Estimez-vous que le tissu économique luxembourgeois a bien résisté à la crise?
. – «Nous avons globalement bien tenu le choc. Très peu de faillites ont eu lieu en comparaison avec les années précédentes. Et s’il y a eu un peu plus de liquidations volontaires, cela laisse supposer que certaines entreprises ont cessé leur activité – mais de manière volontaire.
De même, au niveau macroéconomique, nous avons une récession de 1,3%, ce qui est très peu pour le choc que nous avons subi en comparaison européenne et internationale. En mars et avril, l’économie a tout de même été presque mise à l’arrêt quelques semaines. Nous nous sommes bien repris par la suite.
Les perspectives économiques de l’OCDE sont positives, en particulier pour le Luxembourg. La sortie de crise est palpable ou on continue à marcher sur des œufs?
«Selon les prévisions, il existe une perspective claire de reprise et de relance. Et le Luxembourg est parmi les plus rapides à s’en sortir dans la zone euro. Nous avons des finances publiques très saines, un endettement bas, des investissements publics élevés. Et nous avons maintenu notre niveau d’investissements: c’est notre meilleur atout pour redynamiser la reprise et la relance.
Mais nous marchons un peu sur des œufs, car l’incertitude subsiste à propos de la rapidité de la campagne de vaccination, des vaccins qui ne produiraient plus leurs effets à cause des variants et du spectre d’une nouvelle vague à l’automne.
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La structure de l’économie luxembourgeoise a-t-elle aidé à surmonter cette crise?
«Être en grande partie une économie de services nous a bien sûr bien aidés, au vu du recours très large au télétravail. pendant le Covid. Mais aussi les services de digitalisation, qui ont très bien performé pendant la crise et ont compensé la perte de vitesse sur d’autres activités.
Les aides massives aux entreprises ont-elles eu l’effet escompté?
«Nous avons très largement subventionné l’économie. On peut comparer cela à un incendie au-dessus duquel nous sommes passés avec un canadair: nous avons fait en sorte de l’éteindre avec des aides très larges. Notre dispositif a été le plus généreux en matière d’aides, avec une panoplie extrêmement large: , en passant par les aides directes aux entreprises. L’aide la plus massive ayant été le , puisque de nombreuses entreprises de tous les secteurs y ont eu recours. C’était le filet de sauvetage pour toute l’économie.
Mais le recours à celles-ci a fortement varié d’un secteur à l’autre…
«Les secteurs les plus touchés – l’horeca et l’événementiel – ont eu un recours massif aux aides. Cela a également été le cas pour les indépendants ou les commerces, surtout durant les périodes où ils étaient fermés.
Mais d’autres y ont eu beaucoup moins recours: la construction, une fois sortie du premier confinement à la fin du mois d’avril, a tourné normalement. Même chose pour les entreprises de services — les services financiers, mais aussi les services au sens large, notamment ceux liés à la digitalisation.
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Comment allez-vous organiser la sortie de ces subventions?
«La première phase vient effectivement à son terme. Il faut désormais en sortir et revenir à un rythme de croisière. Nos dispositifs d’aide restent certes accessibles jusqu’en octobre, mais ils sont beaucoup plus ciblés: le chômage partiel est ainsi terminé, sauf pour les secteurs encore concernés par des mesures de fermeture ou de restriction de leur activité — en premier lieu l’horeca et l’événementiel.
D’autres aides, comme celles du programme , sont par ailleurs déjà orientées vers la relance…
«Cet instrument a eu un succès formidable! Ce sont des aides à l’investissement, dans le cadre du dispositif européen, qui ont un niveau de soutien plus élevé en matière de digitalisation, d’environnement ou d’économie circulaire. Cela permet de bénéficier de subventions qui dépassent les niveaux admis sous le règlement Block Exemption de Bruxelles, sur lequel sont basés nos régimes d’aide à l’investissement.
Nous appliquons les aides de manière à ce qu’elles encouragent les entreprises à aller dans la direction que nous souhaitons.
Donc si nous sommes dans une période de phasing out des aides, nous sommes aussi déjà dans un esprit de relance et nous appliquons les aides de manière à ce qu’elles encouragent les entreprises à aller dans la direction que nous souhaitons, à savoir une économie plus durable et plus consciente des enjeux environnementaux et digitaux.
Ce système d’aides est-il amené à évoluer?
