie financière ou du monde de l’assurance, capables de payer de 4 à 5 millions d’euros pour cette solution. «Nous voulons atteindre les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici cinq ans», assure-t-il à Paperjam.

La démonstration est impressionnante, tant sur le plan de l’information que de l’ergonomie. Le cœur du réacteur travaille à Londres, mais la solution est adaptée à l’environnement du client pour lui permettre de la mettre en phase avec ses propres outils et ses paramètres.

«De quoi gagner en simplicité et en efficacité», assure le partner de PwC, Matt Moran, qui couve le jeune prodige – «un ‘game changer’», dit-il – depuis un an. Les données sont protégées en silos et Galytix n’a pas accès à l’univers de ses clients, pour préserver la confidentialité des données que le secteur exige face au régulateur.

Le Galytix Data Exchange sera capable de produire des informations que recherchent les assureurs, banquiers ou régulateurs voir même investisseurs. (Source: screenshot du site de Galytix)

Le Galytix Data Exchange sera capable de produire des informations que recherchent les assureurs, banquiers ou régulateurs voir même investisseurs. (Source: screenshot du site de Galytix)

Comment fonctionne-t-elle? Sa solution «va aller chercher les données qui existent, qu’elles émanent de sources officielles ou de médias par exemple, les ‘traduire’ pour pouvoir les harmoniser et les traiter, les paramétrer (en fonction de la confiance accordée à la source, ndlr), les analyser et permettre à tout un chacun de les visualiser», explique-t-il en compagnie de M. Moran.

Demain, 20% dans la collecte, 80% dans l’analyse

Aucun des deux ne veut l’admettre, mais la technologie peut potentiellement remplacer des dizaines de consultants dans des cabinets d’audit ou d’informaticiens dans des structures plus légères. «Aujourd’hui, 80% des efforts sont mis dans la collecte des informations et 20% dans l’analyse et les ‘insights’», répètent-ils presque à l’unisson. «Demain, ce sera exactement l’inverse. Mais l’humain aura encore un rôle à jouer», notamment pour qualifier l’information.

Alors qu’on parle de la donnée comme du nouveau pétrole, . Un assureur saurait instantanément quel est le risque de couvrir telle ou telle société, en fonction de sa situation financière, par rapport à un benchmark sectoriel ou par rapport à son passé. Un banquier saurait directement s’il a intérêt à accompagner une entreprise sur le plan financier ou ce qu’il doit exiger pour le faire. Plus vite chacun des deux est capable de délivrer son verdict, plus chacun y gagne.

Même un régulateur aurait là un outil idéal pour accélérer sa supervision tant les liens s’établissent entre les sociétés, leurs filiales et leurs succursales, leurs dirigeants, quelles que soient les juridictions auxquelles elles sont liées. Car Raj Abrol a directement imaginé la globalité de ses outils. 

Et travaille à établir un hub européen. Au Luxembourg. Pour contourner le Brexit.