Les Français résidant au Luxembourg pourront élire cinq conseillers des Français de l’étranger au Luxembourg par un vote électronique ou un vote physique en mai. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Les Français résidant au Luxembourg pourront élire cinq conseillers des Français de l’étranger au Luxembourg par un vote électronique ou un vote physique en mai. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

En mai, les Français qui résident au Luxembourg pourront élire cinq conseillers des Français de l’étranger, anciennement les conseillers consulaires. 

Le conseiller des Français de l’étranger est finalement peu connu chez les expatriés. En 2014, la dernière élection a connu un taux de participation de 20%, soit entre 6.000 et 7.000 électeurs pour un peu moins de 34.000 Français inscrits au registre du consulat de France. Pourtant, les Français sont la deuxième communauté étrangère au Grand-Duché, derrière les Portugais. Et même la première communauté étrangère dans la capitale. Avec 55.000 ressortissants, les Français du Luxembourg représentent la neuvième circonscription électorale mondiale, plaçant les Français du Luxembourg au même niveau que ceux de New York, Barcelone ou encore Zurich. 

Cette année, en raison de la crise sanitaire, le vote se déroulera de façon électronique du 21 au 26 mai prochain. Mais il sera également possible de voter physiquement en déposant son bulletin dans une urne le 30 mai. Les Français pourront donc choisir, à condition d’être inscrits sur les listes du consulat. Pour les plus distraits, il est possible de . De plus, il est toujours possible de s’inscrire, toujours en ligne, jusqu’au 23 avril. À noter que l’on vote pour une liste et qu’un électeur a une seule voix. Les conseillers seront élus à la proportionnelle.

Quel est le rôle du conseiller?

Sur papier, l’ensemble des conseillers des Français de l’étranger dans le monde, soit 447 élus et 77 délégués consulaires, constitue le collège électoral devant élire les 12 sénateurs des Français de l’étranger. Voilà pour le rôle institutionnel. Sur le terrain, les conseillers des Français de l’étranger font office d’élus locaux et de proximité. Avec un mandat de 6 ans, ils ont pour rôle d’aider les Français à l’étranger sur des sujets administratifs, mais surtout sur l’enseignement, la santé, l’emploi et l’intégration au sens large des Français qui viennent s’installer hors de l’Hexagone. 

Conseillère des Français de l’étranger depuis la dernière élection en 2014, Monique Dejeans (PS) esquisse les contours du poste. «Depuis 2014, j’ai rencontré des familles dans le besoin, j’ai eu à m’occuper de personnes retraitées qui se retrouvaient sans revenus, à aider lors du décès d’un conjoint, à m’occuper de questions autour de la scolarisation d’enfants, ou bien encore à remplir des documents administratifs, dont beaucoup de certificats de vie pour les retraités. On pense que le Luxembourg est un eldorado pour les Français, mais ce n’est pas toujours le cas, et je m’efforce de défendre et de faire connaître les droits des personnes démunies, isolées, handicapées, fragiles et précaires», explique cette résidente française installée au Luxembourg depuis 1968.

Avec Bruno Théret (centre), également conseiller des Français de l’étranger depuis 2014, l’associatif est un vecteur d’intégration. «On aide nos concitoyens les plus précaires à obtenir des bourses pour mettre les enfants à l’école, notamment au Lycée Vauban. J’ai également participé à des questions de santé. Le conseiller tient également une permanence pour recevoir les Français. Depuis 2014, nous avons reçu 345 demandes à propos de questions relatives à la recherche d’un emploi, un contact, un désir d’insertion, ou encore pour avoir plus d’informations sur l’intégration au Luxembourg. Notre rôle est de répondre à une attente, surtout de proximité», souligne Bruno Théret, installé au Luxembourg depuis 30 ans et travaillant dans la sidérurgie. 