«Nous allons observer ce qui se fait à Bruxelles pour voir de quelle manière nous allons organiser nos aides à l’investissement et de quelle marge de manœuvre nous disposons: un nouveau cadre sera prochainement fixé par Bruxelles en ce qui concerne les aides d’État Covid.
J’ai d’ailleurs plaidé dernièrement au sein du conseil compétitivité à Bruxelles afin que la Commission adapte le règlement Block Exemption à une relance axée sur la double transition digitale et environnementale. Car c’est le cas du plan de relance et de résilience et du plan ‘Next Generation EU’, mais il faut aussi que nos instruments ‘Block Exemption’ soient dirigés vers ces mêmes priorités.
Après un an et demi de gestion de crise, nous avons les repères pour mieux gérer une nouvelle vague.
Les entreprises, déjà ébranlées par une année de crise, seraient-elles en capacité de résister à une vague à l’automne?
«Après un an et demi de gestion de crise, nous avons les repères pour mieux gérer une nouvelle vague. Si jamais nous y étions confrontés, nous avons désormais le ‘kit Covid’: notre programme d’aides, notre manière de gérer la crise sanitaire. Et celle-ci était bien plus granulaire que dans beaucoup d’autres pays: nous avons moins fermé, de manière moins stricte, nos couvre-feux étaient plus permissifs qu’ailleurs. Et les entreprises savent elles-mêmes mieux comment s’organiser. Je suis donc assez confiant en ce qui concerne notre capacité à résister à une nouvelle vague.
Qu’avez-vous appris de l’économie luxembourgeoise pendant cette crise?
«D’abord, notre économie est résiliente face à une telle crise, avec une excellente infrastructure digitale, assurée par le très fort réseau de Post, presque unique en Europe, qui a permis le télétravail à très large échelle.
Une leçon un peu moins réjouissante a concerné les limitations et les défaillances des en temps de pandémie: en tant que petit pays enclavé, très ouvert et très dépendant de la main-d’œuvre étrangère, et surtout frontalière, nous avons soudain redécouvert la présence des frontières, parfois à nos dépens, ce qui était très stressant.
Des vulnérabilités au niveau des chaînes de valeur ont aussi été manifestes, de même que notre dépendance vis-à-vis de la Chine quant aux produits de santé, masques et respirateurs. D’où la nécessité de se réindustrialiser au niveau européen et de relocaliser certaines chaînes de valeur stratégiques, ce qui est maintenant un des axes d’action de la Commission européenne.
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L’Europe veut se réindustrialiser. C’est aussi le cas du Luxembourg?
«Il faut rester un pays industriel. Notre industrie est forte. Certes, elle est classique – sidérurgie, verre, ciment, plasturgie –, mais elle devient de plus en plus technologique et faible en émissions de CO2. Nous allons ainsi dans la direction d’une industrie et d’une économie de plus en plus durables, vertes et digitales.
Et notre industrie produit de plus en plus de choses à forte valeur ajoutée: des entreprises comme Ceratizit, Rotarex ou ArcelorMittal produisent des choses qui sont à la pointe dans leur secteur. Nous voulons absolument préserver cela, voire le développer, notamment en fonctionnant en partenariat avec la recherche: la liaison entre l’industrie et la RDI est de plus en plus forte. Nous avons une très belle carte à jouer avec tous ces instruments d’innovation et les collaborations avec des instituts de recherche, que ce soit le List, le LIH en matière de santé, l’Université du Luxembourg ou le FNR.
Les cas de et , deux échecs, ont montré des réticences, notamment concernant l’impact sur l’environnement…
«Fage et Knauf étaient deux dossiers particuliers, à partir desquels il ne faut pas extrapoler: le Luxembourg n’est pas un pays hostile à l’industrie. Il y a un grand intérêt pour le Luxembourg en tant que pays d’accueil de nouvelles activités, avec des dossiers très prometteurs dans le pipeline qui, je l’espère, vont se concrétiser dans les années à venir. Et il y a aussi des acteurs industriels qui sont déjà ici et qui veulent y développer leur activité. Ce qui me rend optimiste concernant l’avenir de l’industrie luxembourgeoise.
Mais il faut déterminer quel type d’activités nous voulons. Car nous ne pouvons pas tout faire: notre territoire est limité et ne permet pas de construire une usine Tesla de 200 hectares. Le développement économique doit se faire dans certains créneaux.
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Collaborez-vous avec le ministère de l’Environnement pour choisir les entreprises susceptibles de s’installer au Luxembourg?
