Michel Etienne (Foyer) et Jonathan Prince (Finologee) ont développé un partenariat pour la signature électronique de documents.  (Photo: Matic Zorman)

Michel Etienne (Foyer) et Jonathan Prince (Finologee) ont développé un partenariat pour la signature électronique de documents.  (Photo: Matic Zorman)

L’assureur Foyer et la fintech Finologee ont conclu un partenariat, fin mars, pour développer la signature électronique de documents. Histoire d’une alliance a priori contre nature.

Marier un groupe d’assurance à une start-up ne va pas de soi. Les différences culturelles, de gestion du temps et de procédures constituent autant de freins à l’établissement de partenariats. L’assureur Foyer et la fintech Finologee se sont pourtant trouvé assez d’atomes crochus pour officialiser une alliance fin mars.

Davantage d’efficacité

Foyer proposera ainsi à ses assurés la signature électronique pour les documents liés aux conseils prodigués aux clients, grâce à l’expertise technique de

Une évolution fortement dictée par les changements règlementaires: «La DDA (Directive sur la distribution d’assurance) implique de formaliser davantage la relation avec les clients. Le procès-verbal de conseil s’inscrit dans ce contexte, en documentant les échanges avec le client. C’est pour ce PV que nous proposons la signature électronique à distance», explique Michel Etienne, responsable métier des systèmes d’information de .

Le PV ainsi signé peut ensuite être aisément transféré aux parties prenantes et éviter tout processus d’encodage manuel de données ou de transfert de documents par scan.

Avantage pour les agents

«En plus de l’e-signature, le sceau électronique de LuxTrust permet de garantir l’authenticité et l’intégrité des documents. De cette manière, Foyer n’est pas juge et partie: c’est bien une société tierce qui assure ce rôle de juge», note Jonathan Prince, cofondateur et responsable des ventes et des partenariats de Finologee.

Autre point positif pour les quelque 300 conseillers en agence: «Ils peuvent voir en temps réel sur leur tableau de bord si les documents ont été validés ou non. Et l’effort de formation auprès des agents est minime, car la solution est très simple d’utilisation», signale Michel Etienne.

Deux mois de mise en œuvre

À l’origine, Foyer avait contacté Finologee début 2018, d’abord avec l’idée de faciliter les ouvertures de comptes pour sa filiale de gestion de patrimoine Wealins. Avant de sonder d’autres partenaires potentiels, basés en Espagne.

Mais avec l’entrée en vigueur de la , le processus s’est accéléré: les deux sociétés se sont mises d’accord mi-décembre sur le projet, qui a été mis en œuvre deux mois plus tard.

Foyer n’aurait de toute façon pas développé cette solution seul. «En tant qu’assureur, nous n’avons pas vocation à devenir spécialistes de ce type de business. C’est pour cette raison que nous nous appuyons sur des partenaires. Pour cela, les start-up disposent de compétences techniques pointues et d’une grande réactivité», assure Michel Etienne.

Gages de sécurité

La start-up luxembourgeoise (professionnel du secteur financier) de support fin janvier 2019, et offrait ainsi tous les gages de sécurité à Foyer.

Finologee, qui compte 35 partenaires (dont 28 banques), doit ainsi se soumettre à des obligations d’audit, par exemple en matière de confidentialité des données ou de fiabilité technique.

Malgré tout, si problème il y avait (faille technique, souci juridique...), les torts seraient alors partagés entre Finologee et Foyer, voire LuxTrust, l’assureur restant responsable en dernier ressort. Au final, les deux entreprises confient que l’ingénierie juridique a constitué une part importante de la constitution du partenariat.

Partenariat gagnant-gagnant

Reste à faire adopter la solution par les clients. «Ce type de partenariat est gagnant-gagnant: si le service ne fonctionne pas, l’assureur aura finalement pris un risque financier limité; s’il fonctionne, la start-up a tout à y gagner», déclare Michel Etienne.

Le service a pourtant un coût: «La facturation à Foyer s’établit en fonction de l’usage: plus la volumétrie de signatures ou sceaux électroniques augmente, plus la tarification décroît», explique Jonathan Prince.

Résultats après un mois d’utilisation: 2.000 PV de conseil ont été signés électroniquement, et le délai moyen pour obtenir la signature est de 1,5 jour.

«Quasiment une personne sur trois accepte la signature électronique lorsqu’elle lui est proposée. Nous proposons cependant toujours une alternative papier, qui est encore plébiscitée par les clients moins à l’aise avec les outils digitaux», remarque Michel Etienne.

Le pas d’après

Foyer voit déjà plus loin: «Nous étendrons prochainement ce nouveau service à la signature des contrats. Notre stratégie consiste à digitaliser la relation client dans les moments à faible valeur émotionnelle, tout en renforçant le rôle de l’agent pour le conseil et l’assistance lors d’un sinistre», avance Michel Etienne.

Et Finologee ne s’arrêtera pas non plus en si bon chemin: «Nous souhaitons capitaliser sur ce type de partenariat, car il existe actuellement une tendance à l’‘APIsation’ de services. Notre logique de plate-forme d’intermédiation entre les fintech et les compagnies d’assurances ou les banques ne se limitera d’ailleurs pas aux secteurs régulés», anticipe Jonathan Prince.