Alexandre Chateau-Ducos (EELV), également conseiller des Français de l’étranger depuis la dernière élection, est un peu plus nuancé sur le rôle de cet élu. «Nous sommes un peu tombés de notre idéal pendant notre mandat, qui, il faut bien le dire, reste un mandat très limité. À part accorder des bourses qui sont déjà prébudgétées et répondre aux questions de quelques citoyens, on ne peut que faire le constat d’une certaine frustration. Le véritable enjeu a lieu au niveau de l’élection des sénateurs des Français de l’étranger. Mais je repars pour un nouveau mandat avec un programme de 90 propositions travaillées pendant un an pour le Luxembourg, et nous espérons pouvoir changer les choses et donner plus de possibilités aux conseillers et à nos propositions», souligne Alexandre Chateau-Ducos, habitant au Luxembourg depuis 2003 et exerçant le métier de commissaire-priseur. 

À noter qu’officiellement, le conseiller des Français de l’étranger n’a pas autorité à s’adresser aux membres du gouvernement luxembourgeois et aux parlementaires. Seul l’ambassadeur représente les intérêts et la position de la France et des Français. Le conseiller est le relais entre les résidents français et la France. 

Sept listes pour cinq postes

Sept listes se sont constituées. Trois listes sont représentées par des conseillers sortants et quatre par de nouveaux candidats. À noter que pour constituer une liste, elle doit être adossée à un parti politique.

Voici une brève description des têtes de liste dans l’ordre des numéros de chaque liste.

Liste n°1: Français du Luxembourg – Progressistes et solidaires

Liste menée par Monique Dejeans, qui a décidé de représenter une liste où figure également , conseiller communal de la Ville de Luxembourg. Au programme, solidarité, scolarité, fiscalité, francophonie, disponibilité et défense du consulat. «Ce fut, pour moi, une première expérience en la matière, mais je connaissais bien les problématiques rencontrées par les Français du Luxembourg, de par mon action au sein de l’association Français du Monde – Association démocratique des Français à l’étranger (FDM-ADFE) et du Parti socialiste français (section Luxembourg), et de par ma fonction de présidente du groupe de travail SPIC (Socialistes pour l’intégration et la citoyenneté) du LSAP», souligne Monique Dejeans, très investie dans la vie associative. Elle est aussi à la base du bal du 14 juillet à Luxembourg, mais également du rassemblement citoyen après les attentats de janvier 2015 en France. Pour en savoir plus sur cette liste et son programme encartés au Parti socialiste.

Liste n°2: Alliance solidaire des Français de l’étranger – Le Club français

Liste menée par Sébastien Berthelot, vivant au Luxembourg depuis 21 ans. Avec le soutien de l’ASFE, cette liste se revendique apolitique et regroupe des entrepreneurs établis au Luxembourg. «J’ai essayé de monter une liste avec des entrepreneurs et des indépendants, sans couleurs politiques. Je voulais avoir une approche non traditionnelle, pour sortir du cliché du Français qui vient au Luxembourg en tant qu’expatrié travaillant pour une grosse société française. Avec des entrepreneurs et des indépendants, c’est aussi avoir des personnes qui ont un lien fort avec le tissu économique du pays et casser l’image du Français qui vient prendre ce qu’il y a à prendre, puis s’en va. Nous sommes entrepreneurs, nous nous sommes investis dans le tissu économique et social local, on connaît les rouages et on peut aider dans ce cadre. Avec Le Club français, on souhaite créer un mouvement associatif pour créer des événements pour rassembler les gens autour d’une thématique. Par exemple, début mai, nous allons organiser un événement incitant les gens à courir ou à marcher. Le nombre de kilomètres parcourus servira à planter des arbres à Madagascar par le biais d’une association. Mais Le Club français n’a pas vocation à devenir un business club. Il peut aussi aider à répondre à certaines questions et, avec le soutien de l’ASFE, nous pouvons répondre à des questions plus complexes de citoyens», explique Sébastien Berthelot.

Liste n°3: Écologie, citoyenneté, solidarité, liste soutenue par Europe Écologie-Les Verts et La France insoumise

Liste menée par Alexandre Chateau-Ducos (EELV), qui a décidé de représenter une liste pour un second et dernier mandat. Au programme: près de 90 propositions touchant à l’éducation et l’enseignement, la protection sociale, l’action consulaire et les institutions, la culture et le patrimoine, l’entreprise, la jeunesse et l’égalité des chances. À noter qu’Alexandre Chateau-Ducos est également un représentant d’EELV hors de France.

