Neuf syndicats vont s’affronter le 12 mars pour obtenir des sièges à l’Assemblée plénière de la . Assemblée où sont actuellement représentés quatre syndicats: les deux grands syndicats nationaux que sont l’OGBL et le LCGB, le syndicat de la Place financière: l’Aleba, et le Syprolux, syndicat défendant les intérêts des cheminots et chauffeurs professionnels.
Ce dernier ne présentera des candidats que dans un seul collège, le numéro 8 – Agents actifs et retraités de la CFL – en collaboration avec le LCGB qui n’y présentera pas ses propres candidats. Le Syprolux avait un élu dans ce groupe qui en compte trois. Les deux autres venant du FNCTTFEL, .
Pour mémoire, l’assemblée plénière de la CSL compte neuf collèges reprenant les grands secteurs d’activité de l’économie. À savoir sidérurgie (5 sièges), autres industries (8 sièges), construction (6 sièges), service et intermédiation financiers (8 sièges), autres services (14 sièges), administration et entreprises publiques (4 sièges), santé et action sociale (6 sièges), agents actifs et retraités de la CFL (3 sièges) et retraités (6 sièges). Les syndicats proposent des listes dans les collèges qui les intéressent et ne sont pas obligés d’être présents partout.
Actuellement, l’OGBL dispose d’une forte majorité à la CSL, dirigée par sa secrétaire générale, : 37 sièges, dont deux venants de la FNCTTFEL. Le LCGB arrive en deuxième position avec 18 sièges. L’Aleba, syndicat sectoriel – comprendre qui n’a pas présenté de candidats dans tous les groupes de l’Assemblée plénière –détient quatre sièges, tous dans le groupe 4 Services et intermédiation financiers et, fermant la marche, Syprolux occupe un siège.
Pour les deux grands syndicats nationaux, l’objectif est de renforcer leurs positions respectives.
Le LCGB veut surfer sur les résultats de 2019
Lors de , si l’OGBL restait le leader incontesté avec 62,29% des suffrages exprimés pour 35 sièges, il en perdait quand même trois qui allaient directement dans la besace du LCGB qui avait réuni 31,82% des suffrages.
Pour le LCGB, l’objectif est de poursuivre dans cette dynamique. Pour son président national, l’objectif est clair: «Avoir le meilleur score possible et se renforcer comme nous l’avons fait il y a cinq ans. Nous voulons récolter le fruit de notre travail sur les cinq dernières années. Et bien sûr, il ne s’agit pas de se renforcer pour se renforcer, mais pour œuvrer encore mieux à la représentation des intérêts de ses membres et des salariés d’une façon générale.»
Sans privilégier un groupe plus qu’un autre, il constate l’importance qu’ont pris les services. «Le point de départ classique des syndicats, cela a été l’industrie et ici la sidérurgie. Avec les services qui prennent de plus en plus d’importance, et sans négliger les autres secteurs, il faut s’adapter et suivre les évolutions de l’économie.»
L’OGBL veut renforcer sa majorité absolue
Pour L’OBGL, le premier enjeu de cette double échéance, c’est de mesurer le poids politique du syndicat face au gouvernement et au patronat. Un chiffre incontestable qui clôturerait la polémique qui a opposé le syndicat au Statec lors de la publication par ce dernier d’.
«Ce sont des élections vraiment décisives et importantes d’autant plus que le contexte est compliqué pour les travailleurs. Les temps sont durs, les crises se multiplient et le pouvoir d’achat baisse. Si on regarde l’histoire sociale, ce sont les gens normaux, les travailleurs, les classes moyennes qui, au final, payent la facture de ces crises et des périodes d’austérité qui suivent. Et les temps actuels sont très durs pour les travailleurs, les retraités et leurs familles qui doivent faire face à une baisse du pouvoir d’achat. La situation économique est plus compliquée, une récession est possible et certains secteurs économiques sont en crise. Ce qui a des répercussions directes sur les emplois, les salaires, les conditions de vie, de conditions de travail des gens… Nous avons vu beaucoup de conflits sociaux ces derniers mois. Face à un gouvernement libéral et conservateur dont les intérêts et la programmatique sont éloignés des nôtres, il est important que nous sortions renforcés de ces élections.» L’objectif de Nora Back est clair: «Renforcer notre majorité absolue à la Chambre des salariés».
L’entreprise comme terrain de campagne
La campagne se fait pour l’OGBL à deux niveaux. D’abord au niveau national par une campagne marketing tentant de rappeler l’enjeu de ces élections. «Après le 8 octobre et jusqu’à la fin de l’année, nous avons fait une précampagne électorale pour rappeler l’échéance avec comme slogan ‘cette fois-ci, nous aurons tous le droit de voter’. Depuis, nous avons un nouveau slogan «nouveau gouvernement, même combat».»