«La prospection et l’analyse des dossiers de nouveaux assesseurs se font au ministère de l’Économie, c’est un de ses grands rôles. Mais en ce qui concerne les cleantech ou les énergies renouvelables, nous sommes tout à fait ouverts au dialogue.
Mais, pour éviter de nouveaux dossiers Fage et Knauf à l’avenir, nous mettons en place un examen de durabilité dans le but de vérifier la compatibilité des nouveaux projets industriels avec les normes environnementales – les plafonds d’émission, l’usage du terrain, le niveau d’eau qui est requis – afin de voir si un projet est dans les cordes lors d’un premier examen.
Le modèle économique luxembourgeois exerce une forte pression sur l’environnement. Est-il viable? Croyez-vous à la possibilité d’une croissance verte?
«Je crois à la nécessité d’avoir une croissance. Je ne fais pas partie de cette école de pensée de la décroissance. Mais il faut une croissance intelligente. L’avenir d’un pays comme le Luxembourg – un pays très développé, riche, doté d’une politique sociale à laquelle je souscris entièrement – réside dans une économie à haute valeur ajoutée, décarbonée, qui va de plus en plus investir dans la digitalisation, occuper des créneaux d’avenir dans la recherche, dans une économie de la connaissance, mais aussi du savoir-faire, que ce soit dans les TIC, l’économie circulaire ou la finance.
Des instances comme le FMI ou l’OCDE préviennent que les inégalités sociales risquent d’exploser suite à la crise. Cela vous inquiète-t-il?
«Les inégalités sont un sujet pour toutes les sociétés. Chez nous aussi. Il faut s’en inquiéter et essayer d’y remédier. Heureusement, l’État providence est fort au Luxembourg, avec des mécanismes d’ajustement et de transferts sociaux qui protègent les gens contre les inégalités extrêmes.
Et, pendant la pandémie, le chômage partiel a été étendu à quasiment toute l’économie, ce qui a protégé la plupart des salariés contre une perte totale de revenus — ce qui était loin d’être le cas partout.
Mais, chez nous aussi, des inégalités se creusent. Différents facteurs sont en cause, notamment et un système fiscal qui pourrait être restructuré.
Pensez-vous à une taxation des successions ou de la fortune, comme le recommandent le FMI et l’OCDE?
«Cela n’est pas à l’ordre du jour de cette coalition. Mais ce sera sans doute une discussion dans le cadre des prochaines élections législatives. Chaque parti devra se positionner.
Pour mon parti, le LSAP, une question se pose clairement: l’imposition des grandes fortunes. Celles-ci, qu’elles soient mobilières ou immobilières, sont peu imposées par rapport au travail: il n’y a pas d’imposition sur la propriété et une assez faible imposition sur les revenus immobiliers, alors qu’il y a une forte imposition sur le travail. Pour moi, il est clair que, dans le cadre de la pandémie, il faut s’attaquer à ces questions-là. Et nous allons, au niveau du LSAP, présenter en temps utile notre programme sur ce sujet.
La fiscalité est aussi un levier auquel recourir pour résoudre la crise du logement?
«De manière générale, la fiscalité sur l’immobilier incite encore à des investissements spéculatifs et à de la rente foncière, qui ne sont pas des investissements de primo-arrivants — ce qui n’est bien sûr pas dans l’intérêt d’une accalmie du marché. Or, si on veut calmer cette chauffe sur le marché immobilier, la fiscalité est un levier important.
Certaines choses ont déjà été faites lors de la dernière petite réforme fiscale dans le contexte du dernier budget, comme l’abaissement de l’amortissement accéléré à cinq ans ou l’abrogation des FIS immobilières.
Mais une discussion doit avoir lieu sur un deuxième impôt foncier, en plus de celui perçu par les communes. Ainsi que sur un impôt sur la rétention foncière, qui doit être activé pour les terrains constructibles mais non construits pour cause de rétention foncière — un peu de la même manière que pour la taxation des logements vides.
Votre collègue au gouvernement et membre du LSAP, le ministre Dan Kersch, Qu’en pensez-vous?
«Une distinction doit être faite entre les entreprises qui ont innové, qui ont réussi à être agiles et ont bien tiré leur épingle du jeu en respectant les règles, et celles qui l’ont un peu moins fait. On a fait l’analogie avec les profits de guerre et l’imposition sur les profits de guerre…
Mais il s’agit d’une discussion complexe, délicate, et je préfère de loin en avoir une plus fondamentale sur l’imposition des grandes fortunes, et en particulier sur le capital non productif. Car une distinction fondamentale existe, selon moi, entre les rentes perçues sur les propriétés et le travail productif ou le capital productif.