Liste n°4: Les Français de droite au Luxembourg

Liste menée par Vincent Derudder avec le soutien de LR. Installé au Luxembourg depuis 1988, Vincent Derudder a déjà été conseiller consulaire au Moyen-Orient. Au Grand-Duché, il est membre actif de la Fédération européenne des conseils et intermédiaires financiers (Fecif) et à la tête d’un holding. «J’ai toujours eu la fibre politique sans pour autant y faire carrière», souligne Vincent Derudder, qui est conscient du rôle limité de la fonction de conseiller des Français de l’étranger.

Liste n°5: En Marche pour les Français du Luxembourg

Liste menée par Frédéric Schauli, avec le soutien de la République En Marche et du Modem. Installé au Luxembourg depuis une dizaine d’années, Frédéric Schauli est ingénieur en projets R&D dans le domaine des biotechnologies. «Notre programme est porté par un collectif. J’en suis la tête de liste et, à ce titre, j’ai conscience qu’être conseiller des Français de l’étranger est un mandat de proximité. Nous avons donc travaillé un programme dans ce sens. Plusieurs sujets nous tiennent particulièrement à cœur sur notre liste, tels que de la protection à apporter aux personnes en détresse, exposées à la pauvreté, à des revers de la vie ou à des ruptures professionnelles ou familiales. La mise en place d’un portail Informations/Fiscalité des Français au Luxembourg, ouvert à tous, est aussi une idée que j’entends porter. Je voudrais également promouvoir, à côté du Lycée français, l’homologation de nouvelles classes francophones au Grand-Duché», explique l’ingénieur de 42 ans.

Liste n°6: Liste des Français de l’étranger pour l’environnement au Luxembourg

Liste menée par Isaure d’Archimbaud. Elle a rejoint le Luxembourg il y a six ans pour y retrouver ses racines familiales. «Je me situe au centre de l’échiquier politique et porte depuis toujours des convictions écologistes fortes: une écologie pragmatique et non punitive. J’ai rejoint dernièrement le Parti de la nature et du vivant, un collectif transpartisan, centriste, rassemblant élus et société civile pour promouvoir cette écologie réaliste, dépassant les vieux clivages et abandonnant les incantations, comme les mesures radicales. Notre programme entend d’abord répondre aux préoccupations de nos concitoyens pour être un relais efficace et pertinent auprès du consulat et de l’ambassade de France au Luxembourg. Notre programme portera sur l’ensemble des sujets de préoccupation de la communauté française au Luxembourg: services consulaires, bourses, logement, création d’entreprises, retraite. Et comportera aussi des propositions, de sensibilité plus «écologiste», telles que la sensibilisation à l’environnement dès le plus jeune âge, le développement dans les cantines scolaires d’une alimentation au circuit court, ainsi que la promotion de l’exemplarité écologique des entreprises françaises au Luxembourg», explique Isaure D’Archimbaud, qui dirige un cabinet de conseil en stratégie institutionnelle auprès d’entreprises françaises désireuses de se développer au Luxembourg. Pour la petite anecdote, son arrière-grand-père était bourgmestre de Wiltz. Sa liste a le soutien du et l’Union des centristes et des écologistes.

Liste n°7: Plus forts au centre – Français du Luxembourg!

Liste menée par Bruno Théret, 64 ans, qui réside au Luxembourg depuis 30 ans. Élu consulaire depuis 2014, entrepreneur, conseiller du commerce extérieur de la France, membre fondateur de la Chambre française de commerce et du Business Club France-Luxembourg, il apporte sa contribution auprès du Conseil économique et social de la Grande Région et milite au sein du Mouvement européen. Également membre de la coopérative bio sans emballages et d’ONG qui agissent pour l’environnement et les causes humanitaires, dont la fondation GoodPlanet de Yann Arthus-Bertrand, SOS Villages d’Enfants Monde et la Croix-Rouge. Passionné de culture, il est au conseil d’Esch 2022, Capitale européenne de la culture, anime l’asbl Victor Hugo pour le développement des échanges culturels, ainsi que le Printemps des poètes. Au service du bien commun et de la nation, il est colonel honoraire et membre ACF de la Commission consultative communale d’intégration de la Ville de Luxembourg.