Si l’action a perdu un peu de lest depuis l’entrée au NYSE, actionnaires et investisseurs préfèrent regarder au loin et voir les développements annoncés que le cash libéré par la SPAC va pouvoir financer. (Photo: Spire Global)

Si l’action a perdu un peu de lest depuis l’entrée au NYSE, actionnaires et investisseurs préfèrent regarder au loin et voir les développements annoncés que le cash libéré par la SPAC va pouvoir financer. (Photo: Spire Global)

Spire a sonné la cloche au New York Stock Exchange, à la faveur d’une fusion avec la SPAC NavSight qui la valorise à 1,6 milliard de dollars. Pour la pépite de l’espace attirée par le Luxembourg dès 2017, les 265 millions de dollars de cash vont devoir être utilisés pour atteindre ses objectifs.

Comme tous ceux qui y sont passés avant lui, Peter Platzer a savouré, sourire aux lèvres et poing gauche levé. Sonner la cloche du New York Stock Exchange est un moment particulier pour Spire Global, que Forbes décrit depuis longtemps comme la «next billion company».

«Nous empruntions ce que je considère comme un chemin plus traditionnel», a confié le CEO de Spire, cette semaine, au journaliste du média américain. «On a eu les conversations avec les banques, on a eu les concours de beauté, on a parlé aux bourses. Et assez tard dans ce processus, nous avons rencontré Jack et Bob.» Jack Pearlstein et Bob Coleman, respectivement directeur financier et CEO de NavSight Holdings, une SPAC devenue publique en septembre dernier, ont convaincu l’Autrichien, que l’on verra probablement de moins en moins au Luxembourg, de changer de braquet et de préférer leur SPAC, qui devait lui amener quelque 400 millions de dollars de cash plus rapidement.

Moins de six mois après que le deal a été conclu, les actionnaires ont exigé le rachat de 90% des actions et le montant dans les caisses tourne plutôt à 265 millions de dollars, plus les 70 millions de dollars levés avant l’introduction en bourse, mais M. Platzer, qui a installé le centre de recherche de la pépite de l’espace au Luxembourg dès 2018, est heureux. «Nous sommes incroyablement chanceux d’être au sommet d’une perturbation générationnelle à long terme», assure le fondateur à CNBC. «Le seul équivalent auquel je puisse penser dans ma vie est la fin des années 1990, le début des années 2000, lorsque nous avons eu l’ordinateur personnel remplaçant l’ordinateur central, et vous avez commencé à avoir cette itération rapide.»

Dans la présentation officielle du SPAC, ses ambassadeurs l’assurent: Spire Global est aux avant-postes d’une nouvelle ère où la donnée doit être collectée, traitée et fournie à ses clients, quel que soit leur objectif, de l’établissement de la météo à la gestion des avions ou des bateaux. L’entreprise américaine travaille sur quatre verticales: le maritime et l’aviation (où il s’agit de suivre sa flotte et d’optimiser les déplacements), le climat (pour gérer et anticiper les catastrophes naturelles ou les caprices de la météo) et les services orbitaux.

Spire compte sur ses 141 satellites Lemur en orbite et ses 30 stations au sol pour doubler ses revenus récurrents en 2021 à 72 millions de dollars et atteindre plus de 1,2 milliard de dollars dès 2025, dit la brochure. L’avenir dira si Platzer le visionnaire, soutenu par le Luxembourg Future Fund à hauteur de 70 millions d’euros dans le cadre de la politique du «new space» d’Étienne Schneider, avait raison.

Dans , Spire enregistre des revenus entre 18,6 et 19 millions de dollars, «une augmentation de 30 à 35% par rapport au 30 juin 2020», avec 202 clients récurrents de la solution (soit 30 clients de plus que le total de l’an dernier). Toujours aussi soucieux de transparence et les pieds sur Terre, le CEO de Spire avait ramené les revenus annuels pour 2021 à 54 millions de dollars. Ils sont désormais fixés à 40-42 millions de dollars, soit au mieux 43-50% de plus que l’an dernier, ce qui ne serait déjà pas si mal!

La différence est loin d’être anodine quand on est en bourse et qu’il faut répondre de chaque détail qui va de travers sous peine de fâcher durablement les actionnaires. Au fur et à mesure que chaque satellite permet de générer des revenus, sur sa durée de vie de trois ans, le niveau des revenus récurrents va augmenter. Les capteurs peuvent produire plus, assure-t-il. L’équipe de 250 employés, principalement des ingénieurs et des scientifiques (140), va grossir, Spire recrutera des forces de vente pour continuer à vendre sa solution.

Tandis que les actionnaires, comme le LFF, mais aussi Expon Capital, suivent l’incroyable hausse des revenus depuis 2017, l’Autrichien préfère regarder d’autres métriques que le seul ARR. Il est un des rares qui possède toute l’infrastructure pour délivrer des données «propres» à des clients – y compris militaires – et qui cherche des niches de croissance ou des informations à forte valeur ajoutée et s’appuie sur un modèle différent de beaucoup d’autres acteurs obligés de s’en remettre à un partenaire extérieur. Et Spire s’intéresse à des technologies avant-gardistes comme la transmission optique de données d’un satellite à un autre. Cela l’affranchit en partie de devoir lancer des constellations en dizaines de milliers de nanosatellites comme le surmédiatisé Elon Musk, qui n’a pas les mêmes objectifs. Fournir des données d’observation de la Terre d’un côté, assurer une connectivité à ultra haut débit de l’autre.