«En mars, l’activité a été énorme, nous avons beaucoup travaillé», raconte , directeur de l’entreprise de serveurs et stations de travail informatique DSL. Son activité a doublé par rapport au même mois de l’année précédente.
Visiblement, un nombre significatif de sociétés ne s’étaient pas préparées à la mise en place du télétravail à cette échelle il y a un mois. La majorité des demandes adressées à DSL ont concerné du matériel: ordinateurs, tablettes… L’entreprise a pu suivre grâce à une «chaîne d’approvisionnement solide». Pour les installations, ses techniciens ont pu guider les clients à distance.
20 nouveaux clients
Depuis une semaine, «nous commençons à retrouver un rythme normal», constate Laurent Loschetter. «Maintenant, ce sont des petits problèmes techniques de connexion ou d’impression, de la bobologie.» L’entreprise évite toujours de se déplacer pour de grosses opérations informatiques, sauf lorsque les bâtiments sont vides.
Dès les prémices de la crise du Covid-19, le personnel avait été , à Luxembourg-ville et Steinsel, pour éviter la propagation du virus. Sur les 40 salariés, une dizaine travaillent de chez eux.
«Nous sommes fiers d’avoir pu soutenir nos clients», se réjouit Laurent Loschetter. DSL en compte environ un millier, uniquement des professionnels. Parmi eux, des grandes surfaces, ou encore des entreprises de cargo. Avec la crise, en plus des habitués, «nous avons récupéré une vingtaine de nouveaux clients, que nous pourrions garder par la suite», note l’entreprise, qui avait réalisé un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros en 2019.
Surcroît d’activité chez BDO Technology
Même son de cloche pour BDO Technology, éditrice de logiciels informatiques. «Nous avons connu une accélération exponentielle de la mise en place de la digitalisation des processus de travail au sein de BDO ou ceux de nos clients externes. Pour vous donner quelques exemples, du fait des différentes mesures adoptées par le gouvernement en matière de droit du travail ou de congés, les équipes de BDO Technology ont travaillé sur pas moins de trois mises à jour successives du logiciel de paie en quelques semaines», illustre Erwan Loquet, partner.
Ses 500 collaborateurs travaillent à distance. «Nous avons connu les surcroîts d’activité, mais il y aura nécessairement des conséquences financières à moyen et long terme, qu’il est difficile de prédire», relativise-t-il néanmoins.
90% de chiffre d’affaires en moins pour Lux GD Conseil
Pour l’entreprise de dépannage informatique Zoomtis, la demande était bien là, mais pas les ressources. Sans équipement de protection, les deux salariés n’ont pas été capables de se rendre chez les clients et n’ont repris qu’une activité limitée il y a 10 jours, après réception de masques. «Qui dit télétravail, dit ordinateur, qui parfois ne marche pas», explique Wilfried Gadou, son gérant. «En mars, nous recevions entre 10 et 15 appels par jour au lieu de cinq ou six.» Des demandes auxquelles ils n’ont pas su répondre.
Aujourd’hui, ils reprennent progressivement, en effectuant des dépannages un jour par semaine, le mercredi. Ils en ont effectué entre trois et quatre mercredi dernier.
Et lorsque le business model est le dépannage à domicile, la situation devient compliquée en période de pandémie. Lux GD Conseil, entreprise de dépannage informatique à domicile qui compte deux salariés, en témoigne. Elle a bien connu un «phénomène télétravail», avec une hausse de la demande en mars, mais elle ne «compense pas la baisse d’activité», selon Gaëtan-Loup Debatty, gérant. Il reçoit un à deux appels par jour, au lieu de cinq ou six en temps normal. Soit une baisse de 90% du chiffre d’affaires sur le mois, selon lui.
Sauvés par la vente en ligne
Avec la mise en place du télétravail, «beaucoup de gens se sont équipés à la dernière minute», a aussi vu Rui Da Silva, directeur du magasin de matériel informatique Xantor, à Dudelange. Mais quelques semaines après les annonces de confinement, tout est devenu plus calme. Pour ses clients professionnels, qui représentent 90% de l’activité, «nous n’avons quasiment plus de commandes», regrette-t-il. «Nous avons gagné une clientèle de particuliers», ajoute-t-il cependant.
Même s’il a dû fermer son magasin, il continue la vente en ligne, notamment via Letzshop, de matériel informatique. Il mise sur une livraison rapide, en quelques heures ou quelques jours. Il ne connaît pas de ruptures de stock, malgré une baisse de disponibilité sur certains produits, comme les webcams ou les casques audio.
«Les prix ont plus que triplé», s’alarme-t-il. Il estime qu’une caméra à 20 euros en vaut 100 en ce moment. La demande reste aussi forte pour les imprimantes ou cartouches. «Les gens impriment plus que d’habitude, les cours de leurs enfants, par exemple», justifie-t-il.
Ces nouveaux clients ne compensent toutefois pas la perte d’activité. «Par rapport à notre chiffre habituel, nous sommes à un tiers», commente-t-il. Sur les sept salariés, seulement deux à trois travaillent encore. Les autres sont en chômage partiel. L’entreprise réalise habituellement un chiffre d’affaires d’environ 2,5 millions d’euros. Il s’inquiète pour la suite: «Beaucoup se sont équipés pendant la crise. Ce que je crains, c’est qu’ils n’aient plus besoin de matériel après.»