La fiscalité fait aussi l’objet de discussions à l’internationale, notamment le projet de Cela vous semble aller dans la bonne direction?
«Je l’accueille favorablement. C’est l’histoire en marche: on ne peut pas indéfiniment soutenir un système où les multinationales sont taxées à 1, 2 ou 3% parce qu’elles arrivent à structurer leurs recettes au niveau mondial, alors que d’autres, des PME locales, ou à plus forte raison des gens qui travaillent, sont taxés au taux plein. Cela sape tous les principes de justice fiscale, de même que la crédibilité des États, donc c’est une mesure qui est bonne. Et cela crée aussi un level playing field international dans lequel le Luxembourg n’a pas de problème: si tout le monde est au moins à 15%, nous pouvons très bien vivre avec.
Une étude de l’Observatoire européen de la fiscalité montre qu’une taxation minimale des entreprises pénaliserait à terme le Luxembourg…
«J’ai aussi lu cette étude de l’Observatoire européen de la fiscalité, qui est dirigé par Gabriel Zucman. Il y est également dit que le Luxembourg serait gagnant à court terme car il pourrait imposer plus fortement ces entreprises. À moyen terme, la question est de savoir si quelques multinationales – on n’en a pas non plus 50 – resteraient ici ou se délocaliseraient ailleurs. C’est une question à laquelle je n’ai pas de réponse. Et je pense que personne n’a la réponse à cela. La fiscalité n’est pas le seul facteur, et si le terrain de jeu est semblable pour tous les pays, il n’y a pas de raison qu’elles s’en aillent de prime abord.
Elles n’auraient plus non plus de raisons de venir s’installer au Luxembourg…
Il n’y aurait pas de raisons intrinsèquement liées à de la structuration fiscale, ce qui n’est pas une mauvaise chose à mes yeux. Notre modèle d’avenir ne réside pas dans la structuration fiscale. Car cela s’accompagne toujours d’un risque de réputation pour un pays — on l’a bien vu ces dernières années avec les différentes révélations , et autres.
Mais le levier fiscal n’est plus, depuis assez longtemps déjà, un attrait. Nous sommes loin de l’époque où une entreprise venait ici et recevait un bon ruling ou un terrain lorsque, au plus fort des années 80 et 90, nous pratiquions des modèles de structuration fiscale agressifs. C’est un passé que nous ne pouvons pas nier, mais nous ne vivons plus dans ce film où le Luxembourg est un paradis fiscal. C’est une chimère encore très vivante mais qui ne correspond plus à la réalité. Car ce qu’il est possible de faire ici en termes de structuration, notamment pour les multinationales, il est possible de le faire un peu partout en Europe et dans le monde. Ce sont des mécanismes internationaux — que de nouveaux trains de mesures visent justement à contrecarrer avec, d’une part, le pilier de la fiscalité minimale et, d’autre part, celui de l’imposition dans la base de réalisation des opérations.
En outre, depuis sept ans, le gouvernement joue pleinement le jeu de la transparence. Nous sommes désormais dans un autre système. Nous ne sommes plus dépendants de cette niche de structuration fiscale.
Comment garantir et améliorer l’attractivité du Luxembourg au sein de ce nouveau système?
«Nous avons des atouts plus traditionnels. Notre positionnement géographique, notre stabilité politique, notre système juridique stable et flexible, un environnement qui favorise l’investissement, une approche peu bureaucratique des dossiers, un environnement fiscal pour le moins neutre.
Et nous réfléchissons désormais au genre d’activités économiques que nous voulons, à la manière de consolider les secteurs économiques forts et bien développés, d’accompagner les acteurs qui sont sur place dans leur expansion et d’en attirer de nouveaux dans les créneaux de diversification identifiés.
Vers quoi tend cette diversification?
«Nous avons une chance de diversifier notre économie en direction de l’artisanat: tout ce qui est PME artisanale représente un pilier très fort de notre économie. Nous allons développer les activités dans les secteurs identifiés il y a quelques années comme secteurs d’avenir, que ce soit les technologies de la santé, tout ce qui est cleantech, économie circulaire, logistique – qui va de plus en plus en direction de la gestion des chaînes de valeur – ou encore de l’espace. Et évidemment la finance, qui reste le secteur dominant.
