Jean-Philippe Florent continuera à prendre le train. Mais espère aller vers Namur plutôt que Luxembourg. (Photo: Sudpresse/La Meuse Luxembourg)

Jean-Philippe Florent continuera à prendre le train. Mais espère aller vers Namur plutôt que Luxembourg. (Photo: Sudpresse/La Meuse Luxembourg)

Dimanche, en Belgique, on votera dans le cadre des élections européennes, mais aussi afin de renouveler les parlements régionaux et le Parlement fédéral. Six travailleurs frontaliers figurent sur les listes.

Ce sera une journée d’élections dimanche en Belgique. Au pluriel, car les électeurs devront faire leur devoir (le vote y est obligatoire) pour renouveler le Parlement européen, mais aussi les assemblées régionales et fédérales. Et parmi les candidats, on retrouve six travailleurs frontaliers.

Septième effective à l’Europe

Christelle Mathieu, conseillère communale dans la petite commune de Tintigny, a ainsi trouvé place sur la liste du Parti socialiste (PS) à l’Europe. En septième position, ses chances d’être élue sont nulles. Mais sa présence a été tout de même une petite histoire. Malheureusement pour elle, la campagne s’est mal terminée.

Nos collègues du Soir ont en effet pointé le fait que, si le PS se faisait le chantre de la lutte contre la fraude fiscale, Christelle Mathieu était cadre au sein de la société Link Asset Services, incriminée dans le dossier des Panama Papers, sanctionnée en 2017 par la CSSF. Christelle Mathieu a aussi été gérante et administratrice de différentes holdings, dont deux impliquées dans les Panama Papers et les Paradise Papers.  

À nos confrères, elle a sobrement rappelé qu’aucune de ces sociétés n’avait été condamnée pour fraude fiscale. Et qu’il n’y avait aucune ambiguïté entre son engagement politique et son travail dans le domaine financier. Elle n’a en revanche pas donné suite aux appels de Paperjam.

Jean-Philippe Florent très bien placé

Le MR présente une candidate aux élections régionales. Stéphanie De Wachter est quatrième effective sur la liste qui est tirée par le ministre-président sortant Willy Borsus. Et si le scrutin servira à choisir, pour le Parlement wallon, six élus de la province de Luxembourg contre cinq auparavant, ses chances d’en être sont aussi assez minces. Le MR avait eu deux élus en 2014 et sera sans aucun doute heureux de les conserver. À 28 ans, Stéphanie De Wachter est conseillère communale à Bouillon et travaille comme assistante personnelle chez Deloitte.

Par contre, Ecolo peut légitimement espérer compter un élu. Comme ailleurs en Europe, le parti vert a le vent en poupe. Sa tête de liste sera Jean-Philippe Florent, déjà conseiller provincial. Il vit à Chiny, mais travaille depuis 9 ans au Luxembourg. «À l’Office des publications, un service de la Commission européenne», nous dit-il. «Mais j’ai d’abord été 3 ans à la Cour de justice, après avoir été employé en Belgique et avoir longtemps habité Bilbao.»

Et en ce qui le concerne, les chances de le voir appelé à siéger à Namur sont grandes. «Il y a d’abord un élu de plus, en effet. Ensuite, pour la première fois, l’élection se fera à l’échelle d’une circonscription unique. Avant, il y avait celle d’Arlon-Marche-Bastogne et celle de Neufchâteau-Virton. Un découpage qui nous était très défavorable. Nous avions introduit un recours au Conseil d’État, qui nous a donné raison.

Les deux circonscriptions ont donc été fusionnées», explique-t-il. Mais du coup les «poids lourds» y sont plus nombreux: Willy Borsus pour le MR, le ministre René Collin pour le cdH, Philippe Courard – ancien président du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et ancien ministre régional – pour le PS.

Plusieurs scénarios possibles

S’il est élu, Jean-Philippe Florent assumera le mandat. «Il serait incompréhensible que je ne le fasse pas. Je continuerai à prendre le train, mais vers Namur et plus vers Luxembourg», conclut-il.

Sur sa liste, on retrouve aussi Brigitte Pétré, figure d’Ecolo en province de Luxembourg, conseillère provinciale et qui gère une agence de voyages spécialisée du nom d’Aricia.

À la Région, les derniers sondages indiquent une belle augmentation d’Ecolo. Qui aura sans doute une partie des cartes en mains au moment où les coalitions vont se dessiner. Ce qui ne sera pas simple. Pour rappel, le 19 juin 2017, le cdH (démocrates humanistes) a brisé son accord de majorité avec le PS pour s’allier au MR.

Mais les libéraux aimeraient rester aux affaires, mais en étant annoncés quelque peu en perte de vitesse, mais sans souhait de gouverner durant les prochaines années avec le PS et Ecolo. Bref, c’est un peu la bouteille à encre. «Attendons de voir ce que les gens vont voter», conclut Jean-Philippe Florent.

Un employé de l’OGBL aux élections fédérales

Par ailleurs, on retrouve sur la liste Ecolo pour le Parlement fédéral deux autres frontaliers: Christophe Gavroy, qui travaille chez Lubatex Group, est quatrième effectif; et Jacques Delacollette, conseiller Eures de l’OGBL, est cinquième suppléant.

À ce niveau aussi, il est bien difficile de savoir quel sera le visage de la Belgique dans quelques mois. Le MR était le seul parti de la majorité fédérale, mais est mal en point dans les sondages. Il serait prêt à rester au gouvernement, même avec une N-VA flamande qui a fait exploser la coalition en décembre avec son refus de signer le pacte de Marrakech.

Le parti de Bart De Wever a, de son côté, dit ne pas vouloir du PS, et ne porte pas Ecolo dans son cœur. Reste à savoir si c’est encore le bourgmestre d’Anvers qui donnera le tempo, car au nord du pays, on craint une vague brune dimanche, avec un retour tonitruant de l’extrême droite et du Vlaams Belang. Qui verrait avec délice la mécanique institutionnelle tomber en panne.