Sept ans après le quatrième plan national en faveur des PME présenté par Francine Closener, le ministre des Classes moyennes, Lex Delles, en a présenté une version actualisée… qui s’en inspire largement. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Sept ans après le quatrième plan national en faveur des PME présenté par Francine Closener, le ministre des Classes moyennes, Lex Delles, en a présenté une version actualisée… qui s’en inspire largement. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Quatre ans après le début de leurs travaux, le Haut Comité pour les PME et ses huit groupes de travail sont parvenus à boucler le cinquième plan national en faveur des PME avant les élections législatives d’octobre. Ce mardi 25 juillet, le ministre des Classes moyennes, Lex Delles, a présenté dix priorités de ce catalogue de bonnes intentions, dont neuf sont identiques à 2016.

32.000 entreprises, 210.000 employés, 64% du PIB. Si, par pur hasard, vous aviez envie de vous attirer les bonnes grâces de ces 55% de l’emploi au Luxembourg (et de leurs familles) en vue des élections législatives d’octobre, rien de tel qu’un bon plan en faveur des petites et moyennes entreprises.

Car ce cinquième plan d’action national en faveur des PME, présenté ce mardi matin par le ministre des Classes moyennes, (DP), le président de la Chambre de commerce, , et le président de la Chambre des métiers, , est bon. Il n’est simplement pas financé, pas même évalué, on ignore s’il répondra à des objectifs concrets et, surtout, rien ne dit que la prochaine majorité au pouvoir le mettra en musique intégralement, ni même en partie.

La transmission d’entreprise, sujet majeur

Ce n’est pas nous qui le disons mais ceux qui ont présenté ces dix priorités, développées en 53 chapitres, souvent redondants… et dont la plupart figuraient déjà dans le quatrième plan national en faveur des PME, présenté en 2016 par . Neuf des dix priorités portaient déjà exactement le même nom, mais il y a eu le Covid, s’est «excusé» par avance le ministre.

Prenez la transmission d’entreprise. Un sujet majeur, la transmission d’entreprise. Selon les statistiques diffusées en mars, un tiers des PME changeront de mains dans les dix ans à venir.

Dans la priorité 1, «La promotion de l’esprit d’entreprise et de l’entrepreneuriat», on renvoie à businesstransfer.lu et à guichet.lu pour savoir valoriser son entreprise avant de la céder, on insiste sur le recours aux chambres professionnelles, cinq à sept ans avant la retraite, pour mieux anticiper, quitte à aller se former à la House of entrepreneurship.

Dans la priorité 4, «Améliorer la qualité du service public et promouvoir la simplification administrative», il est prévu de faciliter les transmissions familiales en rendant plus simple le transfert de l’autorisation d’établissement à titre provisoire à une personne ayant été occupée pendant au moins trois ans au sein de l’entreprise concernée, au lieu de dix ans auparavant.

Dans la priorité 5, «Rendre le financement plus accessible aux PME», la SNCI va mettre en place, en collaboration avec la Mutualité de cautionnement, un nouvel instrument qui combinera le financement de la banque publique et les garanties de la mutualité. En clair, la première fournira un prêt couvert par une garantie de la Mutualité, voire auprès d’un banquier frileux…

Les talents, inquiétude grandissante

Au cours de la conférence de presse, le président de la Chambre de commerce, Fernand Ernster, a ajouté un élément, sans le relier à cette problématique: «Une nouvelle entreprise va se lancer avec des gens qui ont de nouvelles compétences. Une entreprise qui a plus de 40 ans ne peut pas avoir les compétences pour y faire face à moins de se lancer dans la formation.» Selon lui, plus d’un patron sur deux redoute la pénurie de personnel et surtout de ne pas pouvoir rester attractif et compétitif.

C’est le deuxième enjeu majeur: les talents. Eux aussi répartis dans les différents chapitres: la valorisation de l’entrepreneuriat (1) avec des campagnes de sensibilisation qui démarreront dès l’école, jusqu’aux Jonk Entrepreneuren Luxembourg, la suppression d’autorisation d’établissement en milieu scolaire jusqu’à 32.000 euros de résultat annuel (2), l’octroi de micro-crédits jusqu’à 10.000 euros via un nouveau fonds (5), la mise en place d’un «Luxembourg Talents Hub» (6) ou encore les Lifelong learning, You (th) start challenges, My first entreprises et innovation camp ou encore Sustainable Entrepreneurial Schools en collaboration avec le Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogique (tous 7).

Trois idées à suivre

1. Une cellule d’évaluation des entreprises en difficulté. Vingt ans (!) après le début des discussions sur la réforme des faillites, le ministre a appelé à la mise en place d’une cellule d’évaluation des entreprises en difficulté. Concrètement, les entreprises qui ne paieraient pas leurs cotisations et leurs charges sociales seraient signalées à cette cellule en vue d’engager un dialogue sur les solutions à trouver. Quitte à ce que le ministre de l’Économie et celui des Classes moyennes – s’ils continuent à être deux – désignent un conciliateur d’entreprise pour réorganiser ses actifs ou ses activités.

2. «Once only»/«Think small first». Traduits en anglais, les vieux concepts ont l’air plus jeunes et plus sexys. Le premier n’est rien d’autre que l’autre nom d’un élément de la simplification administrative. Besoin d’un rafraîchissement? Le 13 juin 2005, alors ministre de l’Économie, Jeannot Krecké (LSAP), lançait la Centrale des bilans luxembourgeoise six mois après avoir créé le Comité national pour la simplification administrative en faveur des entreprises (CNSAE) le 16 décembre 2004… Passons sur le tout à fait spectaculaire QR code pour justifier d’une autorisation d’établissement en règle – le QR code n’a jamais que 30 ans –, le once only consiste, pour un entrepreneur, à ne plus avoir besoin de donner des informations essentielles plus d’une fois. Le think small first, à coup sûr surveillé par Bruxelles parce qu’il contourne les règles sur la concurrence, permet d’attribuer des marchés à des acteurs locaux plus facilement.

3. La sensibilisation. Les mauvaises langues le prendront comme le signe plus visible d’un certain échec. Campagnes de communication pour les dirigeants d’entreprise, accompagnement aux aides par la House of entrepreneurship, workshops, road shows avec la direction générale des Classes moyennes, mesures de promotion pour les métiers de l’artisanat, du commerce et de l’horeca, Festival vum Handwierk, promotion et stimulation de la digitalisation des PME, promotion des outils existants, one stop shop de la transition énergétique et environnementale, campagne de sensibilisation RSE, SME Packages pour croître à l’international: le cinquième plan national pour les PME est un gigantesque appel à faire comprendre aux PME qu’elles ont des outils à disposition et qu’elles ne les utilisent pas assez bien. À bon entendeur…