La digitalisation est un domaine-clé dans lequel le Luxembourg a beaucoup investi ces dernières années…
«Et nous continuons à le faire, notamment dans les infrastructures: notre ordinateur à haute puissance a été inauguré, nos data centers sont au niveau technologique le plus avancé. Beaucoup de choses ont aussi été réalisées en matière de cybersécurité et nous nous investissons dans les projets européens comme Gaia-X ou le cloud européen.
Or cet environnement est très précieux pour tous les domaines de l’économie, y compris pour développer l’industrie 4.0 et encourager des productions plus pointues. C’est donc un atout majeur du Luxembourg.
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Mais le développement de la digitalisation offre une image contrastée au Luxembourg. Comment accélérer le processus?
«Au niveau de la digitalisation de l’administration publique, des différences existent en effet entre les ministères et les administrations, c’est très clair. Mais avec le Covid, d’énormes progrès ont eu lieu.
L’autre partie concerne la digitalisation des entreprises, et le ministère de l’Économie est responsable de la création des conditions et des instruments afin d’en promouvoir le développement. Dans notre feuille de route Ons Wirtschaft vu muer – «Notre économie de demain» – (voir encadré), une des actions pilotes à court terme est de construire une plateforme d’échange de données très novatrice, afin de collecter des données, de les anonymiser, de les rendre interopérables et de les mettre à disposition des entreprises pour qu’elles puissent mener leurs expériences sur de nouveaux modèles d’IA, sur des algorithmes, sur le deep learning, aujourd’hui nécessaires pour faire évoluer son entreprise. Là-dedans, nous sommes très bons. De même en cybersécurité.
Vous n’avez pas pu voyager lors de la pandémie. Cela a-t-il impacté votre capacité à mener à bien les missions économiques?
«Le constat que rien n’a été fait en matière de missions économiques sur les 15 derniers mois doit être nuancé. La promotion économique s’est aussi fortement réinventée. Cela ne remplace pas tout à fait une mission économique à l’étranger, mais beaucoup ont eu lieu de manière digitalisée, nous avons passé beaucoup de temps à faire des vidéos, des webinaires… Et tous les acteurs de la prospection, au premier chef nos LTIO, ont continué à travailler.
Mais avec la possibilité de voyager à nouveau, je compte bien sûr reprendre cela. J’étais à Dubaï il y a un mois et, à partir d’octobre, je vais y aller régulièrement pour participer à l’Expo 2020. Et d’autres voyages vont être préparés.
Avez-vous dû sacrifier des priorités que vous vous étiez fixées en arrivant au ministère de l’Économie?
«Étrangement, parmi mes priorités politiques, aucune n’a été contrariée par le Covid. C’est plutôt le contraire… Je suis arrivé en disant que je voulais accélérer le développement vers une économie plus durable, plus verte, et tout cela sur un fort fondement de digitalisation et de modernisation de l’économie. Et ces deux points essentiels se sont trouvés renforcés par la pandémie. Donc la direction n’a pas fondamentalement changé, elle a même été confirmée.
Maintenant, il est clair que, depuis mon entrée en fonction, j’ai surtout géré cette crise au niveau économique afin de préserver le tissu économique luxembourgeois. Mais nous avons en parallèle commencé à réfléchir au monde d’après, afin de voir comment nous pourrions tirer profit de cette crise pour aller encore plus dans le sens d’une économie décarbonée et profiter de ce boost qu’a reçu la digitalisation. À cet égard, ce n’était donc pas une année perdue.
Quelles sont les priorités de la suite de votre mandat?
«Nous continuerons déjà à suivre et à gérer de très près cette crise qui n’est pas terminée. Puis la fixe une vision à court terme, pour 2025, avec six piliers et un certain nombre d’actions pilotes très concrètes autour de la transformation de l’économie vers une économie plus verte et durable, sous une impulsion digitale forte.
Nous avons aussi trois grands projets d’infrastructures: un parc technologique – une zone d’activité où vont être rassemblées des entreprises qui seront très demandeuses en termes de RDI –, une autre zone, sous forme de campus, pour les technologies de la santé, et une zone d’activité dédiée à l’espace, avec de la recherche et un incubateur.
Un certain nombre de projets concerneront l’encadrement réglementaire de l’activité économique. La réforme du Conseil de la concurrence est aussi en cours à la Chambre. Et les dossiers sur le devoir de vigilance par rapport aux droits de l’Homme dans les grandes entreprises me tiennent à cœur. Donc nous avons du pain sur la planche pour les deux prochaines années.»
Cet article a été rédigé pour parue le 15 juillet 2021.
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