Selon la Chambre de commerce et la Chambre des métiers, ce sont les emplois les moins qualifiés qui auront le plus à perdre d’une hausse du SSM. (Photo: Shutterstock)

Selon la Chambre de commerce et la Chambre des métiers, ce sont les emplois les moins qualifiés qui auront le plus à perdre d’une hausse du SSM. (Photo: Shutterstock)

La hausse du salaire social minimum reste imbuvable pour la Chambre des métiers et la Chambre de commerce. Les deux instances cosignent un texte pour que le projet soit, au mieux, retiré, et au pire, neutralisé financièrement.

L’augmentation du salaire social minimum de 2,8% décidée par le gouvernement reste imbuvable pour le patronat. Jeudi, la Chambre de commerce et la Chambre des métiers ont cosigné un texte afin d’inciter les élus, au mieux, à enterrer le projet, et au pire, à en neutraliser l’impact financier.

Un forfait de 500 euros pour certaines entreprises

«Le Code du travail n’impose aucunement au gouvernement de relever le niveau du SSM», notent les deux instances. Les conditions économiques étant défavorables, il est demandé de retirer le projet de loi du rôle de la Chambre des députés. «Pour le cas où le gouvernement compte faire fi de cette demande des deux Chambres, [il faut] à titre subsidiaire que le gouvernement prenne ses responsabilités.» Et donc, elles «demandent une neutralisation financière complète au profit de toutes les entreprises concernées par l’impact négatif de l’augmentation, et non seulement des secteurs les plus gravement touchés par la pandémie».

On est loin du compte pour le moment, puisque le ministre des Classes moyennes (DP) a expliqué en commission de la Chambre que .

Cela ne devrait pas contribuer à faire. Leurs positions quant au relèvement du SSM étant évidemment aux antipodes l’une de l’autre.

Des risques pour l’emploi des moins qualifiés

Pour étayer leur demande, la Chambre de commerce et celle des métiers rappellent que la décision est prise au pire moment. «De nombreuses entreprises ont vu leur trésorerie fortement se dégrader ces derniers mois et n’auront pas la capacité d’amortir cette augmentation imprévue du coût de la main-d’œuvre. Une telle hausse pèsera, par ailleurs, de manière écrasante sur les secteurs très intensifs en main-d’œuvre, et aura des conséquences sur l’emploi dans le pays», disent-elles en commun.

Les augmentations cumulées du SSM étant de 24% depuis 2010, elles «ont contribué fortement à la progression des coûts salariaux unitaires du Luxembourg, qui a dès lors subi une dégradation marquée de sa compétitivité-coût par rapport à ses principaux partenaires et concurrents commerciaux». Celle attendue le 1er janvier «détériorera davantage la compétitivité des entreprises et leur capacité à investir pour se relancer dans le nouveau contexte économique, au moment où la pérennité de beaucoup d’entre elles est remise en cause par la crise».

En France, les experts déconseillent une hausse

Enfin, les deux Chambres prévoient un impact sur l’emploi: «Le niveau élevé du SSM pose déjà d’importants problèmes d’employabilité des personnes résidentes peu qualifiées. En ces temps de crise, le relèvement du SSM risque d’aggraver les difficultés éprouvées par les résidents peu ou pas qualifiés lors de la recherche d’un emploi, ceci d’autant plus que l’augmentation du coût de la main-d’œuvre la moins qualifiée incite à recourir à des travailleurs plus qualifiés en provenance, notamment, de la Grande Région.»

En France, un groupe d’experts avait été mandaté par le gouvernement pour examiner une hausse possible du Smic. Sa revalorisation légale au 1er janvier sera de 1%. Les experts, dans leur rapport déposé mardi, déconseillent tout coup de pouce supplémentaire, même pour atteindre simplement 1,2%. Pour des raisons conjoncturelles d’abord, certes pas comparables à celles connues au Luxembourg. Mais aussi parce que – et sur ce point, ils rejoignent les argumentaires de la Chambre de commerce et de la Chambre des métiers – cela sera néfaste à l’emploi des plus vulnérables, tandis que «le salaire minimum n’est pas le bon outil pour lutter contre la pauvreté».