Sur le terrain, les thèmes sont classiques: l’index, le temps de travail, les salaires, le droit du travail, la fiscalité, les pensions et le logement. Des thèmes «classiques» auxquels s’ajoutent les problématiques de terrain propres aux entreprises. Car les agents électoraux sur le terrain, ce sont les délégués d’entreprise et les militants. C’est à eux que revient la tâche stratégique de recruter de nouveaux membres et d’inciter les gens à participer aux élections.
Au LCGB, la tactique est la même: «Le vrai terrain de campagne, c’est l’entreprise. Les délégués d’entreprise et nos militants sont nos premiers agents électoraux», explique Patrick Dury. Tout comme les revendications rejoignent celle de l’OGBL: la digitalisation, le pouvoir d’achat, l’indexation, la formation, la santé, le temps de travail, la réforme du barème fiscal, l’allégement de la charge fiscale pour les petits et les moyens salaires, le logement…
«D’une façon générale, le LCGB veut s’engager contre les injustices sociales et sur la manière de distribuer la richesse générée par le secteur privé», synthétise Patrick Dury.
L’Aleba joue sa survie
Du côté de l’Aleba, cette élection revêt un caractère particulier. Ayant perdu sa représentativité sectorielle l’an dernier après un feuilleton rocambolesque, le syndicat de la place financière vise la représentativité nationale. Et se positionne désormais comme . Ne dites plus Association luxembourgeoise des employés de banque et assurance, mais Association luxembourgeoise des employés ayant besoin d’assistance. Une stratégie à haut risque, mais inévitable depuis la perte de la représentativité sectorielle synonyme de marginalisation syndicale.
Pour le profane en matière de chose syndicale au Luxembourg, la question de la représentativité syndicale n’est pas d’un abord facile. Qu’est-ce qu’un syndicat représentatif? Un syndicat majoritaire dans une entreprise? Un syndicat majoritaire dans un secteur d’activité donné? Un syndicat qui réunit sous son nom une forte proportion de voix lors de l’élection de la Chambre des salariés? Un peu de tout ça en fait. Sachant que les syndicats ayant le grade de «syndicat national» ont la main sur les autres syndicats lors des négociations d’accord collectif.
La difficile équation de la représentativité
L’Aleba est-il un syndicat représentatif? Non, si on applique strictement la loi. Si le syndicat est majoritaire dans la plupart des établissements bancaires et financiers de la Place, il a perdu la représentativité sectorielle suite aux élections sociales de 2019. Pour obtenir la représentativité sectorielle, il faut dans un secteur d’activité donné obtenir plus que la moitié des suffrages. Si l’Aleba a bien obtenu 50% des mandats dans le collège 4 de la CSL (collèges Services et intermédiation financiers), il n’a obtenu que 49,22% des voix perdant donc la représentativité sectorielle.
Quant à la représentativité nationale, il faut réunir 20% des suffrages. Et l’Aleba est très loin du compte avec ses 5,67% face aux 62,29% des votes exprimés pour l’OGBL et au 31,82% pour le LCGB. Réunir ces 20% de suffrages, c’est pourtant. Sans se faire d’illusions. «Nous sommes dans l’optique d’obtenir la représentativité nationale. Nous la recherchons par différents moyens, légaux et au niveau des urnes. Nous voulons démontrer que nous sommes un grand syndicat et que nous pouvons représenter tous les salariés, quel que soit son secteur d’activité. Nous le faisons déjà, nous voulons aujourd’hui l’officialiser. 2024 sera une entrée en matière. Nous sommes conscients que cela sera très compliqué de sortir de notre image de syndicat du secteur bancaire et financier. L’objectif est d’y arriver pour 2029 si par malheur les lois sur la représentativité nationales n’étaient pas réformées», détaille le président du syndicat, .
Les conventions collectives comme cheval de bataille
L’autre objectif, immédiat celui-ci, est de redépasser la barre des 50% dans le collège 4 de la CSL et retrouver sa représentativité sectorielle retirée par le précédent gouvernement. «Ce sera aussi très compliqué dans le sens où l’OGBL et le LCGB, traditionnellement plus effacés se positionnent depuis quelques années très fortement sur ce collège. Un collège devenu très concurrentiel.»
Pour se différencier de ses concurrents, l’Aleba a un cheval de bataille: une couverture maximale des salariés en augmentant le nombre de conventions collectives. «C’est un grand thème, un thème de syndicat national tel que nous souhaitons l’être. Et ça, c’est un grand défi parce que vous avez beaucoup trop de secteurs qui n’ont pas de convention collective. Alors que l. Au Luxembourg, on est actuellement aux alentours de 40% au mieux.» Et pour négocier ses conventions, le syndicat compte se servir de l’expérience acquise dans le secteur financier et d’intégrer ce qui y existe en termes de bien-être au travail, de congés, de temps de travail, de compensation des heures supplémentaires. «Tous ces thèmes généraux relatifs à la protection des employés ont vocation à se retrouver dans les conventions collectives qui sont le meilleur moyen de les protéger.»