Françoise Grolet se dit plutôt favorable à la création d’une maison transfrontalière de services et de centres de télétravail, à condition que l’intérêt pour le travail à distance ne soit pas un nouvel avantage à sens unique pour le Luxembourg. (Photo: compte Twitter de Françoise Grolet)

Françoise Grolet se dit plutôt favorable à la création d’une maison transfrontalière de services et de centres de télétravail, à condition que l’intérêt pour le travail à distance ne soit pas un nouvel avantage à sens unique pour le Luxembourg. (Photo: compte Twitter de Françoise Grolet)

Pour la candidate du Rassemblement national de Marine Le Pen, Françoise Grolet, candidate à la mairie de Metz, il faudra défendre les intérêts français pour rétablir l’équilibre dans les relations avec le Luxembourg.

Élue municipale à Metz et élue régionale, Françoise Grolet ne déteste pas mettre les pieds dans le plat de ce qui ne va pas pour trouver de nouvelles solutions. À quelques jours du deuxième tour des élections municipales, sa relation au Luxembourg n’en va pas autrement.

Quel regard portez-vous sur les frontaliers? Les 100.000 frontaliers français qui se rendent chaque jour au Luxembourg?

Françoise Grolet. – «Il y a 6.000 Messins qui sont frontaliers au Luxembourg. Metz a la chance non seulement d’être aux frontières de ce pays qui leur offre des opportunités, mais cela attire aussi de nouvelles personnes et de nouveaux habitants de différentes régions à Metz. Nous devons avoir un rôle à jouer dans ces développements, notamment en faisant comprendre à notre gouvernement qu’il doit défendre les intérêts des territoires frontaliers. Or, ce gouvernement et ses prédécesseurs se sont accommodés d’une relation de soumission. On ne peut pas en vouloir au Luxembourg. Il défend ses intérêts, parfois d’une manière surprenante. Comme quand défend la libre circulation en Europe, mais pas chez lui…

Jusqu’ici, nous avons surtout vu des projets ne pas se réaliser, comme les milliers d’emplois promis par la zone chinoise par Patrick Weiten, le patron du département, ou ces 2.000 emplois chez Amazon au nord de Metz… Il faut trouver des manières d’avoir une relation équilibrée. Par exemple, le Quattropole reçoit chaque année 100.000 euros de subventions de Metz… Pour quoi faire? Je suis aussi élue régionale, et je vois le dynamisme du Rhin supérieur par rapport à nous. Ici, je suis souvent la seule présente dans la commission transfrontalière…

Comment vous positionnez-vous par rapport au serpent de mer de la rétrocession fiscale?

«Il y a des exemples qui fonctionnent entre la France et la Belgique ou entre la France et la Suisse. Mais Dominique Gros (le maire de Metz, ndlr) a fait preuve de tellement de maladresse dans les négociations. Ce n’est pas étonnant: les socialistes ont fait de notre pays un enfer fiscal et sont assez mal placés pour donner des leçons. Au point que les entreprises préfèrent chercher ailleurs une situation plus favorable. C’est quand même incroyable de voir des camions luxembourgeois livrer les restaurants de Metz alors qu’ils vont chercher leurs produits à Rungis… L’économie est complètement dans le virtuel!

La crise a montré l’intérêt du télétravail. Est-ce que cette organisation vous semble appropriée pour les frontaliers? Est-ce que l’évolution des infrastructures de transport doit ou peut jouer un rôle?

«Je suis favorable à la facilitation du télétravail, oui, pour aller au-delà des 29 jours. Dans notre programme, nous défendons aussi la création d’une Maison transfrontalière des services ou de centres de télétravail. Les déplacements sont une plaie pour les salariés. Et en même temps, il ne faudrait pas que cela ajoute encore un avantage concurrentiel au Luxembourg.

On doit d’abord à la fois regarder nos intérêts et s’apercevoir que les salaires qui sont offerts au Luxembourg dans la santé ou les soins ne sont pas mirobolants, mais permettent de vivre correctement et de se projeter. Nous devons favoriser l’emploi local. Sur les transports, nous pourrions mettre en place une A31bis, une A32, une A33… ce ne serait jamais assez alors que les effets de la crise seront de déplacer des moyens financiers, et nous ne parviendrons pas à financer ces infrastructures de transport.

Je préfère militer pour un arrêté ministériel qui interdise la circulation des poids lourds aux heures de pointe le matin et le soir. Des choses plus pragmatiques et rapides à mettre en œuvre.»