Avec les droits des femmes victimes de guerre, la microfinance inclusive est l’autre cause défendue par la Grande-Duchesse Maria Teresa depuis de nombreuses années. En arrière-plan: les trois finalistes 2021. (Photo: Studio Photography)

Avec les droits des femmes victimes de guerre, la microfinance inclusive est l’autre cause défendue par la Grande-Duchesse Maria Teresa depuis de nombreuses années. En arrière-plan: les trois finalistes 2021. (Photo: Studio Photography)

Le Prix européen de la microfinance 2021, d’un montant de 100.000 euros, a été attribué à Fonkoze Foundation, une institution haïtienne de financement qui œuvre pour donner accès aux soins de santé aux plus démunis.

Depuis 2005, le Prix européen de la microfinance récompense des projets innovants en matière de finance inclusive et d’impact. Il vient d’être décerné à Fonkoze Foundation, une institution haïtienne de financement qui œuvre pour donner accès aux soins de santé aux plus démunis.

Ce prix est organisé conjointement par le ministère des Affaires étrangères et européennes, la plateforme européenne de la microfinance (e-MFP) et l’Inclusive Finance Network Luxembourg (InFiNe.lu). Cette année, le jury a reçu 43 dossiers issus de 32 pays différents. Trois finalistes ont été retenus, présents en duplex lors de la cérémonie de remise du prix, qui s’est tenue selon un format hybride, en présence de la .

L’ambition est donc de soutenir les meilleurs projets par l’attribution d’une bourse de 100.000 euros et de promouvoir auprès du plus grand nombre les initiatives performantes en matière de microfinance inclusive dans le monde. Le thème de 2021 était «Financements et soins de santé inclusifs». Les deux notions sont interdépendantes et facteurs d’inégalités par nature.

L’assurance maladie est rarement accessible à l’économie informelle qui prédomine dans ces zones, et l’épargne, rare, mais organisée, reste le moyen de financement le plus abordable des familles en cas de souci de santé. Les trois microfinanceurs finalistes (Fonkoze en Haïti, Crecer en Bolivie, et Dreamlopments en Thaïlande) ont chacun montré, en vidéo, la réalité de ces inégalités et l’impact de leurs actions au quotidien, mais aussi à moyen terme.

Le premier risque financier est celui de la santé

Naître femme, dans certains endroits du globe, c’est devoir demander la permission à un homme pour se faire soigner. C’est accoucher seule, peu importent les complications. C’est voir ses enfants mourir en bas âge, faute de médicaments de base… Tous ont rappelé que la santé est un droit permanent et pour tous, mais aussi que le premier risque financier pour les familles et les micro-entrepreneurs est le risque de santé. Ainsi, en cas de maladie, ou d’accident, les frais liés aux soins (hospitalisations, trajets, médicaments…) et à la perte de revenus peuvent faire basculer des familles déjà démunies dans la précarité totale, du jour au lendemain.

Nous sommes fiers, et cela nous encourage, vraiment, à aller plus loin. Mais dans ce type de mission, on n’arrive jamais à destination.
Carine Roenen

Carine Roenenexecutive directorFonkoze Foundation

Il existe de nombreuses zones où il est aussi matériellement, mais aussi culturellement, inconcevable de se faire soigner. Les instituts de microfinance ont là un rôle social à jouer. Fonkoze répond à ces enjeux en Haïti, avec Boutik Santé, une initiative de formation aux dépistages et à l’éducation sanitaire. Et apporte un soutien complémentaire à ceux vivant dans des régions reculées. Des médecins et des experts en santé publique y forment des infirmières qui, à leur tour, forment les personnes ciblées par Fonkoze, parmi lesquelles des entrepreneurs en santé communautaire. Ces derniers sont désignés pour effectuer, dans leur Boutik Santé, des dépistages sanitaires de base, dispenser des séances d’éducation sanitaire et proposer des produits de santé et d’hygiène de proximité.


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La résilience des porteurs de projets

Carine Roenen, directrice de Fonkoze, a été particulièrement émue de recevoir ce prix et a rappelé que «le dispositif Boutik Santé est prêt depuis 2012, mais ce n’est que depuis 2014 que nous avons réellement pu commencer à être efficaces. Il a fallu persévérer, revoir et adapter notre stratégie à de nouveaux objectifs, encore plus depuis l’épidémie de Covid. Nous sommes fiers, et cela nous encourage, vraiment, à aller plus loin. Mais dans ce type de mission, on n’arrive jamais à destination.»

En vidéo et en direct, , ministre de la Coopération et de l’action humanitaire, et membre lui aussi du grand jury, a précisé: «Si les assureurs traditionnels sont réticents à étendre la couverture des soins de santé aux personnes dans le besoin, nous avons besoin de projets qui promeuvent des solutions innovantes pour améliorer l’accès aux services de santé. Les personnes financièrement exclues n’ont pas seulement besoin d’un meilleur accès aux soins de santé, mais aussi de la capacité de les payer!»

Les projets du gagnant et des finalistes 2021 peuvent être visionnés .