Après plus de 100 ans d’existence, Fortuna Banque cesse ses activités et redirige ses clients vers Spuerkeess. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Après plus de 100 ans d’existence, Fortuna Banque cesse ses activités et redirige ses clients vers Spuerkeess. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne)

Faute d’avoir su retrouver un repreneur, la banque coopérative Fortuna Banque, fondée en 1920, va progressivement arrêter ses activités. Les actuels clients vont se voir proposer de rejoindre Spuerkeess.

L’information était attendue: Fortuna Banque cesse donc ses activités. Une autodissolution confirmée à Paperjam par l’actuel COO, Jean-Louis Camuzat. Qui insiste sur le fait que «la banque est financièrement en bonne santé et qu’il n’y a aucune inquiétude à avoir concernant sa capacité à servir ses clients». Il rajoute que «d’ailleurs, ses équipes sont toujours présentes et seuls deux employés sont partis pour des activités hors du système bancaire».


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D’ici une quinzaine de jours, tous les clients de l’établissement financier vont être contactés pour se voir proposer des produits et services par la Banque et caisse d’épargne de l’État (BCEE).

«Cette solution d’onboarding dédiée mise en place par Spuerkeess permettra aux clients de la banque Fortuna de bénéficier de l’expertise et de la solidité d’un partenaire bancaire de premier rang de la place financière au Luxembourg», commente André Poorters, président du conseil d’administration de Fortuna Banque. Le flou reste cependant de mise concernant le sort des clients qui ne voudraient pas rejoindre la BCEE et le sort de clients éventuellement refusés par elle.

«Tout en déplorant que Fortuna Banque, institution de grande tradition de la place financière luxembourgeoise, ait décidé d’arrêter progressivement ses activités, Spuerkeess se réjouit de pouvoir accueillir les clients de Fortuna Banque qui souhaitent dorénavant nous accorder leur confiance», déclare, de son côté, , CEO de Spuerkeess.

L’impossible quête d’un partenaire «solide»

La banque aura finalement été, en quelque sorte, rattrapée par la crise des subprimes.

Cela fait en effet près de 10 ans que Fortuna Banque cherchait soit un partenaire, soit un actionnaire «solide» pour croître. «Pour faire augmenter le volume d’affaires, il fallait plus de capitaux», résume un proche du dossier pour qui «la banque était trop petite». Mais pour changer la structure du capital, il aurait fallu d’abord convaincre tous les actionnaires. Ce qui ne s’est pas fait sans mal. Et pas forcément complètement, car certains petits actionnaires auraient eu des exigences quelque peu «hors de proportion» lors des négociations de rachat, tout particulièrement avec l’investisseur anglais Chenavari.

Chenavari était très intéressé par Fortuna Banque. Et avait déposé une offre de rachat en 2018, offre écartée au profit de Bank of Beirut. La procédure de changement de contrôle avec les Libanais ayant échoué, Fortuna décide alors de réactiver la piste Chenavari. Qui refait une offre, mais à des conditions inférieures à celle de la première. Une offre moins-disante quand même acceptée.

L’échec de cette seconde tentative? Imputable à la longueur des procédures, alors que la situation de Fortuna Banque exigeait une certaine rapidité. La crise du Covid sera l’obstacle de trop. Les deux parties décident alors de ne pas poursuivre.

Après ces revers, Fortuna Banque était entrée, il y a quelques mois, en discussions «exclusives» avec «une grande banque de la Place». Face aux exigences de ce type de transactions, notamment en matière de due diligence, ce troisième essai «devait être le bon».

Ce n’aura donc pas été le cas.