Laurent Mertz et Roberto Mendolia annoncent qu’ils «ne laisseront pas passer» le refus de l’ABBL d’appliquer le 26e jour de congé octroyé par le gouvernement en début d’année 2019. (Photo : Matic Zorman / Maison Moderne)

Laurent Mertz et Roberto Mendolia annoncent qu’ils «ne laisseront pas passer» le refus de l’ABBL d’appliquer le 26e jour de congé octroyé par le gouvernement en début d’année 2019. (Photo : Matic Zorman / Maison Moderne)

Le syndicat des employés du secteur financier amorce une année 2020 sous tension avec la renégociation de trois conventions collectives délicates et un bras de fer sur le 26e jour de congé.

L’Aleba organisait jeudi sa réception du Nouvel An. L’occasion de dresser, comme les semaines passées pour la , la , le , la  ou encore la , un bilan de 2019 et de jeter un œil sur les défis qu’amène 2020.

À l’instar des autres syndicats, l’Aleba note une recrudescence d’adhésions dans le sillage des élections sociales du printemps qui l’ont vue remporter 35% des délégués en entreprise et conserver son titre de syndicat représentatif au niveau sectoriel au sein de la Chambre des salariés. «Il faut toutefois noter une augmentation du nombre de délégués indépendants: 41% des délégués aujourd’hui sont sans étiquette», souligne Laurent Mertz, secrétaire général de l’Aleba. «C’est une mauvaise nouvelle pour le salarié, car ces délégués ne bénéficient ni d’un soutien ni d’une structure pour effectuer leur travail de défense des droits des salariés de manière idéale.»

Sur le front social, 400 employés ont été touchés par un plan social ou une restructuration en 2019, dont celui de RBC. L’Aleba se désole de voir traîner en longueur la liquidation d’ABLV, imposant aux salariés une «attente insoutenable», déplore Roberto Mendolia, président de l’Aleba, alors que la société est réputée disposer d’assez d’argent pour financer le plan social.

Les employeurs ont joué le jeu avec le soutien de l’ABBL et des syndicats, même s’il reste certaines ambiguïtés à lever.

Laurent Mertzsecrétaire général Aleba

L’année 2019, aussi marquée par des remous au sein de l’Aleba – deux licenciements portés désormais devant la justice – et le retrait de Roberto Scolati, a laissé quelques problématiques à régler en 2020. À commencer par la reclassification des fonctions prévue par la convention collective banques et entrée en vigueur au 1er janvier. «Nous avons le sentiment que cela s’est globalement bien passé», commente M. Mertz. «Les employeurs ont joué le jeu avec le soutien de l’ABBL et des syndicats, même s’il reste certaines ambiguïtés à lever. Certains employeurs n’ont pas été tout à fait ‘fair’ en s’y prenant fort tard ou en pratiquant un nivellement par le bas, ce que nous devons vérifier.» Les premières plaintes officielles de salariés devraient prochainement remonter vers les délégués puis être discutées en commission paritaire si aucun accord interne n’est trouvé.

L’Aleba cite encore d’autres points de la convention collective banques à discuter avec l’ABBL, comme l’évaluation des personnes, qui devrait selon le texte faire partie des droits de codécision de la délégation, ou le paiement des jours fériés légaux à 300% appliqué de manière inégale.

Nous n’acceptons pas cette mauvaise volonté de l’ABBL alors que certains employeurs comme Clearstream, ING, KBL et RBC ont donné ce 26e jour à l’ensemble de leurs salariés.

Laurent Mertzsecrétaire généralAleba

Le principal «point de discorde extrêmement désagréable avec l’ABBL» demeure toutefois le 26e jour de congé légal. «Nous sommes face à une lecture strictement hypocrite de l’ABBL qui va nous amener à des actions futures», annonce M. Mendolia. Un front syndical se prépare d’ailleurs dans ce bras de fer auquel les syndicats ne s’attendaient pas. «Nous n’acceptons pas cette mauvaise volonté de l’ABBL alors que certains employeurs comme Clearstream, ING, KBL et RBC – 4.000 salariés – ont donné ce 26e jour à l’ensemble de leurs salariés», fustige M. Mertz. «Nous ne laisserons pas passer ça.»

Cadeau de la coalition DP-LSAP-Déi Gréng II aux salariés, ce 26e jour de congé légal a effectivement suscité de vives réactions dans le secteur financier, l’ABBL comme l’Aca estimant qu’il ne devrait s’appliquer qu’aux salariés ne disposant que de 25 jours de congé, alors que les conventions collectives dans le secteur financier octroient déjà des jours de repos ou fériés compensatoires, sans compter les jours supplémentaires pour les travailleurs âgés de plus de 45 ans. «Ces jours de repos sont en réalité des jours fériés ou chômés, comme la braderie, qui n’avaient pas de sens dans le secteur financier (travaillant avec d’autres pays qui ne connaissent pas ces jours fériés, ndlr) et ont été transformés en jours flottants à la demande du patronat», rappelle M. Mertz. Et tout refus d’accorder ce 26e jour à un salarié disposant d’un jour supplémentaire parce qu’il a 50 ans relève tout simplement de la «discrimination», ajoute-t-il.

Notre serment d’Hippocrate de syndicat est de défendre tout le monde de la même manière.

Roberto MendoliaprésidentAleba

Ce point d’achoppement augure en tout cas une entrée délicate en négociations pour la convention collective banques arrivant à échéance en fin d’année. L’Aleba se prépare également à discuter de la convention collective assurances «dans la continuité» et de celle de Post, pour laquelle «nous espérons toujours arriver à une convention unique au lieu de trois» régissant les relations de travail des différents statuts des salariés. La convention collective de Six récemment amendée pourrait également être à négocier en fin d’année. Autant de cahiers des charges à définir en amont pour l’Aleba.

Très attaché à son indépendance politique, le syndicat considère qu’il se doit d’apporter son soutien aux délégués indépendants. «Notre serment d’Hippocrate de syndicat est de défendre tout le monde de la même manière», souligne M. Mendolia. Quitte évidemment à voir ces délégués rejoindre la bannière Aleba dans le futur. Le syndicat a développé un programme de formation pour aider ses 700 délégués en profitant de la nouvelle loi qui libère les délégués du personnel jusqu’à une semaine par an pour des formations ciblées.